10 décembre 2021

Tribune du collectif AIR-SANTE-CLIMAT- Pour l’arrêt du développement du bois-énergie dans les villes polluées accompagné d’une levée de l’interdiction du gaz dans les logements neufs urbains

 Dans cette tribune, médecins, scientifiques et associations spécialisées dans la pollution de l’air demandent au gouvernement de permettre aux villes françaises de pouvoir continuer à installer des chaudières individuelles et collectives au gaz.

Nous reconnaissons l’urgente nécessité de lutter contre le réchauffement climatique mais, d’une part, – comme l’ont récemment souligné 500 experts du GIEC – l’usage intensif du bois ne permettra pas de limiter les émissions de gaz à effet de serre (GES) et augmentera même de 10% les émissions de GES dans les 10 prochaines années, mais surtout, cette lutte ne doit pas se faire au détriment de la qualité de l’air et de la santé des habitants.

Notre demande est particulièrement indispensable pour les nombreuses villes françaises qui ne respectent pas les normes européennes en termes de polluants toxiques pour la santé – tels que le dioxyde d’azote (NO2) et les particules fines. La France ayant été condamnée à plusieurs reprises par l’Union Européenne et par le conseil d’Etat, ces villes ont l’obligation légale de réviser rapidement leur plan de protection de l’atmosphère (PPA) qui devra être suffisamment ambitieux et efficace pour que ces villes ne soient plus hors la loi et pour permettre ainsi de sauver chaque année des milliers de vie. Nous faut-il encore rappeler que la pollution de l’air est responsable de presque 9 millions de décès chaque année, et qu’il s’agit d’une sous-estimation.

Or l’interdiction du gaz dans les logements individuels (2022) et collectifs (2025) prive ces métropoles d’une des sources d’énergie les moins émettrices de polluants toxiques tels que les particules fines et ultrafines, le dioxyde d’azote (NO2) ou les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP).

Pire encore, cette interdiction du gaz s’accompagne d’un encouragement et d’un soutien massif du gouvernement pour le développement du chauffage au bois individuel ou collectif, ainsi que pour l’installation de centrale biomasse au bois. Or, comme nous l’avons récemment rappelé [1], même si les installations au bois récentes polluent bien moins que les anciennes installations, le bois reste le combustible le plus émetteur de polluants toxiques, plus que le fuel et le charbon et surtout bien plus que le gaz.

Le bois est la source la plus émettrice de gaz cancérigènes (HAP, Composés organiques volatils tels que le benzène) et les particules issues de la combustion du bois figurent parmi les polluants les plus toxiques de par leur composition.

Nous demandons donc que les politiques climatiques et de lutte contre la pollution de l’air puissent être adaptées au contexte loco-régional de chaque territoire et métropole française. Ainsi nos nombreuses métropoles déjà au bord de l’asphyxie ne peuvent se permettre de voir se développer le bois-énergie et doivent se voir autoriser de poursuivre l’utilisation du gaz, tout en continuant à développer d’autres alternatives.

Le collectif Air Santé Climat

Docteur Thomas Bourdrel, Collectif Strasbourg Respire;
Professeur Isabella Annesi-Maesano,
Directrice de recherche INSERM, Professeur Université de Montpellier;
Docteur Gilles Dixsaut,
Comité Francilien contre les maladies respiratoires;
Docteur Pierre Souvet,
Association Santé Environnement France (ASEF);
Guillaume Muller,
association Val-de-Marne en Transition;
Docteur Mallory Guyon,
Collectif Environnement Santé 74.