12 octobre 2021

Tribune du collectif AIR-SANTE-CLIMAT- Contre-vérités d'une déclaration sur les camions roulant au gaz naturel liquéfié

Notre collectif AIR-SANTE-CLIMAT composé de médecins, de chercheurs et de responsables associatifs a pour objectif d’alerter sur l’impact de la pollution atmosphérique sur la santé et de proposer des solutions pour améliorer la qualité de l’air.  Notre combat est celui de la vérité scientifique.

Le collectif réagit aux déclarations de l’ONG « Transport & Environnement » qui dans un récent rapport conclut que les camions roulant au gaz naturel liquéfié (GNL) émettent plus de particules fines et ultrafines cancérigènes que les camions diesel. [1]

D’un point de vue médical cela est inexact, le caractère cancérigène des particules est lié à leur composition et principalement à la présence d’hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et de métaux lourds présents à la surface des particules fines et ultrafines. Cela a été particulièrement bien démontré pour les particules diesel, les particules liées à la combustion du bois, du charbon, de l’incinération. Ces hydrocarbures aromatiques polycycliques – en plus d’entrer dans la composition des particules fines- sont également émis sous forme de gaz cancérigènes par ces mêmes sources et notamment en ville par le parc diesel.


Or jusqu’à présent les études montrent que la combustion de gaz naturel n’émet pas ou très peu de ces HAP cancérigènes que ce soit sous forme de particule ou de gaz, RIEN ne permet donc scientifiquement et médicalement de dire que les particules émises par la combustion de gaz naturel sont cancérigènes.


De nombreuses études récentes publiées ont confirmées que les émissions gazeuses et particulaires issues de la combustion du gaz naturel étaient bien moins nocives, et notamment bien moins cancérigènes que les émissions diesel et essence, ainsi une étude parue dans la très sérieuse revue Environmental Pollution [2] démontre que les particules diesel et essence ont un effet cancérigène bien supérieur aux particules issues du gaz, notamment de par le fait que les particules issues de la combustion du gaz contiennent bien moins d’HAP. Une autre étude parue dans Atmospheric Environment conclut que le remplacement du diesel par du GNL réduit de 37 fois les émissions de particules cancérigènes . [3]


En plus de réduire la toxicité des particules, une étude rappelle également l’impact significatif sur la réduction du bruit, qui rappelons-le, est un facteur de risque cardiovasculaire reconnu. [4]


Concernant les impacts sur les gaz à effet de serre, tous les rapports démontrent un bénéfice réel du gaz comparativement au diesel, même si les fuites de méthane lors de l’extraction constituent effectivement un problème reconnu. 


Nous sommes en accord avec T&E sur l’urgence climatique qui exige de décarboner le transport routier via le développement de véhicules neutres en carbone, néanmoins, en termes de pollution atmosphérique le passage par le GNL peut permettre de réaliser une transition, peu couteuse et qui reste d’un point de vue sanitaire bien moins toxique que l’usage du diesel ou de l’essence.


Cette étude, comme les études précédentes, montre en outre que les camions GNL sur autoroute offrent de bien meilleures performances que les camions diesels en termes de niveau de pollution. Or, ces camions sont destinés à un usage exclusivement autoroutier pour lequel ils sont optimisés. Les tester en condition urbaine, où ils n’ont aucune raison d’aller n’a aucun sens.

Le collectif Air Santé Climat

Professeur Isabella Annesi-Maesano, Directrice de recherche INSERM  / Directrice d’équipe labellisée INSERM et Sorbonne Université EPAR ; 

Docteur Mallory Guyon, Collectif Environnement Santé 74 ;

Docteur Thomas Bourdrel, Collectif Strasbourg Respire

Docteur Gilles Dixsaut, Comité Francilien contre les maladies respiratoires

Docteur Pierre Souvet, Association Santé Environnement France (ASEF) ;

Guillaume Muller, association Val-de-Marne en Transition.