Tribune du collectif AIR-SANTE-CLIMAT- Les particules de combustion

Cette tribune a été adressée à Madame la Ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili ainsi qu’à Monsieur le Ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran.

Notre collectif AIR-SANTE-CLIMAT composé de médecins, de chercheurs et de responsables associatifs a pour objectif d’alerter sur l’impact de la pollution atmosphérique sur la santé et de proposer des solutions pour améliorer la qualité de l’air.  Notre combat est celui de la vérité scientifique.

 

Le Collectif national Air-Santé-Climat rappelle que les particules de combustion, notamment de la biomasse, sont les plus toxiques et appelle le Ministère de la transition écologique à ne plus encourager le développement  de la filière bois-énergie.

Médecins, scientifiques et associations du Collectif national Air-Santé-Climat et du Collectif Strasbourg Respire réagissent à l’étude parue dans Nature [1].

Cette étude confirme que toutes les particules n’ont pas la même toxicité et que les plus toxiques sont issues du parc automobile par le biais de la combustion, mais aussi de l’usure des freins et des pneumatiques, ainsi que de la combustion de biomasse, laquelle est essentiellement représentée par la combustion du bois.

Les médecins et chercheurs du Collectif Air – Santé – Climat avaient déjà alerté sur les dangers sanitaires de la combustion de biomasse et s’opposaient dans une tribune à la politique de l’ADEME qui encourage le chauffage individuel et collectif au bois ainsi que le recours à la production de chaleur par incinération. [2] 

Plus récemment, les Collectifs Strasbourg Respire et ARSMB – Association pour le Respect du Site du Mont Blanc – appelaient également à arrêter d’encourager le chauffage au bois, désastreux à la fois pour la santé mais aussi pour le climat [3] comme l’ont rappelé 800 chercheurs du GIEC dans une lettre adressée à l’Union européenne, confortée par une étude parue dans la revue Nature  [4].

Les effets sur la santé des particules fines sont essentiellement liés à un stress oxydatif touchant de nombreux organes, aux premiers rangs desquels les systèmes respiratoire et cardiovasculaire. Cette nouvelle étude rappelle une nouvelle fois que les particules émises par le trafic routier et par la combustion de biomasse ont un pouvoir oxydatif 3 fois supérieur aux autres sources de particules.

Nous appelons donc une nouvelle fois les pouvoirs publics à ne plus encourager le développement du chauffage individuel et des centrales collectives au bois et à accentuer la lutte contre les émissions du trafic routier.

Dans ce contexte, interdire le chauffage au gaz dans les logements neufs à compter de 2021, comme vient de l’annoncer le Gouvernement, et encourager le développement de la biomasse nous semblent contraires aux impératifs de diminution de la pollution de l’air pour préserver la santé publique [5].

Nous demandons ainsi : 

  • D’interdire le chauffage au bois si la distance est inférieure à 12 mètres d’une autre habitation sans dérogation de hauteur au dessus du faitage,
  • D’arrêter le développement des chaufferies collectives au bois notamment en zones urbaines,
  • De rendre obligatoire les entretiens réguliers de cheminées aux bois comme cela est le cas en Allemagne avec un contrôle des émissions dans les zones ou le chauffage au bois resterait autorisé,
  • De rendre éligible au dispositif « Fonds Air-Bois » le remplacement d’une installation de chauffage au bois par du solaire thermique, pompe à chaleur, électrique ou gaz naturel,
  • De créer un diagnostic technique de qualité de l’air extérieur obligatoire pour les logements, tels que ceux déjà en place pour le plomb et l’amiante.

Professeur Isabella Annesi-Maesano, Directrice de recherche INSERM  / Directrice d’équipe labellisée INSERM et Sorbonne Université EPAR ; 

Docteur Mallory Guyon, Collectif Environnement Santé 74 ;

Docteur Thomas Bourdrel, Collectif Strasbourg Respire

Docteur Gilles Dixsaut, Comité Francilien contre les maladies respiratoires

Docteur Pierre Souvet, Association Santé Environnement France (ASEF) ;

Docteur Jean-Baptiste Renard, Directeur de recherche LPC2E-CNRS

Guillaume Muller, association Val-de-Marne en Transition.