Les brèves de l'ASEF- 30 juillet 2021

Bonjour à toutes et à tous,

L’actualité santé-environnement : des perfluorés dans du rouge à lèvres, l’étude Esteban sur la surimprégnation des français en Cadmium et un capteur de pollution de l’air installé dans un cabinet médical, le « Module Air ».

Bonne lecture,

Prenez bien soin de vous et de vos proches, bel été!


Des perfluorés dans du rouge à lèvres

 

Le Collectif Inter Association pour la Santé Environnementale, dont l’ASEF fait partie, s’est mobilisé à l’occasion de la journée mondiale du rouge à lèvre. [1]

Suite à la parution de l’étude americano-canadienne parue dans Environmental Science & Technology Letters [2], qui a montré que plus de la moitié des 231 produits cosmétiques testés (fonds de teint, produits pour les yeux, mascaras, produits pour les lèvres) contenaient des composés perfluorés à fortes doses.

L’information du consommateur est une nouvelle fois défaillante. Seuls 8 % des 231 cosmétiques testés pour le fluor total contenaient des PFAS répertoriés comme ingrédient.

Ces substances chimiques sont utilisées dans l’industrie et ont la particularité notamment de repousser l’eau et le gras (« résistant » aux matières grasses) et les impuretés. On les retrouve dans les imperméabilisants des textiles, emballages alimentaires, revêtement antiadhésifs etc

Suivant leurs compositions, ils peuvent avoir une demie vie de plusieurs années et sont bioaccumulables (polluants organiques persistants). On les retrouve partout dans l’environnement et l’étude Esteban a montré que nous sommes imprégnés, adultes comme enfants à 100% par cette famille de composés.

La contamination se fait par l’alimentation, les poussières domestiques mais aussi par voie cutanée, par contact avec les textiles en contenant.

Ils sont suspectés d’être cancérigènes, perturbateurs endocriniens (troubles de reproduction, maladies thyroidiennes, immuno-toxiques…)

La déclaration de Madrid [3], signée par plus de 200 scientifiques du monde entier, exprime l’ensemble des mesures souhaitables dont l’essentielle est la réduction de l’utilisation et l’élimination des perfluorés.

Pierre Souvet, cardiologue, Président de l’ASEF

Etude Esteban : surimprégnation des français en Cadmium.

 

Sante Publique France (SPF) a communiqué début juillet les résultats de l’étude Esteban Métaux qui a mesuré l ‘imprégnation des français aux métaux. [4]

Cette étude a pu comparer les niveaux d’exposition de la population par rapport à une étude similaire sortie 10 ans auparavant.

Un des éléments majeurs est la surimprégnation des français en Cadmium, métal lourd classé cancérigène certain par le CIRC, toxique pour les reins et les os, mais aussi perturbateur endocrinien (action oestrogénique). En effet les taux ont augmenté depuis 10 ans et sont supérieurs à ceux des autres pays européens et d’Amérique du Nord.

La moitié de la population dépasse une valeur définie en 2017 par l’ANSES de cadmiurie admissible (qui ne tient toutefois pas compte des effets perturbateurs endocriniens et cocktails) 

SPF avance le rôle du tabac et de la consommation de coquillage. Evidemment, il ne faut pas fumer mais on ne fume pas plus qu’il y a 10 ans et nous ne sommes pas mis tous à dévorer des coquillages depuis la précédente étude. On y note que ceux qui mange des céréales sont plus exposés.

L’explication est ailleurs et particulièrement dans la présence de cadmium dans les engrais phosphatés.

Un rapport Ademe-Sogreah avait déjà constaté que les engrais phosphatés constituent un peu plus de la moitié des apports en cadmium au sol. Ce cadmium pénètre la plante (surtout céréales et légumes, et la contamine). L’agriculture conventionnelle en utilise beaucoup plus que dans le bio (quantité limitée pour le bio). La biodisponibité du cadmium dépend en outre de la quantité de matière organique présente dans le sol. Celle-ci étant en général plus élevée dans les cultures bio, la disponibilité est alors plus faible et inversement plus forte en agriculture conventionnelle [5].

Il faut donc réduire l’utilisation de ces engrais phosphatés et réduire leur teneur en cadmium. Or celle-ci dépend des gisements dont ils sont extraits (Maroc, Chine, Russie, Afrique du sud…). 

TENEURS LIMITES 

Mais quelles sont les teneurs limite de cadmium autorisé dans ces engrais ? Ils sont de 90mg Cd /kg. L’Europe en 2018 a décidé de passer ce taux à 60mg. Nous attendons toujours la promulgation du décret français pour l’appliquer !!!  

Mais cela suffira-t-il ? NON ! Car l’ANSES, en 2019, a publié un rapport indiquant que pour réduire efficacement cette surimprégnation il faudrait descendre à 20 mg Cd /kg. [6]

LA GEOPOLITIQUE S’EN MELE 

Les gisements de phosphates sont donc plus ou moins riches en cadmium. Au Maroc, partenaire privilégié de la France sur ces achats d’engrais, les gisements en sont riches comparativement à d’autres.

Il faudrait décontaminer le minerai de son cadmium après extraction ? C’est tout à fait possible. La conséquence serait une légère augmentation du prix (estimée de 5 à 10%) et nécessite évidemment désinvestissements locaux.

En attendant la population française est de plus en plus imprégnée par ce métal lourd très toxique, cancérigène. L’ANSES a donné la réponse corrective essentielle dès 2019 : réduire le taux de cadmium autorisé dans ces engrais.

Qu’attendons-nous ????

Lors des prochaines brèves nous parlerons de l’Arsenic !

Pierre Souvet, cardiologue, Président de l’ASEF

Le « Module Air » capteur de pollution de l’air installé dans un cabinet médical

 

L’agence de la qualité de l’air ATMOSUD  a mis à la disposition de l ‘ASEF un des premiers de leur module Air (mesure les PM 2.5 PM10 CO2) que nous avons choisi de placer dans le cabinet des Salyens à Vitrolles. Son but est de sensibiliser les professionnels de santé et leurs collaborateurs, les patients, à la qualité de l’air intérieur. Le coût de la qualité de l’air intérieur est estimé à plus de 20 000 décès par an et à plus de 20 milliards d’euros en France.

Ce cabinet faisant partie de la Communauté Professionnelle de Santé du secteur Est de l’étang de Berre, cette action sera diffusée à l’ensemble des acteurs médicaux et aura valeur d’exemplarité au sein de la communauté.

Nous remercions ATMOSUD pour sa confiance et les soutiens de ce projet. Nous analyserons par la suite les courbes de polluants.

AGENDA

 

Le 26 août, Dr Pierre Souvet interviendra lors de la 25ème université d’été des urbanistes, à Toulon, sur le thème « Le rapport à la Nature et au Vivant en Ville ».

EVENEMENT : Le 8 septembre, l’ASEF sera présente au congrès mondial de la nature, UICN. A cette occasion, nous vous communiquons ces projections-débats :

Le 7 septembre à 18h30, projection en avant-première du film documentaire « Êtres en transition : la biodiversité au cœur de l’action », suivie d’un débat, et d’un cocktail offert par le Conseil départemental des Bouches-du-Rhône aux archives et bibliothèque départementales des Bouches du Rhône à Marseille.

Pour vous inscrire : https://www.humanite-biodiversite.fr/collect/description/187462-b-projection-debat-etres-en-transition-la-biodiversite-en-action-du-07-09-2021

Le 10 septembre, de 15 à 18h00, nouvelle projection de ce film documentaire suivie d’un débat, grâce à l’université d’Aix-Marseille, à l’Université du Temps Libre.

Inscriptions : https://www.humanite-biodiversite.fr/collect/description/186944-b-projection-debat-etres-en-transition-la-biodiversite-en-action-le-10-09-2021

SOURCES

[1] http://www.reseau-environnement-sante.fr/cise-cp-pfas-rouge-a-levres/

[2] Fluorinated Compounds in North American Cosmetics, Heather D. Whitehead, Marta Venier, Yan Wu, et al., Environmental Science & Technology Letters 2021 8 (7), 538-544, DOI: 10.1021/acs.estlett.1c00240, https://pubs.acs.org/doi/abs/10.1021/acs.estlett.1c00240

[3]http://www.reseau-environnement-sante.fr/wp-content/uploads/2016/01/The-Madrid-Statement-on-Poly-and-Perfluoroalkyl-Substances.pdf

[4]https://www.santepubliquefrance.fr/presse/2021/exposition-aux-metaux-de-la-population-francaise-resultats-de-l-etude-esteban

 

[5] Human health implications of organic food and organic agriculture: a  comprehensive review • Grandjean et al., Environmental Health 2017 Suède,Danemark,Pologne ,Harvard,Unité de recherche nutrition (INSERM,INRA,PARIS 13,CNAM ) https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5658984/

[6] Anses 2019 Saisine n°2015-SA-0140 relatif à l’exposition au Cadmium  https://www.anses.fr/fr/system/files/VSR2015SA0140.pdf