Les brèves de l'ASEF du 20 décembre 2018

Bonjour à toutes et à tous,

Au menu de ces brèves : nous parlerons d’un problème de santé publique majeur : l’antibiorésistance. Et nous dirons un mot sur le vote d’une proposition de réglementation pour une transparence des études. Bonne lecture !

Les antibiotiques, ce n’est pas automatique!

En février 2018, l’EFSA (European Food Safety Authority), l’Autorité européenne de la sécurité des aliments, publiait un rapport [1] qui soulignait que des bactéries chez l’homme et l’animal présentaient toujours une résistance aux antimicrobiens constituant ainsi une menace pour la santé publique.

Il détectait ainsi des résistances:

Chez les animaux:

  • Escherichia-coli multirésistantes aux bêta-lactamines
  • Staphylocoques dorés résistants à la méticilline et au linazolide
  • Salmonelles et campylobacters multirésistants

Chez les humains

  • Une infection sur 4 à salmonelles présente une résistance à 3 antimicrobiens ou plus
  • Les bactéries campylobacters présentent une résistance élevée aux antibiotiques (ciproflaxine, tétracycline)

L’antibiorésistance semble donc devenue un problème émergent de plus en plus important. Ainsi une étude publiée le 7 novembre 2018 dans le Lancet Infectious disease [2] chiffre à 33000 le nombre de décès imputables à ces bactéries en  2015 dans l’Union Européenne.

Le mauvais usage des médicaments chez l’homme (prescriptions inappropriées, durée du traitement trop courte) et chez l’animal (utilisation préventive excessive en particulier dans l’élevage intensif, voir à visée de favoriser une prise de poids) ont accéléré l’apparition de résistances.

L’apparition de nouvelles biotechnologies utilisant la production de substances par des bactéries génétiquement modifiées semble pouvoir aussi poser problème.

Ainsi des bactéries génétiquement modifiées (une souche de Bacillus Subtilis), interdites, ont été retrouvées en grande quantité dans des pré-aliments pour animaux d’élevage dans plusieurs pays européens : 150 tonnes d’aliments pour animaux contaminés par cet OGM interdit, distribués dans toute l’Europe dont la France. C’est le mode de fabrication qui est pointé du doigt. En effet, la vitamine B2 est l’additif incriminé, produite à partir de cette souche de Bacillus Subtilis, une bactérie antibiorésistante dangereuse pour la santé humaine. Alors qu’un rapport de l’EFSA en mars 2018 indiquait que celle-ci représentait des « risques pour les consommateurs, les animaux, les utilisateurs et l’environnement « , les lobbys ont obtenu un délai de retrait du marché de ces produits : jusqu’avril 2019 pour les aliments pour animaux de ferme contenant cet additif, et même jusqu’en juillet 2019 pour « les matières premières des aliments pour animaux et les aliments composés pour animaux destinés à l’alimentation d’animaux non producteurs de denrées alimentaires qui contiennent l’additif ou les prémélanges fabriqués avant le 10 janvier 2019 ».

Une autre piste de l’origine de l’émergence d’antibiorésistance : la fabrication des antibiotiques. Savez-vous que 90% des antibiotiques sont fabriqués en Inde et en Chine ? Le problème ? Une partie des effluents finissent dans l’environnement où les concentrations de ces médicaments sont en effet des milliers de fois supérieurs à ce qui est retrouvé dans les effluents des hôpitaux ou urbains causant l’émergence de microbes résistants. Avec le risque que ces derniers se propagent mondialement en raison des échanges internationaux. Par exemple, dans la banlieue de la ville d’Hyderabad, en Inde, 150 industriels pharmaceutiques sont installés. Ils sont arrivés à partir de 1990 en raison des normes environnementales qui se durcissaient en Europe, alors qu’en Inde, les réglementations sont beaucoup moins strictes.

Pour conclure : un rapport de la revue AMR Review [3] (Antimicrobial resistance review) a mis en évidence une grave hausse de l’antibiorésistance : elle causerait d’ici 2050 10 millions de morts et représenterait un coût de 90 000 milliards d’euros.

Un autre rapport de Roca I et al. [4], traitant des discussions d’un colloque européen destiné à mobiliser toutes les parties prenantes de la société pour la lutte contre l’augmentation de l’antibiorésistance bactérienne, plaide pour une harmonisation des référentiels européens et américains pour tester la sensibilité des antibiotiques. Ils appellent également à une relance des programmes de recherche délaissés dans les Pays de Nord pour des raisons économiques.

Oui à une transparence des études

Finissons par une bonne nouvelle : conséquence de l’initiative citoyenne « Stop glyphosate » lancée début 2017 par plusieurs ONG,  les eurodéputés ont adopté le 11 décembre, une proposition de règlement visant à rendre plus transparente l’évaluation des pesticides et des plantes transgéniques avant leur autorisation de mise sur le marché. L’EFSA devra publier toutes les informations fournies par les industriels et devra, en parallèle, constituer un registre exhaustif des études règlementaires.

Avant de clore ces brèves, nous vous rappelons que l’ASEF soutient l’Appel des Coquelicots qui demande l’interdiction de tous les pesticides de synthèse.

Nous vous invitons à signer et à diffuser l’appel autour de vous : https://nousvoulonsdescoquelicots.org/l-appel/

Les professionnels de santé êtes invités à diffuser dans vos cabinets cet appel à l’aide de nouveaux outils pensés pour vous. Vous pourrez les télécharger  ICI

Petit point agenda :

Nous vous invitons à vous inscrire au congrès « la médecine libérale en congrès », organisé par l’URPS ML PACA,  les 18 et 19 janvier 2019 au Palais du Pharo à Marseille dans lequel l’ASEF organisera des ateliers sur les perturbateurs endocriniens. Les inscriptions et le programme sont disponibles ICI

L’ASEF sera présente au premier salon-conférences dédié à la prévention en santé organisé par SPP Santé, à Bordeaux, les 31 janvier et 01 février 2019. Dr Cotinat, gastro-entérologue et Dr Souvet y interviendront. Le programme et les inscriptions sont disponibles ICI

Nous vous donnons rendez-vous le 10 janvier 2019 pour les prochaines brèves, 

Passez d’excellentes fêtes de fin d’année,

Le Club des 10 de l’ASEF

SOURCES

[1] Rapport en ligne, “The European Union summary report on antimicrobial resistance in zoonotic and indicator bacteria from humans, animals and food in 2016”,  European Food Safety Authority and European Centre for Disease Prevention and Control, 27 février 2018, http://www.efsa.europa.eu/fr/efsajournal/pub/5182

[2] Rapport en ligne, “Public health burden of antimicrobial resistance in Europe”, Evelina Tacconelli, Maria Diletta Pezzani, The Lancet Infectious Diseases, 5 novembre 2018, https://www.thelancet.com/journals/laninf/article/PIIS1473-3099(18)30648-0/fulltext

[3] Rapport en ligne, “Antimicrobial Resistance:Tackling a crisis for the health and wealth of nations”, AMR Review, Décembre 2014,

https://amr-review.org/sites/default/files/AMR%20Review%20Paper%20-%20Tackling%20a%20crisis%20for%20the%20health%20and%20wealth%20of%20nations_1.pdf

[4] Roca I, Akova M, Baquero F, et al. « The global threat of antimicrobial resistance: science for intervention”, New Microbe and New Infect 2015; 6:22-9. doi: 10.1016/j.nmni.2015.02.0007