Les brèves de l'ASEF - 29 avril 2022

Bonjour à toutes et à tous,

Au menu de ces brèves, Dr Lefèvre reviendra sur l’étude qui a mis en évidence des microplastiques dans le sang humain. Dr Souvet nous parlera de la commission européenne qui a publié sa feuille de route pour éliminer les substances les plus dangereuses pour la santé et l’environnement ; et de la santé mentale liée à la qualité de notre logement.

Bonne lecture!

Prenez bien soin de vous et de vos proches.

 

 Découverte de microplastiques dans le sang

 

Le 24 mars 2022, la revue Environnment International a publié un article d’une équipe hollandaise : « Mise en évidence et quantification de particules de plastique dans le sang » [1]. Il est à noter que des particules ont été détectées chez 21/22 volontaires en bonne santé, l’étude se limitant aux particules supérieures à 70nm et inférieures à 0.5mm. Leur quantification a été possible chez 17 d’entre eux, leur concentration moyenne y atteignant 1.6 microgramme/ml.

Il s’agissait essentiellement de Polyéthylène Téréphtalate (PET), Polyéthylène (PE), Polypropylène (PP), polymères de Styrène (PS). La majorité des particules mesurait 10 à 50 micromètres.

On peut considérer que ce niveau de concentration mesuré dans le sang reflète celui présent dans tout le système sanguin y compris la microvascularisation ce qui soulève le problème de l’impact de ces particules sur celle-ci et la circulation capillaire.

Le plus probable est que ces microplastiques aient pénétré dans l’organisme via les muqueuses digestives et respiratoires.

Ces résultats soulèvent énormément de questions : Comment et dans quelles proportions ces résidus sont-ils éliminés, dans les urines, dans la bile ? Dans quelles proportions et où peuvent ils s’accumuler ? Peuvent-ils passer la barrière hémato-encéphalique ? Et qu’en est-il pour les microplastiques inférieurs à 700 nanomètres et les nanoplastiques de diamètre entre 1 et 100 nanomètres ?

Entre 1950 et 2015, environ 6.5 milliards de tonnes de déchets plastiques ont été générés dans le monde, ce nombre devant atteindre 26 milliards en 2050. Ces microplastiques sont retrouvés dans tout l’environnement, eau, sols, air y compris dans la troposphère comme l’ont montré des mesures au Pic du Midi à 2877m d’altitude ou sur des sommets des Alpes. Ils sont donc ingérés ou respirés par des organismes vivants y compris les humains. On estime que les consommateurs européens de coquillages ingèrent 11.000 espèces de microplastiques chaque année (Environ Pollution 2014). Des microplastiques ont été détectés dans l’eau de boisson, le sel, le miel, le sucre (Environ Science Technology 2017). Chez 6 femmes consentantes, à l’issue de leur grossesse normale, dans 4 placentas ont été retrouvés des fragments de microplastiques, 12 au total. (Environ International 2020). Enfin une étude sur du tissus pulmonaire, prélevés sur des patients opérés d’un hôpital anglais ont montré des microplastiques dans 11 des 13 échantillons (Science of Total Environnement 2022).

Ces études montrent donc que l’exposition à ces microplastiques des organismes vivants et en particulier des humains se révèle un problème de grande ampleur, nécessitant des études poussées, notre santé pouvant être atteinte (Environ Health and Prev Medicine 2020).

Plusieurs mécanismes sont invoqués :

  • Une inflammation hépatique, des troubles du microbiote intestinal ont été retrouvés chez la souris, secondaire à l’ingestion de microplastiques.
  • L’effet des adsorbants retenus à la surface des microplastiques, en particulier des substances organiques hydrophobes (les PCB, PFC fluoré, les Bisphénols, les Phtalates, tous perturbateurs endocriniens) et les métaux lourds, provenant à la fois de l’eau ou des sols. Les substances adsorbées pouvant de plus avoir un effet cumulatif (effet cocktail).
  • S’y ajoute l’impact des additifs qui peuvent être relargués lors de la dégradation des microplastiques dans le tube digestif ou l’organisme, entrainant aussi des effets toxiques et/ou perturbateurs endocriniens.
  • Tout cela dans un contexte d’exposition chronique, quotidienne, au long cours.

Il semble donc indispensable d’une part d’approfondir et de préciser les effets sur la santé de cette pollution par micro et nanoplastiques qui ne fait que croitre et de développer dès maintenant les recherches sur le remplacement de ces substances par d’autres matières biodégradables ou sur la facilitation de leur destruction complète par des moyens à découvrir.

Dr Jean Lefèvre, cardiologue et porte-parole de l’ASEF.

 Commission européenne : stratégie zéro pollution du pacte vert européen : « garantir un environnement sans substances toxiques »

 

 

La commission européenne a publié le 25 avril 2022 sa feuille de route pour éliminer les substances les plus dangereuses pour la santé et l’environnement présentes dans les produits de grande consommation d’ici à 2030.

Les restrictions actuelles concernent surtout les substances suspectées CMR (1 775 sont référencées) et s’applique essentiellement aux jouets et aux cosmétiques.

Les perturbateurs endocriniens potentiels, phtalates, bisphénols, PVC, composés perfluorés, parabens, éthers de glycol, retardateurs de flamme bromés… sont concernés soit près de 12 000 substances en lien avec les maladies chroniques, obésité, diabète, cancers, troubles de fertilité, troubles du neurodéveloppement notamment.

Les polluants qui persistent dans l’environnement sont en première ligne comme les perfluorés et les retardateurs de flamme bromés. Pour rappel, nous sommes tous contaminés quotidiennement comme le rappelle l’étude Esteban de SPF.

Cette interdiction pourra être plus rapide par la révision du règlement Reach d’ici 2027 qui proposera une approche générique. On pourra donc interdire un groupe de substances et non au cas par cas. Sachant qu’il y a plus de 200 000 substances chimiques utilisées, on saisit l’avancée que cela peut représenter. Depuis l’entrée en vigueur de Reach, seules 15 substances ont été interdites depuis 2007. Cette nouvelle approche pourrait aboutir à l’interdiction de près de 7000 substances d’ici 2030.

Bémol : des dérogations seront possibles en cas d’usage jugé « essentiel ».

D’ores et déjà servez-vous de notre guide ASEF URPS ML ARS « Comment protéger ses patients de la contamination chimique et des perturbateurs endocriniens » téléchargeables gratuitement comme outil de prévention.

 

Pierre Souvet, cardiologue et président de l’ASEF

Notre santé mentale dépendante de la qualité du logement

 

Un article paru dans Scientific reports [2] a étudié  la relation entre les conditions de logement et la santé mentale (solitude, anxiété, satisfaction de vivre) des populations dans les pays européens pendant la pandémie de covid. Les données d’enquête recueillies au printemps 2020 auprès de 69 136 personnes de quatre cohortes du Danemark, de France et du Royaume-Uni ont été analysées. Les conditions de logement étudiées comprenaient la densité, la composition et le surpeuplement des ménages, l’accès aux installations extérieures, le type de logement et l’urbanité.

Résultats: Vivre dans des ménages surpeuplés, vivre seul ou ne pas avoir accès à des installations extérieures peut être particulièrement important pour contribuer à une mauvaise santé mentale pendant un confinement. S’attaquer aux problèmes liés aux conditions de logement au sein de la société aura probablement des effets positifs sur la réduction des inégalités sociales, ainsi que sur l’amélioration de la préparation aux futures pandémies.

Pierre Souvet, cardiologue et président de l’ASEF.

L'ASEF, le Collectif "Je suis Infirmière Puéricultrice" et "Calinesence" vous informent sur l'usage du téléphone portable auprès des bébés à naître, nés ou hospitalisés

  • Affiche usage du téléphone ASEF CJSIP Calinescence

  • Flyer usage du téléphone ASEF CJSIP Calinescence

L’ASEF, le CJSIP et CALINESCENCE se sont associés pour mettre à votre disposition affiche et flyers sur l’usage des téléphones portables au sein de vos unités de Néonatologie, Pédiatrie et Maternité.

Disponibles au format PNG pour impression.

Pour tout renseignement, vous pouvez contacter Nastassja : nastassja@asef-asso.fr

Appel aux soignants

Professionnels de santé, allions-nous pour la santé planétaire !

 

Le deuxième rapport du GIEC sorti le 28 février est sans équivoque : l’intensité et la rapidité du changement climatique est plus important et plus rapide que prévu.

Parce que l’urgence écologique est une urgence sanitaire mondiale

Parce que notre système de santé est, depuis des années, sévèrement fragilisé

Devant ces enjeux immenses qui dépassent nos volontés, nos rôles habituels en tant que soignants et notre pays, combattons le sentiment d’impuissance !

Pour faire connaître les solutions existantes et influencer le cours des évènements, devenons des gardien.ne.s et défenseur.se.s de la santé planétaire !

PARTAGEZ ET SIGNEZ L’APPEL

Et vous, vous en êtes où ? Formation Information Sensibilisation des professionnels et acteurs de santé à la santé environnement – Quelles attentes & quels besoins?

@iStock

Face aux enjeux actuels dans le champ de la santé environnement, nous avons souhaité réaliser, grâce à l’engagement du Dr Alice Baras, un état des lieux sur le degré de sensibilisation et l’éventuel besoin de formation des professionnels de santé en France sur ces sujets.

Nous vous remercions par avance pour le temps que vous nous offrez en répondant à cette enquête.

Temps de réponse < 5 minutes
Réponses collectées jusqu’au 01/06/2022 – Les résultats de cette enquête seront publiés, l’objectif étant d’ajuster et de favoriser l’accès à l’information et à la formation aux enjeux en santé environnement si besoin.
L’Association Santé Environnement France travaille au quotidien pour développer la sensibilisation et les actions de terrain en faveur de la promotion de la santé environnementale.Et pour aller encore plus loin, on compte sur vous pour la partager dans vos réseaux privés, professionnels ou encore associatifs. Merci de nous aider à diffuser largement cette enquête !
Besoins d’infos concernant cette enquête? Contactez: 
alice@asef-asso.fr

AGENDA

 

 

EVENEMENT Le 3 mai à 20h30 avant-première « la fabrique des pandémies » en présence de la réalisatrice Marie-Monique Robin, au cinéma l’Alhambra à Marseille

 

Nous relayons l’invitation de l’URPS Médecin Libéral en Bourgogne Franche-Comté qui organise le samedi 14 mai 2022 au Palais des Congrès de Beaune, une journée dédiée à la thématique « santé environnement » intitulée « Pesticides – Perturbateurs endocriniens : une responsabilité pour tous les professionnels de santé ». INSCRIPTIONS

 

Le 10 mai, Pierre Souvet interviendra lors d’une journée multi-acteurs « La nature en ville, un atout santé pour tous? » organisée par l’AVITEM (Agence des villes et territoires méditerranéens durables) dans le cadre du projet RECETAS (Re-imagining Environments for Connection and Engagement: Testing Actions for Social Prescribing in Natural Spaces)   sur le sujet de la biodiversité, à Marseille. INSCRIPTIONS

L’ASEF participera aux différentes réunions du PNSE4 : 

  • Le 17 mai, groupe de travail formation
  • Le 19 mai, groupe de travail réduction risques PNSE4
  • Le 31 mai, groupe de recherches

Les 20 et 21 mai, les Drs Souvet et Bourdrel interviendront lors des journées DPC FMC action sur la santé environnementale. INSCRIPTIONS 

Le 20 mai, Anthony Delcambre, médecin et membre de l’ASEF et de l’Alliance Santé Planétaire, représentera l’ASEF à la Journée d’étude : Analyses spatiales en santé-environnement à Lille organisée par l’équipe SIGLES (Systèmes d’Information Géographique et Liens Environnement-Santé).

Le 24 mai 2022 à Marseille, la CAMIEG a invité l’ASEF à participer à leur nouvelle conférence sur la santé environnementale.

Le 24 mai, l’ASEF interviendra sur le sujet de la biodiversité à Vitrolles.

Le 24 mai, Didier Cugy, médecin et élu à la santé à la mairie de Bordeaux, représentera l’ASEF au séminaire de restitution sur le volet juridique du projet ‘une loi pour une seule santé ».

Le 30 mai, intervention de Pierre Souvet sur les perturbateurs endocriniens pour la CPTS Mouans-Sartoux.

SOURCES

[1] Heather A. Leslie, Martin J.M. van Velzen, Sicco H. Brandsma et al., “Discovery and quantification of plastic particle pollution in human blood”, Environment International, Volume 163, 2022, 107199,

ISSN 0160-4120,

https://doi.org/10.1016/j.envint.2022.107199

https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0160412022001258 

[2] Keller A, Groot J, Matta J et al., Housing environment and mental health of Europeans during the COVID-19 pandemic: a cross-country comparison. Sci Rep. 2022 Apr 4;12(1):5612. doi: 10.1038/s41598-022-09316-4. PMID: 35379838; PMCID: PMC8978496. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35379838/