Les brèves de l'ASEF - 15 avril 2022

Bonjour à toutes et à tous,

Au menu de ces brèves, Dr Lanord, vétérinaire, parlera de l’exposition humaine et environnementale liée aux anti-parasitaires externes ; Dr Périnaud reviendra sur un rapport de deux associations sur les pesticides perturbateurs endocriniens ; Des outils proposés sur l’usage du téléphone portable auprès des bébés à naître, nés ou hospitalisés.

Bonne lecture!

Prenez bien soin de vous et de vos proches.

 

 Anti-parasitaires externes : exposition humaine et environnementale aux pesticides.
A quand un plan Eco-phyto chez les Vétos ?


 

Pour la santé environnementale, les vétérinaires s’engagent.

Nous avons interrogé Dr Lanord, vétérinaire, membre d’Ecovéto, une association de vétérinaires « au service de l’écologie ».

 

Les molécules employées pour prévenir les infestations de puces et de tiques chez les carnivores domestiques (chien/chat), commencent à attirer l’attention.  Le PNSE 4 demande aux vétérinaires d’informer les propriétaires d’animaux sur l’utilisation des produits biocides. De plus en plus d’études montrent en effet l’importance de l’exposition des propriétaires d’animaux aux pesticides. C’est le cas de l’Etude PestiHome ou de l’etude ESTEBAN qui citent l’utilisation d’antiparasitaires sur les animaux domestiques comme facteurs influençant les niveaux d’imprégnation aux pyréthrinoïdes. Parmi l’éventail des molécules utilisées par voie externe chez les chiens et les chats, les pyréthrinoïdes sont les seuls à être surveillés dans ces études, mais il en existe bien d’autres pour lesquelles les conséquences sur l’homme ne sont que très peu documentées. Pourtant les tendances sont à la multiplication des molécules et ces études sont encore très confidentielles dans le milieu vétérinaire.

C’est pour les chats que les comportements semblent les plus à risque du fait de l’utilisation massive de spot-on (pipette) alors que se développe chez les chiens de nouvelles molécules sous forme de comprimés principalement. Dans les 2 cas, l’impact environnemental de ces molécules (en particulier pour les organismes aquatiques et les insectes coprophages) est très peu pris en considération alors que des mesures dans des rivières anglaises et californiennes montrent une contamination des eaux de surface et incriminent ces applications externes d’antiparasitaires (98,6% des prélèvements fipronil dépassaient les seuils de recommandation en Angleterre, 66% pour la permethrine). La contamination environnementale se faisant bien évidemment lors du lavage ou des baignades du chiens mais aussi par transfert indirect non négligeable via le nettoyage des surfaces intérieures, la douche humaine et le lavage des mains, le lavage des matériaux qui sont entrés en contact avec l’animal (c.-à-d. La literie pour animaux de compagnie, les vêtements des humains). Pour les comprimés, il est spécifié dans d’autres espèces que les molécules utilisées ne doivent pas entrer dans les cours d’eau. On se demande comment cette recommandation pourrait être appliquée dans le cas des excréments de chiens sauf en recommandant un ramassage systémique, même dans les jardins, ce qui pour l’instant n’est pas préconisé.

Ces transferts indirects montrent une contamination de l’habitat qui n’est sans doute pas sans risque pour les propriétaires et en particulier les enfants qui y sont donc quotidiennement exposés. Dans son rapport sur l’exposition au fipronil, l’AFSSA explique que « pour [les médicaments vétérinaires], c’est pour l’enfant en bas âge que les marges de sécurité sont les plus faibles ». Une étude de 2002 montrait une persistance de 9 mois de la molécule de fipronil dans l’habitat après l’application d’une pipette de fipronil.

Cette prescription-délivrance est pourtant un acte devenu incontournable du bilan de santé annuel des chiens et des chats. Alors que l’on peut concevoir que d’inspecter un Terre-Neuve de 60kg pour vérifier l’absence de tique pouvant lui transmettre la piroplasmose n’est pas chose aisée, il n’en est pas de même pour un petit chien à poils courts. Pourtant, l’un comme l’autre ont de très grande chance d’être traité en systématique pour exclure tout risque possible. On rappellera que la vente d’antiparasitaire représente environ 12% du chiffre d’affaire des médicaments vétérinaires. Ne faut-il pas se questionner sur la prescription systémique de ce genre de molécule ? Dans une société où les enjeux environnementaux et l’exposition aux polluants sont un problème de santé publique et d’érosion de la biodiversité, le prescripteur d’anti-parasitaire externe (APE) doit se questionner sur la réelle balance bénéfice-risque en considérant la santé humaine et la santé planétaire. Il faut également rappeler que certaines de ces molécules sont en vente libre en animalerie et en parapharmacie.

 

EcoVéto propose de :

  • Permettre une meilleure connaissance de ces molécules insecticides, leur mode d’action, leurs impacts et leurs dangers avérés ou potentiels lors la formation initiale des vétérinaires et des pharmaciens ainsi qu’une actualisation des connaissances lors de la formation continue.
  • Limiter la vente de ces molécules aux professionnels du secteurs : vétérinaires et pharmaciens.
  • Informer les clients en leur mettant à disposition des guides de bonnes pratiques pour sensibiliser à l’impact environnemental et humain de ces molécules. Ces guides devront également être mis à disposition dans tous les points de vente de ces molécules et dans des cabinets de médecine.
  • Partager régulièrement ces connaissances entre disciplines : vétérinaires, pharmaciens et médecins.
  • Adapter la prescription à l’animal, à son mode de vie, son environnement et à la motivation des propriétaires à l’inspection régulière de leur animal plutôt que de traiter systématiquement, si cela est possible et non dangereux pour l’animal.
  • Adapter la galénique à l’environnement humain (présence d’enfants ou de femmes enceintes) et son mode de vie (partage de literie avec le propriétaire, bain fréquent, toilettage, …) avant de choisir de prescrire une molécule.
  • Réaliser des études quant à l’efficacité de molécules naturelles, pour l’instant laissées de côté.

Bonnes pratiques :

  • Formes galéniques, privilégier les APE en comprimés si :
    • jeune enfant
    • femme enceinte
    • chien qui se baigne ou lavé souvent
    • chien/chat partageant la literie
  • Précautions d’usage pour les comprimés :
    • Se laver les mains après l’administration
    • Ramasser les selles, les 15 premiers jours (poubelle) y compris dans le jardin ou en balade à la campagne comme en forêt
  • Précautions d’usage pour les applications externes (spray, pipettes, colliers)
    • Traiter le soir ou avant la promenade
    • Attendre que la zone soit sèche et invisible avant de caresser l’animal (pipette)
    • Se laver les mains après administration ou porter des gants (Gant impératif pour certains produits)
    • Interdire le bain ou la baignade ainsi que les jeux avec les enfants durant les 2 jours suivant l’application
    • Limiter les baignades et les bains (maxi 1/semaine – interdit pour certains produits)
    • Eviter le contact prolongé avec l’animal traité (surtout ne pas dormir avec)
  • Dans tous les cas :
    • Faire éliminer les emballages vides par filière adaptée (ex: MNU Vet)
    • Choisir le produit avec le moins de composant possible (éviter les cocktails)
    • Se faire accompagner par un professionnel de santé vétérinaire (vétérinaire ou pharmacien)
  • Pour le prescripteur ou le vendeur (vétérinaire, pharmacie, animalerie, parapharmacie) :
  • Lire les RCP de chaque nouveau produit
  • Imprimer automatiquement les précautions sur l’ordonnance ou fournir un guide de bonnes pratiques
  • Communication dans les cliniques ou les lieux de vente : ce ne sont pas des molécules anodines !

Dr Lanord Floriane, vétérinaire.

 Pesticides Perturbateurs endocriniens : Il faut agir !

L’association Alerte des médecins sur les pesticides (AMLP) et Générations Futures ont publié fin mars un nouveau rapport[1] exclusif qui démontre que des pesticides perturbateurs endocriniens sont encore sur le marché parce que non (mal) évalués !

Contexte

La Commission européenne a adopté des critères d’identification des perturbateurs endocriniens pour les substances actives biocides et pour les pesticides. Ces textes s’appliquent depuis 2018 et sont sensés permettre l’exclusion du marché des substances pouvant avoir des effets de perturbation du système endocrinien. Problème : les critères d’évaluation adoptés en 2017 par l’UE après 9 années d’attente exigent un niveau de preuve très élevé ne retenant que les perturbateurs endocriniens « connus » et « présumés ». Il n’existe pas de catégorie identifiant les perturbateurs « suspectés », contrairement aux Cancérogènes Mutagènes et Reprotoxiques (CMR). C’est à dire ceux pour lesquels toutes les preuves ne sont pas réunies. Mais ces preuves ont-elles été recherchées ? Et avec quels tests?

Le rapport

Les associations Alerte des Médecins sur les Pesticides (AMLP) et Générations Futures ont voulu vérifier ce que l’adoption de ces critères avait changé en pratique. Elles ont pris pour exemple 13 substances actives[2] dont les autorisations arrivaient à terme en 2021.

Pourquoi ces substances ? Parce que l’EFSA (Autorité européenne de sécurité de l’alimentation, chargée de l’homologation des substances) les avaient repérées comme perturbant l’axe thyroïdien dans une étude de 2013. Et qu’elles sont retrouvées dans l’alimentation des français si l’on en croit les travaux de l’Anses (EAT2 et EATi). L’agence européenne avait donc repéré ces substances 5 ans avant l’adoption du règlement sur les PE.

Résultat ?

Les substances étudiées (Cyprodinil, Fenbuconazole, Mepanipyrim, Pyrimethanil, Ziram, Spinosad, Cyproconazole, Myclobutanil, Diethofencarb, Fenoxycarb, Boscalid, Folpel, Metribuzin) ont TOUTES un effet sur l’axe thyroïdien. La plupart ont un mécanisme d’action pouvant perturber le système endocrinien, mais celui-ci est systématiquement écarté, et aucun test validé n’est disponible pour le prouver !

  • Les RAR (dossiers d’évaluation) souvent obsolètes.
  • La revue de la littérature internationale n’est jamais réalisée de manière exhaustive.
  • Les dosages hormonaux sont l’exception (un dossier sur deux seulement).
  • Les tests OCDE ne sont pas conçus pour mettre en évidence des effets de perturbation endocrinienne (effets à faible dose et relations dose-réponse non-monotones qui caractérisent la perturbation hormonale).
  • Un seul RAR comprend une étude portant sur le neurodéveloppement (non conforme à la dernière TestGuidelines).
  • Les périodes de susceptibilité, comme la gestation par exemple, ne sont pas prises en compte.

Conclusion : Notre analyse des rapports d’évaluation disponibles concernant ces 13 substances, conduit nos associations à faire le constat que trois ans après l’adoption des critères d’identification des PE (avec 8 ans de retard sur le calendrier européen) les autorités en charge de l’évaluation attendent toujours les données nécessaires à leur mise en œuvre (de la part des industriels) et les tests validés permettant la mise en évidence de mécanismes caractéristiques de la perturbation endocrinienne.

Les demandes des associations:

Fortes de ces constats nos associations demandent :

  • L’adoption d’une catégorie de PE suspectés : En effet, une vision réaliste des données disponibles s’impose. Le classement en PE thyroïdien selon le règlement 2018/605 exige une qualité de données qu’aucun des dossiers que nous avons examinés ne contient.
  • La fin de l’extension « automatique » des homologations sous prétexte de données scientifiques manquantes pour l’évaluation PE.
  • La transparence des données disponibles de l’EFSA

« Cette situation, qui laisse sur le marché des substances dont les effets potentiels portent en particulier sur les troubles du neurodéveloppement dus à la contamination pendant la grossesse, n’est pas acceptable d’un point de vue sanitaire. » déclare Dr. PM Périnaud, Président de l’AMLP.

[1]Disponible en ligne ici : https://shaketonpolitique.org/wp-content/uploads/sites/25/2021/04/version-finale-rapport-pe-thyroide-vol2.pdf

[2] Cyprodinil, Fenbuconazole, Mepanipyrim, Pyrimethanil, Ziram, Spinosad, Cyproconazole, Myclobutanil, Diethofencarb, Fenoxycarb, Boscalid, Folpel, Metribuzin

L'ASEF, le Collectif "Je suis Infirmière Puéricultrice" et "Calinesence" vous informent sur l'usage du téléphone portable auprès des bébés à naître, nés ou hospitalisés

  • Affiche usage du téléphone ASEF CJSIP Calinescence

  • Flyer usage du téléphone ASEF CJSIP Calinescence

L’ASEF, le CJSIP et CALINESCENCE se sont associés pour mettre à votre disposition affiche et flyers sur l’usage des téléphones portables au sein de vos unités de Néonatologie, Pédiatrie et Maternité.

Disponibles au format PNG pour impression.

Pour tout renseignement, vous pouvez contacter Nastassja : nastassja@asef-asso.fr

Appel aux soignants

Professionnels de santé, allions-nous pour la santé planétaire !

 

Le deuxième rapport du GIEC sorti le 28 février est sans équivoque : l’intensité et la rapidité du changement climatique est plus important et plus rapide que prévu.

Parce que l’urgence écologique est une urgence sanitaire mondiale

Parce que notre système de santé est, depuis des années, sévèrement fragilisé

Devant ces enjeux immenses qui dépassent nos volontés, nos rôles habituels en tant que soignants et notre pays, combattons le sentiment d’impuissance !

Pour faire connaître les solutions existantes et influencer le cours des évènements, devenons des gardien.ne.s et défenseur.se.s de la santé planétaire !

PARTAGEZ ET SIGNEZ L’APPEL

Et vous, vous en êtes où ? Formation Information Sensibilisation des professionnels et acteurs de santé à la santé environnement – Quelles attentes & quels besoins?

@iStock

Face aux enjeux actuels dans le champ de la santé environnement, nous avons souhaité réaliser, grâce à l’engagement du Dr Alice Baras, un état des lieux sur le degré de sensibilisation et l’éventuel besoin de formation des professionnels de santé en France sur ces sujets.

Nous vous remercions par avance pour le temps que vous nous offrez en répondant à cette enquête.

Temps de réponse < 5 minutes
Réponses collectées jusqu’au 01/05/2022 – Les résultats de cette enquête seront publiés, l’objectif étant d’ajuster et de favoriser l’accès à l’information et à la formation aux enjeux en santé environnement si besoin.
L’Association Santé Environnement France travaille au quotidien pour développer la sensibilisation et les actions de terrain en faveur de la promotion de la santé environnementale.Et pour aller encore plus loin, on compte sur vous pour la partager dans vos réseaux privés, professionnels ou encore associatifs. Merci de nous aider à diffuser largement cette enquête !
Besoins d’infos concernant cette enquête? Contactez: 
alice@asef-asso.fr

AGENDA

 

Le 14 avril, l’ASEF interviendra lors de la table ronde sur les ondes électromagnétiques lors du webinaire « Grandir dans un environnement sain » organisée par le réseau périnat Ile de France Sud.

Le 15 avril, présentation par l’ASEF des enjeux santé environnement au comité d’orientation du certificat environnement -santé de l’école des Mines à Paris.