Les brèves de l'ASEF - 27 août 2023

Bonjour à toutes et à tous,

Au menu de ces brèves :

-Bref retour sur nos dernières actions ;

Invitation « L’influence du vert et du bleu en santé » ;
 – «Santé publique et politique n’évoluent pas toujours dans le même sens» ;
– Flash bonne nouvelle ;
– Lien pollution de l’air et glaucome ;
– Lien pollution aux PM2.5 et antibiorésistance.

Bonne lecture,
Belle fin d’été et prenez bien soin de vous et de vos proches.

 

Retour sur nos dernières activités

 

L’été a été calme:

Le 26 juillet, intervention de Pierre Souvet et Alain Collomb à Radio Galère (Marseille) pour parler de l’association et de ses projets.

Du 23 au 26 août, Présence de l’ASEF au Village Santé du « Monde des Possibles » au Delta Festival à Marseille. Agora environnement le 26 août. Un grand merci à toute l’équipe de Delta de nous avoir permis de sensibiliser le jeune public mais aussi de pouvoir rencontrer d’autres associations et entrepreneurs.

« L’influence du vert et du bleu en santé »

 

Med’aide INTER URPS, en partenariat avec l’ASEF, souhaite soutenir l’intégration de la démarche éco responsable au sein des cabinets médicaux et para médicaux en l’abordant notamment par l’avantage qu’elle présente en termes de qualité de vie au travail pour le soignant.
Un cycle de 5 visio conférences réservées aux professionnels de santé libéraux de PACA est proposé afin que vous puissiez :
• Vous approprier les enjeux et les solutions en lien avec l’intégration d’une démarche éco responsable au sein du cabinet de santé,
• Adopter l’approche en co-bénéfices de la démarche éco responsable « gagnant gagnant » en termes de santé environnement.

Deux visioconférences ont déjà eu lieu. La prochaine se tiendra le 28 septembre 2023 (information à suivre).

Vous êtes invité (e) à la journée écoresponsable au cabinet qui a pour thème: « L’influence du vert et du bleu en santé » le samedi 14 octobre 2023 de 9h à 16h30 (Inscription ci-dessous)  l’Espace Duby à Eguilles (13).

 

Pré-programme>>

Inscriptions>>

Rester vigilant, un impératif ! la santé publique et la politique n’évoluent pas toujours dans le même sens

 

Les derniers jours de juin 2023, on apprenait par la presse (Le Monde le 27/06), que chez la totalité de 26 sénateurs et sénatrices volontaires étaient mis en évidence dans leurs cheveux des terres rares (lanthanides), du mercure et au moins un pesticide.

Pour cette analyse, menée en juillet 2022, auprès du laboratoire privé et indépendant « ToxSeek », les élus ont confié une mèche de leurs cheveux. Le dépistage concernait 1 800 polluants organiques et 49 métaux. Les élus sont tous « contaminés » par au moins un pesticide. Quarante-cinq produits différents (herbicides, fongicides, insecticides) ont été identifiés, dont un pesticide interdit en Europe depuis 2008, le carbofuran.

Un plastifiant (phtalate), était de plus détecté chez 69% d’entre eux. Les députés n’étaient pas en reste avec, chez 14 élus volontaires, la présence de substances poly- et perfluoroalkylées : les PFAS, polluants dits « éternels ».

Bien qu’anecdotiques, ces deux « études » reflètent l’importance de l’exposition et de l’imprégnation de la population aux polluants. Ceux-ci étaient retrouvés dans les urines, le sang et/ou les cheveux, de façon plus significative, dans l’étude ESTEBAN de Santé Publique au niveau d’un large échantillon de la population française (4 000 adultes âgés de 18 à 74 ans et 1 000 enfants âgés de 6 à 17 ans) suivis de 2014 à 2016 [1] :

  • Des Bisphénols étaient retrouvés chez 100% des sujets ( BPa >BPs >BPf)

 

  • Des phtalates étaient quantifiés chez 100% des sujets sauf pour trois métabolites.

 

  • Des perfluorés étaient quantifiés dans des proportions variables exceptés pour les PFOS et PFOA, retrouvés chez 100% des testés.

 

  • Le méthylparabène était quantifié chez 60% des sujets.

 

  • Enfin des métabolites d’éthers de glycol étaient quantifiés en proportions variables.

L’étude ESTEBAN retrouvait de plus, six pesticides organochlorés quantifiés à plus de 60%, particulièrement chez les personnes exposées professionnellement. Par contre, l’étude montrait une forte baisse des niveaux d’imprégnation par des métabolites de pesticides organophosphorés.

C’est donc dans ce contexte de généralisation de l’exposition aux polluants, en particulier aux pesticides, qu’apparaissent inquiétantes d’une part l’évolution règlementaire concernant les cultures de VrTH (Variétés Rendues Tolérantes aux Herbicides) dont les NBT (New Breading Technics) que certains surnomment « OGM cachés », et d’autre part la position de l’EFSA qui ouvre la porte à une ré autorisation du glyphosate fin 2023…

Le but de VrTH, développés à partir des années 1990 et utilisés depuis 2010 en France pour la culture du colza et du tournesol, est de faciliter l’usage des herbicides dans les parcelles plantées de ces variétés. [2]

Compte tenu de l’ancienneté de leur apparition, les VrTH, bien qu’obtenus par des techniques de modifications génétiques, n’ont pas été soumis à la règlementation des OGM. Le législateur européen (directive 2001/18/CE) avait en effet conclu que « cette règlementation ne devrait pas s’appliquer aux organismes obtenus au moyen de certaines techniques de modification génétique qui ont été traditionnellement utilisées pour diverses applications et dont la sécurité est avérée depuis longtemps ».

Les VrTH sont en effet obtenues par différentes techniques :

  • La sélection naturelle par mutations, les mutants naturels étant reconnus et sélectionnés.
  • La mutagénèse aléatoire, plus ancienne, qui consiste à exposer le végétal (in vivo) ou certaines de ses cellules (in vitro) à des agents physiques ou chimiques provoquant des mutations aléatoires dans le génome ;
  • La mutagénèse dirigée, plus récente, qui fait appel à des outils de biologie moléculaire permettant d’induire des mutations sur des séquences ciblées.

Or, en l’absence de suivi, aucune étude n’a pu confirmer cette assertion de sécurité.

Il est important de distinguer d’une part la sélection par mutation naturelle et d’autre part, les techniques de mutagenèse, aléatoire ou dirigée, qui sont des processus artéfactuels et dont l’innocuité, compte tenu de leur complexité et leur caractère récent, n’est pas démontrée.

De plus, certaines de ces techniques ont été développées « in vitro » sur des organismes unicellulaires, ce qui ne permet pas de généraliser les résultats sur des organismes eucaryotes comme les plantes.

Comme l’a montré un rapport de l’ANSES (parcelles enquêtées en 2017), l’utilisation de VrTH a entrainé:

– Une intensification de l’utilisation d’herbicide.

Une fréquence plus élevée d’utilisation de même famille d’herbicide.

De plus, il est important de noter comme le fait l’ANSES, que les substances actives associées aux VrTH ne sont pas ou peu recherchées dans les produits récoltés et les denrées alimentaires, rendant impossible une analyse fiable du risque pour la santé humaine.

Enfin, en l’absence d’indication permettant d’identifier facilement les VrTH, il n’y a pas de traçabilité des semences.

Il semble donc important, compte tenu des pressions exercées par les tenants de l’agro-industrie et d’une partie du pouvoir politique français et européen, de rester vigilant et de veiller à ce que des OGM, même cachés « ne rentrent pas par la fenêtre quand on leur a fermé la porte ».

D’autant que ce problème se pose en même temps pour le Glyphosate qui, malgré les preuves scientifiques de ses effets nocifs qui s’accumulent, est en passe d’être autorisé par l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments.

Dr Jean Lefèvre, cardiologue et porte-parole de l’ASEF.

Flash bonne nouvelle

L’association AVICENN, spécialisée dans la veille sur les nanoparticules, nous informe que dans les dentifrices, on constate une accélération de la suppression du dioxyde de titane (TiO2) dans la plupart des marques. Le TiO2 a en effet été retiré d’une cinquantaine de dentifrices en 2 ans, et de près de 75 dentifrices en 4 ans. 

Rappel :

Le dioxyde de titane a été interdit dans l’alimentation en 2020 en France et en 2022 en Europe, du fait de sa potentielle génotoxicité.

Cet additif est un pigment blanc, qui contient une proportion significative de nanoparticules de TiO2, et qui a pour nom de code : 

E171dans l’alimentation (où il ne devrait donc plus être utilisé) et les médicaments ;

CI77891 dans les cosmétiques lorsqu’il est utilisé comme colorant (dans les dentifrices, le maquillage, etc.) ;
→ dans les crèmes solaires, où il est utilisé comme filtre UV, son nom apparaît en toutes lettres « dioxyde de titane », parfois en anglais « titanium dioxide ».

Une étude de l’INRAE de mai 2023, montrent que les nanoparticules de TiO2 peuvent passer directement dans le sang via les muqueuses de la bouche, avant le tube digestif, et détériorer l’ADN des cellules buccales humaines.

Dr Pierre Souvet, cardiologue et président de l’ASEF.  

Lien pollution de l’air et glaucome

 

Les études sur les pathologies liées à La pollution de l’air aux microparticules n’en finissent pas de montrer une atteinte diffuse de l’organisme.

Après les atteintes avérées des système cardio neuro vasculaire et respiratoire, des maladies neurodégénératives et neurocomportementales de l’enfant et de la grossesse, l’œil et les liens avec l’antibiorésistance sont évoqués.

Dans une étude de cohorte de l’Inserm sur 683 bordelais(e)s suivies 10 ans [3], on note qu’une exposition à la pollution aux PM2.5, expose à une possible augmentation du risque de glaucome. En effet, ces populations les plus exposées aux PM notamment 2.5, ont un amincissement accéléré de la couche des fibres nerveuses de la rétine, ce qui est la principale caractéristique de la maladie neurodégénérative du nerf optique qu’est le glaucome.

Cette nouvelle étude documente les effets des polluants atmosphériques sur le vieillissement neurologique.

Les participants exposés à une concentration de 25µg/m3 aux particules fines PM2,5 avaient une diminution plus rapide de l’épaisseur de cette couche en comparaison a ceux exposés à 20 µg/m3.

Dr Pierre Souvet, cardiologue et président de l’ASEF.  

Lien pollution aux PM 2.5 et antibiorésistance

La résistance aux antibiotiques est un problème sanitaire crucial, causant environ 1,27 million de décès prématurés en 2019 dans le monde.
L’étude chinoise parue dans le Lancet Planetary Health [4], a estimé de manière exhaustive, les associations globales entre les PM 2.5 et la résistance clinique aux antibiotiques via une analyse univariée et multivariée entre 2000 à 2018 dans 116 pays.
La résistance aux antibiotiques augmente avec l’augmentation des PM2.5.
Les PM 2.5, contiennent diverses bactéries résistantes aux antibiotiques et gènes de résistance aux antibiotiques, qui sont transférés entre les environnements et directement inhalés par les humains, provoquant des lésions des voies respiratoires et infection.
Les PM 2·5 pourraient également augmenter la perméabilité de la membrane cellulaire pour améliorer l’efficacité du transfert horizontal de gènes, accélérant ainsi l’évolution et l’échange d’éléments résistants aux antibiotiques chez les bactéries pathogènes.

Scénarios de baisse des PM2.5

Le meilleur scénario : La cible de 5 μg/m 3 de concentration de PM 2·5 dans les lignes directrices sur la qualité de l’air établies par l’OMS est atteinte en 2050.
La réduction de la résistance aux antibiotiques atteindrait 16,8 % (IC à 95 % 15·3–18·3) et éviterait 23·4 % (21·2–25· 6) de décès prématurés, soit une économie de 640 milliards de dollars.

Pathways of antibiotic-resistance dissemination, The Lancet Planetary Health.

Pierre Souvet, président de l’ASEF

AGENDA

 

Le 19 septembre, Rencontres Kéwalé « Perturbateurs endocriniens : un cocktail explosif ! » au Château de la Buzine, (Marseille) – Intervention de l’ASEF.

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Le 21 septembre, conférence des coordinateurs de CPTS de la région PACA.

Les 21, 22 et 23 septembre, Journées Santé Environnementale à Nancy par FMC Action. Intervention Pierre Souvet.

>> S’inscrire

Réunions PNSE4 :
26/9 :Groupe formation
27/9 : Groupe Une Seule Santé.

Le 28 septembre : Visioconférence Med’aide par le Dr Alice Baras «Intégration des critères d’achat responsable et démarche d’écoprescription ».

SOURCES

[1]Imprégnation de la population française par les composés perfluorés : Programme national de biosurveillance, Esteban 2014-2016; https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/exposition-a-des-substances-chimiques/perturbateurs-endocriniens/documents/rapport-synthese/impregnation-de-la-population-francaise-par-les-composes-perfluores-programme-national-de-biosurveillance-esteban-2014-2016

[2] Les variétés rendues tolérantes aux herbicides, quels enjeux pour notre santé et l’environnement ? https://www.anses.fr/fr/content/les-vari%C3%A9t%C3%A9s-rendues-tol%C3%A9rantes-aux-herbicides-quels-enjeux-pour-notre-sant%C3%A9-et-l

[3] L.Gayraud, M.Mortamais, C.Schweitzer, Ket al., Association of long-term exposure to ambient air pollution with retinal neurodegeneration: the prospective Alienor study, Environmental Research, 2023, https://doi.org/10.1016/j.envres.2023.116364

[4] Z.Zhou,  X.Shuai, Z.Lin et al., Association between particulate matter (PM)2·5 air pollution and clinical antibiotic resistance: a global analysis, The Lancet Planetary Health, 2023, https://doi.org/10.1016/S2542-5196(23)00135-3