Les brèves de l'ASEF - 17 octobre 2023

Bonjour à toutes et à tous,

Au menu de ces brèves :

– Bref retour sur les dernières actions ;
– A propos du glyphosate ;
– L’Aspartame classé cancérogène possible;
– Alerte Cancers;
Questionnaire à destination de femmes enceintes ou de jeunes parents ayant participé à un atelier de prévention sur la santé environnementale.

Bonne lecture,
Prenez bien soin de vous et de vos proches.

 

Retour sur nos dernières activités

 

Semaine du 11 septembre, réunions avec le chef de service du Ministère de l’Agriculture, le conseiller de l’air du Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires et de la Transition énergétique et le conseiller « One Health » du Minsitère de la Santé et de la Prévention.

Le 19 septembre, Intervention de l’ASEF aux « Rencontres Kéwalé »« Perturbateurs endocriniens : un cocktail explosif ! » au Château de la Buzine, (Marseille).

Les 21, 22 et 23 septembre, Intervention des Drs Alice Baras et Pierre Souvet aux « Journées Santé Environnementale » à Nancy par FMC Action.  

Le 21 septembre, conférence des coordinateurs des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) de la région PACA. 

Réunions PNSE4 :

  • 26/9 Groupe formation
  • 27/9 Groupe Une Seule Santé.

Le 26 septembre, Dr Michèle Penka a représenté l’ASEF aux « Festiv’ISEE » – moment convivial d’échanges entre les adhérents du réseau ISEE (Île-de-France SantÉ Environnement)à Paris.

28 septembre, visioconférence dans le cadre du dispositif Med’aide par le Dr Alice Baras « Intégration des critères d’achat responsable et démarche d’écoprescription ».

+ visioconférence avec la députée Mme Pitollat sur l’organisation d’ateliers lors de la Journée Nationale de la Qualités de l’Air du 12 octobre.

Le 09 Octobre, Interview du Dr Pierre Souvet pour la radio France Bleu Lorraine (émission à votre service) sur l’alimentation transformée et le sel dans l’alimentation.

Le 10 octobre : Conférence de Presse au Ballon Generali, à Paris, pour la Journée Nationale de la Qualité de l’Air – Intervention du Pierre Souvet

Le 11 octobre, Réunion du Plan National Santé Environnement (PNSE4) du sous-groupe priorités « One Health ».

Le 12 octobre, le Dr Isabella Annesi-Maesano a représenté l’ASEF à l’Assemblée Nationale pour la journée nationale de la qualité de l’air.

+ Projection-débats lors de la campagne de « Secrets Toxiques » à La Ciotat.

14 octobre : Journée d’échanges « Influence du vert et du bleu en santé » organisée par le dispositif Med’aide à Eguilles.

A PROPOS DU GLYPHOSATE

 

Le 13 octobre 2023, les Etats membres se sont réunis, au sein du comité permanent des végétaux, des animaux, des denrées alimentaires et des aliments pour animaux (SCOPAFF) sur la proposition de la commission européenne visant à renouveler, pour une période de 10 ans, l’utilisation du glyphosate.

–> La majorité requise pour adopter (ou rejeter) la proposition n’ayant pas été atteinte, la décision finale a été reportée à une prochaine réunion lors de la première quinzaine de novembre.

 

Alors que la Commission Européenne fait le forcing pour que le glyphosate soit réautorisé pour 10 années encore, le Journal of Exposure Science and Environment Epidemiology [1] publiait le 6 septembre une étude montrant un lien entre l’exposition au glyphosate et la présence de marqueurs biologiques de dégâts neurologiques, les neurofilaments à chaine légère (Nfl), et cela sur une population générale d’adultes américains exposés par le biais de leur alimentation. Ces adultes, chez qui ces informations étaient disponibles (présence à un niveau non pathologique dans le sérum de neurofilaments à chaine légère + présence mesurée de glyphosate dans les urines) faisaient partie de la cohorte épidémiologique NHANES (National Health and Nutrition Examination Survey). Il s’agit donc de 597 adultes de 20 à 75 ans constituant un échantillon représentatif de la population générale des adultes américains. Ces Nfl sont un marqueur de lésions neuronales présents à des niveaux très élevés dans des maladies neurodégénératives dont ils sont caractéristiques comme la maladie d’Alzheimer, de Parkinson, la sclérose en plaques, la maladie de Charcot. Le taux de ces filaments ne sont par contre pas pathologiques chez ces patients de la cohorte.

Après avoir corrigé dans leurs analyses les principaux facteurs de confusion connus, âge et Indice de masse corporelle, les chercheurs retrouvent une augmentation des taux de NfL en fonction de l’exposition au glyphosate. S’appuyant sur d’autres travaux (Khalil et col Nature Review Technology 2018), ils écrivent que « les Nfl sont un facteur prédictif important de la perte future de volume cérébral » suggérant « l’existence d’un lien entre les niveaux de Nfl et les pathologies cérébrales infra-cliniques. »

Reste à démontrer s’il existe une relation biologique directe entre glyphosate et dommages neurologiques en termes de cause et de conséquence, précise Charlotte Teunissen, spécialiste des neuro-filaments aux Centres Médicaux Universitaires d’Amsterdam (Le Monde 20/09/2023).

Il parait donc que, outre son caractère cancérigène probable selon le CIRC, les effets qu’il semble entrainer ainsi que son métabolite l’AMPA sur le foie et le syndrome métabolique (EHP mai2023), le glyphosate puisse avoir un effet sur le cerveau.

La ré-autorisation de ce produit au niveau européen semble donc un peu plus inappropriée.

Dr Jean Lefèvre, cardiologue et porte-parole de l’ASEF.

L’Aspartame classé cancérogène possible

 

Juin 2023, le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) de Lyon a rendu les conclusions de son évaluation de la toxicité de l’aspartame, le classant dans la catégorie 2B, celle des « cancérogènes possibles ». [2]

Selon les données analysées par les 25 experts du CIRC, l’absorption d’aspartame pourrait être associée à une augmentation du d’hépatocarcinome, avec un niveau de preuve ne permettant pas encore de le qualifier définitivement d’agent cancérogène, mais des signaux sérieux ont pu être démontrés.

L’aspartame (C14H18N2O5) est un additif référencé dans l’Union Européenne par le code E951.C’est un édulcorant intense ayant un pouvoir sucrant très élevé (200 fois supérieur au saccharose, le sucre de table naturel) sans apport en calories. Il est utilisé pour édulcorer de très grandes variétés de boissons et d’aliments prétendus peu caloriques (boissons « allégées », « light » ou « 0 », chewing-gums, crème glacée, produits laitiers, céréales pour le petit-déjeuner, comprimés à dissoudre…), le dentifrice et plus de 600 médicaments. Découvert en 1965 aux USA, l’aspartame a été autorisé en France à partir de 1988 et son emploi en tant qu’édulcorant en 1994 par la directive 94/35/CE relative aux édulcorants destinés à être employés dans les denrées alimentaires. On le trouve également dans un autre additif, le sel d’aspartame-acésulfame, référencé E962.

https://culturesciences.chimie.ens.fr/thematiques/chimie-du-vivant/l-aspartame-un-edulcorant-controverse

Les évaluations toxicologiques de l’aspartame par les autorités de santé avaient conduit à valider une DJA (Dose Journalière Admissible) fixée à 40 mg par kilogramme de poids corporel. Des doutes sur l’innocuité de cet édulcorant ont émergé dès les années 1990 aux USA concernant des effets neurologiques (tumeurs au cerveau, crises d’épilepsie – J.W.Olney 1996) identifiés sur la base d’études épidémiologiques qui n’ont pas permis d’aboutir à une modification des autorisations d’utilisation.

Depuis, d’autres publications scientifiques ont suggéré l’existence de risques pour la santé : l’étude italienne du centre de recherche sur le cancer Ramazzini de Bologne a examiné le potentiel cancérogène de l’aspartame à induire des effets à long terme chez l’animal exposé à l’édulcorant par le biais de leur alimentation de la naissance à la mort naturelle (Soffritti, 2010). Les deux résultats obtenus suggéraient que l’aspartame est un agent carcinogène chez les rongeurs avec une augmentation de l’incidence de cancer (foie et poumon). Une étude danoise, avait mis en évidence une association entre la consommation de boissons édulcorées et le risque d’accouchement prématuré (Halldorson, 2010).

L’EFSA avait conclu alors qu’aucune preuve disponible dans ces études ne permettait d’affirmer qu’il existait un lien de causalité à la dose journalière admissible de 40 mg par kilogramme de poids corporel.

Pourtant les scientifiques ont constaté que, par rapport aux personnes qui ne consommaient pas d’édulcorants artificiels, celles qui en consommaient les plus grandes quantités, en particulier l’aspartame et l’acésulfame-K, présentaient un risque accru de développer un cancer, quel qu’en soit le type. Des risques plus élevés ont été observés pour le cancer du sein et les  cancers liés à l’obésité.

Certaines interactions entre des édulcorants et certains colorants ont été évoquées par des experts de l’Anses ayant participé au dossier aspartame. Selon les toxicologistes au sein du groupe d’experts du CIRC : « Si l’on n’est pas encore en mesure d’établir définitivement un lien statistique entre la consommation d’aspartame et l’augmentation de la prévalence des cancers et du diabète au sein de la population, les mécanismes explicatifs sont eux mieux connu. L’aspartame n’est pas complètement hydrolysé dans l’intestin et est dégradé en phénylalanine. Des expérimentations in vivo ont montré des effets de ce produit de dégradation sur les niveaux d’insuline des rats, qui pourraient être associés à un risque de diabète. En ce qui concerne le risque de cancer, des études ont montré que l’absorption d’aspartame pouvait provoquer une inflammation chronique et un stress oxydatif. »

En mai 2023, l’OMS a conseillé de ne plus consommer d’édulcorants non sucrés dans le but de perdre du poids. Ce conseil s’applique à l’aspartame. L’examen par l’OMS des preuves scientifiques actuelles suggère que la consommation d’édulcorants non sucrés est associée à un risque accru de diabète de type 2 et de maladies cardiovasculaires.

Par ailleurs, les produits contenant de l’aspartame doivent contenir une information sur la phénylalanine. Il s’agit d’un produit de décomposition de l’aspartame, dangereux pour les personnes atteintes de la maladie génétique de la phénylcétonurie (PCU).

En conclusion, il est important de souligner que dès 2015 l’Anses a indiqué que les études disponibles ne permettent pas de prouver que la consommation de produits contenant des édulcorants intenses présente un intérêt sur le contrôle du poids, de la glycémie des sujets diabétiques ou sur l’incidence du diabète de type 2.

Des études doivent être poursuivies afin d’arriver aux niveaux de preuves qui permettront de modifier la réglementation afin de protéger la santé de tous. La consommation d’édulcorants de synthèse, additifs d’ailleurs interdits dans le cahier des charges du label AB, devrait rester limitée en application du principe de précaution, d’autant plus que leurs prétendus bénéfices santé n’ont jamais pu être démontrés.

Corinne Mairie, diététicienne nutritionniste et membre de l’ASEF.

Alerte Cancers !

 

Le BMJ Oncology (British medical journal oncology) a fait paraître une étude du « gobal burden of disease » (la charge mondiale de morbidité) [3] qui alerte sur une augmentation inquiétante de 79,1 % de l’incidence des cancers précoces (de 14 à 49 ans) et le nombre de décès dus à ces cancers de 27,7 % entre 1990 et 2019. La même courbe concerne les AVCI (années de vie corrigées de l’incapacité). Parmi les facteurs de risques principaux, outre le tabac et l’alcool, la moindre consommation de fibres (légumes, fruits) associée à une encore trop forte consommation de viande rouge et de sel, ainsi qu’à une trop faible consommation de lait.

Parmi les organes les plus touchés, on retrouve bronches, poumons, estomac, trachée, côlon, seins, pour l’année 2019.

Il faut noter aussi la forte hausse du cancer du pancréas qui, sans être classé à l’heure actuelle comme cancer « précoce » survenant le plus souvent après 50ans, pourrait devenir entre 2030-2040 la 2ème cause de mortalité par cancerLa responsabilité du cadmium dans sa survenue étant de plus en plus évoquée et sachant que le cadmium est présent dans les céréales, alimentation principale des jeunes, on peut deviner la suite…

Tout faire pour améliorer la qualité de l’air, de l’eau, de l’agriculture et par ricochet de l’alimentation, est plus que jamais d’actualité.

Dr Alain Collomb, médecin généraliste et président de l’ASEP (Association Santé Environnement Provence).  

Questionnaire à destination des participantes à un atelier de prévention sur la santé environnementale

 

 

Mathilde, étudiante sage-femme à l’école de Tours, réalise son mémoire de fin d’étude sur l’influence que les ateliers de prévention sur la santé environnementale, dispensés pendant la grossesse, ont eu sur le changement des habitudes quotidiennes. 

REPONDRE A SON QUESTIONNAIRE

AGENDA

 

19 octobre : Formation de sensibilisation à la santé environnementale et à l’éco-nettoyage au personnel de l’EHPAD à Beaurecueil (13). 

23-25 octobre : congrès SFSE à Paris.  

26 octobre :  Visio Med’aide par le Dr Alice Baras « Réduction des pollutions et optimisation de la gestion de l’air, de l’énergie, de l’eau, des déchets au sein du cabinet ».

6 Novembre, Forum Régional Santé Environnement pour contribuer au nouveau PRSE4 à « The Camp » à Aix-en-Provence. Invitation de l’ARS, la Région et la DREAL.  

16 novembre : Intervention de l’ASEF sur les pesticides pour le CEMAC – Comité Extra Municipal Anti-pollution Châteauneuvais – à Châteauneuf-les-Martigues.

21 novembre, Séminaire SPPPI PACA « Quels effets de la pollution de l’air sur la santé dans un contexte de changement climatique ? », à l’Arbois. Intervention de Pierre Souvet : « Altérations de la QA et effets sur la santé ».

SOURCES

[1]Yang, AM., Chu, PL., Wang, C. et al. Association between urinary glyphosate levels and serum neurofilament light chain in a representative sample of US adults: NHANES 2013–2014. J Expo Sci Environ Epidemiol (2023). https://doi.org/10.1038/s41370-023-00594-2

[2] Article ASPARTAME:

https://www.thelancet.com/action/showPdf?pii=S1470-2045%2823%2900341-8

https://presse.inserm.fr/en/artificial-sweeteners-possible-link-to-increased-cancer-risk/60536/

https://www.who.int/fr/news/item/14-07-2023-aspartame-hazard-and-risk-assessment-results-released

https://www.who.int/news/item/15-05-2023-who-advises-not-to-use-non-sugar-sweeteners-for-weight-control-in-newly-released-guideline

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35324894/

https://www.anses.fr/fr/content/%C3%A9dulcorants-intenses-pas-d%E2%80%99int%C3%A9r%C3%AAt-nutritionnel-d%C3%A9montr%C3%A9-pour-les-usages-alimentaires

[3]Zhao JXu LSun J, et al. , Global trends in incidence, death, burden and risk factors of early-onset cancer from 1990 to 2019,