Les brèves de l'ASEF- 17 novembre 2020

Bonjour à toutes et à tous,

Au menu de ces brèves, le Dr Alice Baras expose les intérêts et la nécessité de l’enseignement à la santé environnementale de tous les professionnels de santé. Nous aborderons l’étude à l’initiative du collectif Strasbourg Respire sur les polluants retrouvés dans les urines des enfants et enfin Dr Carenco donnera son avis sur le lavage des masques jetables. Bonne lecture!

Nécessaire formation à la santé environnement de TOUS les professionnels de santé [1] : le PNSE4 enfonce le clou. Pourquoi, comment?

« Mieux former et sensibiliser tous les professionnels de santé médicaux et paramédicaux » fait partie des 19 actions qui articulent le PNSE4 publié le 22 octobre dernier. Déjà objectivée dans le précédent PNSE3 et la 2ème stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens, la formation des professionnels de santé aux risques et enjeux environnementaux est une action de santé publique prioritaire.

  • L’environnement est un déterminant majeur de santé.

En considérant l’environnement comme « tout ce qui n’est pas génétique », les champs d’action en termes de prévention et de promotion de la santé sont immenses.  En plus des différentes thérapeutiques et outils prophylactiques propres à chaque discipline médicale ou paramédicale, considérer les bienfaits et les risques de la qualité des milieux et les conditions de de vie privée, professionnelle, scolaire, sociale ou encore de loisirs de chacun doit faire partie de la « mallette » de tout professionnel de santé.

  • Dans un contexte écologique et sanitaire complexe, une approche systémique et interprofessionnelle est indispensable

Les changements environnementaux globaux auxquels l’ensemble de la population est confronté à présent et leurs conséquences sur la santé – dérèglement climatique, chute de la biodiversité ou pollution chimique et électromagnétique pour ne citer qu’eux – et les projections de leur amplification à court terme par les scientifiques viennent renforcer l’intérêt d’y être sensibilisé. [2] [3]

Les défis sanitaires que sont l’explosion des maladies chroniques et l’émergence de nouvelles maladies infectieuses en grande partie expliquées par ce contexte environnemental délétère nécessite indubitablement l’appropriation des leviers et solutions pour favoriser l’action de chacun.

  • Être formé pour sensibiliser et prévenir

Ainsi, une fois formés, les professionnels de santé sont à même de transmettre des messages clairs et efficaces sur les gestes de prévention à adopter au quotidien à leur patient. Ils peuvent aussi le rassurer tout en l’incitant au principe de précaution sans cautionner les messages anxiogènes véhiculés via les réseaux sociaux et certains médias souvent sans fondements scientifiques. Ils peuvent l’accompagner au changement nécessaire de comportement et de consommation en lui délivrant des conseils sur les aliments qu’il mange, l’eau qu’il boit, l’air qu’il respire ou les produits qu’il applique ou porte sur sa peau.

C’est aussi une opportunité pour tous les acteurs de santé médicaux et paramédicaux, en collaboration avec les professionnels de la petite enfance, de relayer les messages et gestes de prévention et de protection de la période de vulnérabilité particulière aux facteurs environnementaux qu’est la période des 1000 jours – de la préconception aux 2 ans de l’enfant.

  • Savoir pour pouvoir

Être formé à la santé environnementale c’est aussi actualiser ses connaissances scientifiques dans ce domaine, savoir pour pouvoir opter pour la meilleure prise en charge du patient dans un contexte d’évolution réglementaire et parfois d’incertitude scientifique lié aux nouvelles « règles du jeu » toxicologiques (illustrables par la notion d’« effet cocktail » ou le concept d’« exposome »). Evaluer la balance bénéfice-risque sanitaire lors de la prescription, la délivrance ou l’utilisation des médicaments ou des dispositifs médicaux, la recommandation des cosmétiques dans un contexte de risques émergents tels que les perturbateurs endocriniens ou les nanoparticules présents dans nombre de produits de santé.

  • Être formé pour maitriser le risque environnemental

La formation à la santé environnementale, c’est aussi appréhender le risque environnemental et les conséquences sur les écosystèmes de l’usage des produits chimiques nécessaires à la pratique. Ce sont par exemple les biocides utilisés couramment pour la maîtrise du risque infectieux dans les établissements de santé et cabinets de ville. La maîtrise de ce risque cible également la gestion des déchets, la démarche d’achats écoresponsable ou encore les économies d’énergie et de ressources.  Sensibilisés à ces enjeux, les professionnels de santé peuvent être ambassadeurs de la transition écologique. Ils peuvent participer à la sensibilisation citoyenne à ces enjeux pour favoriser la mise en œuvre efficace des actions d’atténuation et être eux-mêmes acteurs à part entière de ces changements de comportements. De nombreuses actions et initiatives pour maîtriser l’impact environnemental des structures de santé sont actuellement engagées et sont à encourager.

  • Former à tous les niveaux

Pour former, informer sensibiliser, dès 2021, le PNSE4 annonce l’élaboration d’un référentiel socle de connaissances et de compétences minimales dans le domaine de la santé environnement. Il concernera tous les professionnels de santé médicaux et paramédicaux. Les universités et écoles de formation seront incitées à intégrer dans leur parcours de formation des modules en santé environnement au sein des formations initiales et continues.

  • Un objectif : « Prévenir et agir plutôt que guérir et subir »

Être formé à la santé environnementale, c’est considérer la santé du patient dans sa globalité. C’est aussi favoriser la protection de la santé au travail des soignants eux-mêmes, la santé de l’environnement et la santé des générations futures.

Dr Alice Baras, docteur en chirurgie dentaire spécialisée en promotion de la santé environnementale, management du développement durable et de la qualité en santé.

Chaque spécialité médicale et paramédicale peut s’emparer du sujet et du « champ des possibles »

Le PNSE4 fait l’objet d’une consultation publique du 26 octobre au 9 décembre 2020. Pour y contribuer, rendez-vous sur : http://www.consultation-plan-santeenvironnement.developpement-durable.gouv.fr

Cet article fait écho au mémoire rédigé à l’attention des acteurs de la médecine bucco-dentaire en 2019 par le Dr Alice Baras dans le cadre du DIU de médecine environnementale « Sensibilisation et formation des chirurgiens-dentistes à la santé environnementale et aux risques émergents. Pourquoi, comment ? ».

Ces questions ont permis, en première approche, d’explorer le chirurgien-dentiste dans le contexte de la santé environnement et dans son environnement professionnel. Elles permettent d’aborder le sujet de la nécessité d’être formés aux enjeux environnementaux émergents pour pouvoir mener une veille pour prescrire, utiliser et recommander des produits de santé et évaluer la balance bénéfice-risque à utiliser par exemple des dentifrices au fluor ou contenant des nanoparticules, des composites dentaires suspectés de relarguer des bisphénols ou encore pour gérer le risque environnemental en lien avec l’activité menée au sein du cabinet dentaire. Il est consultable ICI

 

Présence massive de particules ultra-fines dans les urines d’enfants

Après avoir démontré dans une publication dans l’American journal of respiratory and critical care en 2017 [4] (des millions de nanoparticules carbonées par millilitre d’urine d’enfants de la ville d’Anvers, puis dans la revue Nature que ces nanoparticules – principalement issues des moteurs diesel- étaient également présentes en grand nombre dans le placenta de femmes venant d’accoucher) [4], l’équipe du professeur Tim Nawrot démontre sur une vingtaine d’enfants strasbourgeois des taux alarmants de ces nanoparticules carbonées avec pas moins d’1 million de particules par ml d’urine et des taux directement proportionnelles à la distance de l’habitation par rapport à un axe routier. [4]

Dr Thomas Bourdrel, Médecin Radiologue et fondateur du Collectif Strasbourg Respire

Pour revoir l’interview du Dr Thomas Bourdrel à la conférence de presse sur cette dernière étude, c’est ICI

LAVER SON MASQUE A USAGE UNIQUE : OUI, MAIS …

 

Les essais de la revue « Que Choisir » (sur la possibilité de laver son masque jetable jusqu’à 10 fois) [5] confirment les travaux de rares scientifiques qui ont testé la méthode : les masques chirurgicaux à usage unique supportent une réutilisation après lavage sans dégradation de leurs performances.

Mais :

1- les essais n’ont pas porté sur toutes les marques et tous les modèles du marché

2- il faut s’entendre sur la procédure de lavage pratiquée dans les tests :

  • Masques passés en machine à laver en programme à 60° avec de la lessive (non précisée dans les essais de la revue)
  • Séchage immédiat en sèche-linge (durée et température non précisées dans la revue)
  • Repassage « doux », sans précision des conditions. On peut supposer qu’il s’agit du réglage le plus faible du fer et d’un temps très court car la nature plastique des masques, faits en polypropylène, ne tolère pas les hautes températures.

En effet, un lavage inférieur à 60° peut faire douter de l’efficacité sur le coronavirus et un séchage à l’air ambiant peut laisser proliférer des résidus fongiques sur et dans le masque.

Malheureusement, le message qui passe dans le grand public est trop simpliste avec ces simples mots :  « lavages possibles ».

Mais la véritable réponse est une question : pourquoi réutiliser un dispositif conçu pour l’usage unique alors qu’il existe des masques conçus pour être réutilisés ?

Dr Philippe Carenco, Médecin hygiéniste au CH de Hyères, et expert AFNOR

Les dernières publications de l’ASEF

 

Actualité oblige, téléchargez notre mini-guide  mini-guide  « COVID – 19 > LES BONS GESTES ÉCO-RESPONSABLES À ADOPTER ».

 

Conseils à retenir : AEREZ +++ en grand et plusieurs fois par jour ! Prendre de la Vitamine D (conseillée par l’Académie de Médecine ) et du Zinc pour stimuler vos défenses immunitaires

Petit point agenda :

 

Comme vous le savez, vous pouvez à présent nous soutenir gratuitement au quotidien en utilisant le moteur de recherche Lilo. Nous avons récolté plus de 18 000 gouttes ce qui représente pour le moment 125 points de supports. Merci pour votre soutien mais ne relâchons rien ! Pour passer en mode public, il nous faut atteindre au moins 1500 points. Alors faites pleuvoir vos gouttes d’eau ICI !

 

L’ASEF soutient l’Appel des Coquelicots qui demande l’interdiction de tous les pesticides de synthèsehttps://nousvoulonsdescoquelicots.org/l-appel/

Ainsi que l’Appel des soignants à soutenir la contribution de la convention citoyenne pour le climat au plan de sortie de crise.

 

Aérez, restez chez vous et prenez soin de vous et de vos proches!

Le Club des 10 de l’ASEF

SOURCES

[1]https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/20048_PNSE4_BAT.pdf

[2] OMS, « Preventing disease through healthy environments », 2016. [Consulté le 10/05/2020] https://www.who.int/quantifying_ehimpacts/publications/preventing-disease/en/

[3] Slama R., Le mal du dehors, l’influence de l’environnement sur la santé, Éditions Quae. 2017

[4] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28686472/

[5] https://www.quechoisir.org/actualite-masques-chirurgicaux-vous-pouvez-les-laver-et-les-reutiliser-n85015/