Notre colloque "Santé-Climat"

Le 12 novembre 2009, des experts mondiaux du climat, de la santé et de l’environnement, ont été réunis par l’ASEF au Muséum d’Histoire Naturelle de Paris pour le colloque baptisé «Urgence : Santé-climat». L’idée était d’amorcer une discussion entre scientifique, associatifs, journalistes, politiques, et bien sûr médecins !

L’année 2009 avait été placée sous le signe du changement climatique avec la tenue du sommet de Copenhague en décembre. En septembre, le Dr Patrice Halimi, Secrétaire Général de l’ASEF, et le Dr Sandrine Segovia-Kueny, Présidente de l’antenne Ile-de-France de l’association, avait participé au Congrès, initié par l’Association Médicale Mondiale sur le lien « Changement climatique et santé ». L’objectif de cette réunion était de s’assurer que lors du prochain sommet des Nations Unies, la santé soit considérée comme un enjeu majeur du changement climatique. A leur retour, le Dr Sandrine Segovia-Kueny, et le Dr Patrice Halimi décidèrent d’organiser un événement français sur cette thématique.

L’objectif était de montrer les conséquences du changement climaitque sur la santé humaine. Les événements climatiques extrêmes comme les canicules ou les inondations, se multiplieront, faisant sur leur passage de nombreux dégâts – dont nous avons déjà eu des aperçus. Sous l’effet de la chaleur, les maladies infectieuses vont décupler et les pics de pollutions seront plus nombreux augmentant ainsi la mortalité des personnes cardiaques ou ayant des problèmes respiratoires. Enfin, la croissance de la quantité de pollen dans l’air favorisera une recrudescence des allergies. Ces événements engendreront des traumatismes profonds aussi bien sur la santé physique que mentale des individus.

Si rien n’est fait, le coût pourrait être colossal en termes aussi bien matériel qu’humain. En France, ce coût pourrait remettre en cause la survie de notre système de santé tout entier. Selon un rapport publié par le Ministère de l’Ecologie, les seuls soins post-traumatiques liés aux inondations dans le Gard en 2002 ont coûté 234 000 € pour l’année suivant le désastre…Se préparer dès aujourd’hui pourrait être une question de survie….

Au quotidien, ce seront les médecins de terrain qui feront face à la recrudescence de ces nouvelles pathologies. Pourtant, aujourd’hui, rien n’est fait pour les préparer: manque de données sur les maladies émergentes notamment celles transmises par les moustiques, pas de formation continue ou initiale sur les pathologies liées au changement climatique, etc. « Les médecins seront les premiers à percevoir les effets du changement climatique… Il est important qu’on prévoie aujourd’hui pour mieux s’adapter demain. La célèbre citation de Francis Blanche, « il vaut mieux penser le changement que changer le pansement » prend d’ailleurs ici tout son sens. Ainsi nous espérons du sommet de Copenhague une vraie prise en compte de la nécessaire adaptation des systèmes de santé » déclare le Dr Pierre Souvet, Président de l’ASEF. Retour sur les conférences présentées.


Ouverture du colloque

Photo_ASEF_12_novembre_2009_Colloque_Urgence_Sant_Climat_-_Erick_Gey_4

Le matin, scientifiques, experts et médecins ont tenté de dresser un tableau des enjeux du changement climatique en termes de santé. L’objectif était de rappeler que les événements climatiques extrêmes tels que les inondations, les sécheresses ou encore les canicules allaient multiplier les décès. Les effets indirects de ces événements poseront notamment la question cruciale de l’accès à l’eau potable qui elle-même engendrera diverses problématiques telles que la sécurité alimentaire, le développement de maladies infectieuses, etc.

 

*Dr Pierre SOUVET, Président de l’Association Santé Environnement France

Le Dr Souvet a rappelé l’importance de préparer les professionnels de santé à faire face aux changements climatiques. « En tant que médecin, notre position nous confère une responsabilité particulière et un rôle sociétal unique. Pour préserver notre rôle et continuer à soulager au mieux ceux qui souffrent, il est indispensable de penser aujourd’hui à nos besoins de demain. C’est ce message d’anticipation, d’adaptation et de réactivité que nous voulons adresser ensemble à nos représentants qui participeront au sommet de Copenhague le mois prochain » affirme le Dr Pierre Souvet, Président de l’ASEF.

*Dr Jean-Louis ETIENNE, Médecin-Explorateur

Le Dr Jean-Louis Etienne a insisté sur le fait que les changements climatiques étaient difficilement perceptibles à l’échelle d’un individu, mais qu’ils n’étaient pas sans conséquences pour autant:

  • Augmentation de la production de CO2 : les gaz à effets de serre n’émettent pas d’alarme. Nous n’en avons donc pas de perception personnelle. Pourtant, cette augmentation est bien réelle et est la cause du réchauffement climatique
  • Elévation de la température de 0,8°c en un siècle : l’accumulation de chaleur semble minime mais impacte réellement la physiologie de la Terre. Si l’on compare à la physiologie humaine, une augmentation de 0,8°c, nous conduit à 37,8°c sur la masse du corps : c’est l’apparition d’une fébricule. Pour +2°c, on passe à 39°c et on s’expose à un dérèglement important. Derrière la problématique climatique, il y a une autre problématique : l’appel à de nouvelles ressources énergétiques (85% de la ressource est fournie par pétrole, gaz et charbon). Nous avons un demi-siècle pour changer nos ressources énergétiques !

Session 1 : Santé et climat, que devons nous savoir

Table ronde : Enjeux du changement climatique

Modérateur : Daniel DELALANDE, Responsable du département de lutte contre l’effet de serre

Animateur : Teddy FOLLENFANT, Journaliste Néo-planète

* « Climat que se passe-t-il ? », Pr. Serge PLANTON, Directeur de recherche Météo France

Le Pr Serge Planton a axé sa présentation sur le réel changement observable à l’échelle de la planète et de la France.

  • A l’échelle de la planète: un réel changement! La planète se réchauffe naturellement, suivant des cycles. Ces dix dernières années, le réchauffement climatique est moins perceptible, aussi y a-t-il débat : « le réchauffement observé ces dix dernières années ne suit-il pas le cycle naturel de la Terre ? », « y a-t-il réellement un changement ? ». Or on n’évalue pas le changement climatique sur 10 ans mais au moins sur une centaine d’années et on voit qu’il est bien réel sur 100 ans (+0,75°c). Il ne faut pas oublier que l’écart entre périodes glacières et interglacières est seulement de 4 à 6°c. A l’échelle de la planète, +0,8°c, c’est donc important !
  • A l’échelle de la France : des évolutions visibles! Les évolutions pour la France sont parallèles à celles observées à l’échelle planétaire, mais avec beaucoup plus de variabilité, ce qui complique les perceptions que chacun peut ressentir. Malgré cette variabilité, la tendance générale de la France suit bien celle de la planète et nous avons là les signes d’une évolution, même à un niveau local. Le réchauffement est plus rapide qu’à l’échelle planétaire et la répartition des pluies, plus contrastée (plus de pluies en hivers et moins de pluies en été, avec plus de pluies fortes, surtout sur la partie nord). Le changement climatique n’est pas observable sur toutes les composantes du climat mais bien présent, surtout sur la sécheresse et les vagues de chaleurs (prévision d’une dizaine de journées de canicule d’ici 50 ans, contre 3 aujourd’hui ; l’été 2003 devenant un été moyen après 2070).En France, même si les scénarios d’impact n’ont pas impact fort sur les 50 prochaines années, ils auront un impact sur les 50 suivantes et donc les générations futures.

* « Changement climatique en Europe », M. Stéphane ISOARD, Programme « Impacts du changement climatique et adaptation », Agence Européenne pour l’Environnement

Mr Stéphane Isoard est revenu sur le changement climatique consernant la zone Europe et ses réserves en eau. Le changement climatique a bien sûr une influence particulièrement importante sur la gestion des ressources en eau en Europe.

  • Répartition des précipitations: Entre 1900 et 2000, le climat est devenu 10 à 40% plus humide en Europe du Nord et jusqu‘à 20% plus sec en Europe du Sud. Les projections à 2080-2100 laissent présager une augmentation des précipitations de 5 à 20% en Europe du Nord, avec des précipitations plus fréquentes et plus intenses dans toute l’Europe. En revanche, en Europe du Sud, les prévisions indiquent une raréfaction des précipitations de 5 à 30%, avec des épisodes de sécheresse plus longs et plus fréquents.
  • Réservoirs d’eaux de surfaces: Les températures des eaux des lacs de surface devraient être plus élevées d’environs 2°c d’ici à 2070, avec une augmentation de l’intensité et de la fréquence des crues dans de nombreuses régions d’Europe. Le niveau des mers est d’ailleurs en augmentation, avec 3,1mm/ an en plus ces 15 dernières années. L’IPCC prévoit de passer des 0,18m actuels à 0,59m en 2100… et des projections plus récentes indiquent que l’on pourrait dépasser les limites maximales prévues par l’IPCC ! On prévoit moins d’accumulation de neige en hivers et plus de risques de fontes printanières précoces. Une grosse majorité des glaciers Européens est en régression (depuis 1850, les glaciers des alpes ont perdu les 2/3 de leur taille). Une augmentation de 3°c de la température en été réduirait la zone actuellement couverte par les glaciers des alpes de 80% et si nous continuons sur cette lancée, quasiment tous les petits glaciers et 1/3 de la zone glacière de Norvège auront disparu d’ici 2100. Aux pôles : dans la zone arctique, le niveau le plus bas a été atteint en 2007, avec une couverture représentant la moitié du minimum observé en 1950. La calotte glacière du Groenland a perdu 100 milliards de tonnes de glaces depuis 1900, et de 0,14 à 0,28mm/an entre 1993 et 2003.
  • Risques liés aux incendies de forêts: Avec la sécheresse, les risques d’incendies ont augmenté ces 50 dernières années, particulièrement en Méditerranée et en Europe Centrale. Avec l’évolution du climat, les saisons favorisant les feux durent plus longtemps et sont plus intenses ; favorisant l’apparition d’un plus grand nombre de feux, soit plus de zones brûlées. Les risques de feux sont accrus en été, surtout en Europe du Sud et Centrale, avec des feux très intenses plus fréquents pendant les périodes à risques de printemps et automne.

* « Santé environnement climat, quel challenge ? », Martin GUESPEREAU, Directeur général de l’AFSSET

Martin Guespereau a démontré que l’élévation de la température de quelques petits degrés pouvait avoir des effets conséquents sur notre santé.
  • Modification de la biologie de microorganismes nocifs. La montée de la température de l’eau de mer représente un réel danger pour la santé humaine. En effet, avec seulement un ou deux degrés Celsius de plus et la mer génèrerait de nouvelles bactéries et favoriserait le développement d’algues potentiellement toxiques pour l’Homme.
  • Propagation de maladies vectorielles. A l’intérieur des terres et principalement en France, le chikungunya gagnera incessamment le nord du pays puisque le moustique vecteur de la maladie commence déjà à se propager à partir du sud-est du pays. La recrudescence d’autres maladies est également à prévoir.
  • Nocivité des rayons UV. Une des conséquences directes des ultra-violets sur notre santé est l’augmentation prévue du nombre de personnes victimes de la DMLA (Dégénérescence Maculaire Liée à l’Age).
  • Multiplication des maladies respiratoires. On assiste déjà à la multiplication des maladies respiratoires. Il y a 20 ans 12.5 % de la population était victime d’allergies. Aujourd’hui le pourcentage a doublé. Le pollen est beaucoup plus présent dans l’atmosphère et la pollution à l’ozone amplifie ses effets en irritant et en fragilisant les personnes exposées. Des enfants souffrant de problèmes respiratoires, de plus en plus de personnes atteintes de cancers… Si rien n’est fait, la population ne pourra même plus respirer !

Table ronde: Santé climat : quels enjeux

Animateur : Gérard AMSELLEN,Rédacteur en chef de Practis TV

Modérateur: Dr Yves CHARPAK, Vice-Président ASEIF, Ex-directeur Relations Internationales de l’Institut Pasteur

Le Dr Yves Charpak est intervenu en début de séance pour rappeler la problématique. Si les infrastructures sont dans des conditions plus extrêmes de climats, pourront-elles résister ? Seront-elles adaptées ? Sont-elles capables de s’adapter à un changement climatique ? La canicule est un bon exemple de non adaptation aux climats extrêmes et nous a montré qu’il était primordial de faire attention à la résistance et la solidité de l’infrastructure face aux changements climatiques. Si l’on veut que les activités humaines s’adaptent, il faut qu’elles deviennent complètement transparentes sur les risques sur la santé. Ainsi, les laboratoires de haute sécurité travaillant sur les maladies tropicales (à partir de souches bactériennes et virales très dangereuses), sont-ils capables de résister à des conditions extrêmes ? Car la plupart du temps, ils sont situés en plein centre ville…

* « Impacts sanitaires du changement climatique », Michel GALLIOT, Secrétaire général de l’ONERC

Michel Galliot est intervenu sur les divers impacts sanitaires du changement climatique.

  • Liens changement climatique et dégradation de la santé animale. En Guyane, les experts mettent en évidence un impact évident des déficits pluviométriques subis ces dernières années sur l’évolution de la dengue. Les populations d’oiseaux et de moustiques doivent être surveillées de près suite aux changements climatiques car elles sont les vecteurs de maladies.
  • S’adapter au changement climatique. Le changement climatique a à la fois un impact direct, avec la pollution au CO2 et à l’ozone, et indirect, avec la raréfaction et la pollution de l’eau, la pollution de l’air et les maladies à transmission vectorielle. Les particules fines inférieures à 10µ devraient diminuer l’hiver, mais avec un gain l’été en raison de l’augmentation de la fréquence des feux de forêts et de l’augmentation de composés polluants secondaires dans l’air. De plus, la croissance des plantes et la sécrétion de pollen sont favorisées par ces nouvelles conditions climatiques ; ce qui intensifie les épisodes allergiques, avec un décalage des périodes allergiques. Pour s’adapter à ce changement, il est impératif de mettre en place des mesures : améliorer la formation des professionnels (notamment des naturalistes car beaucoup vont aller à la retraite), favoriser le travail en réseaux multidomaines, renforcer la surveillance des écosystèmes et intensifier les efforts pour informer le public.

* « Conséquences respiratoires ?», Pr. Gérard HUCHON, Fédération Française de Pneumologie

Le Pr Gérard Huchon a souligné la modification de l’incidence, la prévalence et les effets des maladies par le changement climatique. Feux de forêts, tempêtes de poussières et air intérieur peuvent être affectés par les effets du changement climatique.
  • Impact sanitaire des canicules. Augmentation des hospitalisations, notamment pour problèmes respiratoires. Au-delà d’un certain seuil, pour chaque augmentation d’un degré Celsius, il y a une augmentation de 15% des admissions pour raisons cardiorespiratoires.  Augmentation de la mortalité toutes causes (2 fois plus importante dans les zones méditerranéennes que dans les zones nordiques). Les pics de mortalité pour causes respiratoires (insuffisances cardiaques, asthmes, pneumonies, BPCO) sont très significativement liés à la température élevée.
  • Impact de la pollution à l’ozone et aux particules. Il y a une interaction mutuelle entre les différents polluants atmosphériques et la température élevée ; ce qui crée une synergie manifeste en ce qui concerne la mortalité. – L’ozone est un puissant oxydant dont la première cible est le poumon. Des inhalations même à des concentrations peu élevées peuvent produire des désordres connus : diminution du volume respiratoire (très net chez l’enfant), augmentation de l’hyperactivité respiratoire chez 10 à 20% des sujets, exacerbation d’un certain nombre de maladies (asthmes et BPCO) – La pollution particulaire devrait augmenter avec les désertifications (incendies de forêts, nuages de poussières). Les particules provoquent sur le long terme une augmentation des symptômes et une diminution de la fonction respiratoire (notamment chez l’enfant), ainsi qu’un accroissement de la mortalité chez l’adulte (cancer respiratoire). A court terme, on constate une corrélation avec l’augmentation des admissions hospitalières et de la mortalité.
  • Impact des inondations. Les précipitations ont des conséquences sur la qualité de l’habitat en accentuant l’humidité de celui-ci. L’humidité des bâtiments et donc les moisissures sont associées de 30 à 50% à des maladies respiratoires (dont l’asthme). Les inondations accélèrent la prolifération des moisissures et des acariens, affectent la qualité de l’eau et la nutrition, et créent des difficultés d’accès aux soins. En résultent pneumonies, toux, respirations sifflantes, asthme, exposition à des endotoxines ou des COV, voire des mycotoxines.

* « L’OMS face aux enjeux sanitaires du changement climatique », Dr Bettina MENNE, OMS Europe

Le Dr Bettina Menne a présenté la position de l’OMS par rapport aux changements climatiques. Nos habitudes liées aux transports et habitats ont augmenté les gaz à effets de serre. Par ailleurs, les transports sont la 3 e cause de mortalité en Europe. Une diminution de 20% des gaz à effets de serre dûs aux transports correspondrait à un gain de 4 à 7 mois de vie pour les citoyens !
L’OMS a conduit une étude des problèmes sanitaires reconnus par les publications nationales de 53 pays d’Europe. Arrivent en tête l’augmentation de la canicule, les maladies infectieuses et les effets psychosomatiques sur santé mentale (maladies respiratoires et allergies aux pollens ressortent aussi, mais en moindres proportions). En Europe, 1.6 millions de personnes encourent un risque d’inondations. Il est primordial de mettre en place des infrastructures adaptées pour ces régions à risque.
  • Alimentation et sécurité alimentaire. En Europe, nous risquons une augmentation de salmonellose et autres maladies bactériennes associées à l’alimentation. Les maladies véhiculées par l’eau de mer et les eaux recyclées posent un réel problème en Europe. En Méditerranée et Asie centrale, ce sont 16 à 44 million de personnes qui vont avoir des problèmes liés à l’eau potable !
  • Maladies transmises par les animaux. Le principal problème lié aux maladies climatiques concerne les maladies transmises par les animaux. Les experts redoutent un retour de la dengue en Europe. On ne devrait pas avoir de problèmes avec la malaria en Europe, mais on ne sait pas ce qu’il en est des 48 maladies notifiées au niveau national. C’est la raison pour laquelle il faut renforcer la réglementation en Europe.
  • Protéger la santé. Les recommandations OMS aux états membres 12 pays d’Europe ont développé le Plan National D’Adaptation de l’OMS. La plupart des pays ont proposé un renforcement des systèmes d’alertes météo, la surveillance maladies infectieuses, l’amélioration de l’information de la société civile et une consolidation de la législation.
Dans les faits, combien de pays ont réellement implanté ce plan d’action ? Peut être 2 à 4 pays seulement ! Or il y a des actions que les pays pourraient entreprendre sans beaucoup d’investissements : renforcer ce qu’ils ont déjà, développer ce qu’il est facile de développer, comme dans le cas de la canicule. Les systèmes de santé pourraient progresser et devenir plus « verts » (énergies alternatives, gestion des déchets, de l’eau et de l’alimentation). Un système sanitaire plus vert nous permettrait de gagner 15% de notre coût !
Chaque citoyen peut faire beaucoup : s’informer, partager, agir, se protéger, faire un audit carbone personnel, réduire son empreinte carbone et plaider pour des politiques plus simples et plus justes.

 

Session 2 : Sommet international sur le changement climatique de Copenhague – quelle sera la place de la santé

Photo_ASEF_12_novembre_2009_Colloque_Urgence_Sant_Climat_-_Erick_Gey_9

Le second temps fort de ce colloque était consacré à évaluer la place de la santé lors de ce sommet sur le climat des Nations Unies.Seules des décisions politiques pourront apporter une réponse. Nos représentants politiques doivent aujourd’hui répondre en ayant pour but le bien collectif à un enjeu colossal qui s’inscrit dans une perspective de long terme. Seuls, ils n’y parviendront pas, ce n’est que par la mobilisation de chacun d’entre nous, par une coopération transversale d’experts de divers horizons et par des résolutions internationales soutenues par les états que les mesures nécessaires pourront être prises. En cela, le sommet de Copenhague représente un tournant majeur et peut être notre dernière chance de changer.

Table ronde : Organismes internationaux, ONG, société civile, associations : quelles initiatives santé – climat

Modératrice : Dr Sandrine SEGOVIA-KUENY, Présidente de l’ASEIF

Animatrice : Yolaine DE LA BIGNE, Productrice de Néoplanète

* « Initiatives de l’OMS », Dr Sophie BONJOUR, Direction santé publique et environnement de l’OMS

Le Dr Sophie Bonjour a présenté les initiatives de l’OMS pour Copenhague:

– Les changements climatiques ont un visage humain : sensibilisation aux effets du changement climatique sur la santé (grand public, gouvernements et professionnels de santé)

– Co-bénéfices sanitaires aux stratégies d’atténuation : partenariats inter-organisations, développement de nouveaux outils, soutien de la production de données scientifiques

– Rôle clef des systèmes de santé : renforcement des systèmes de santé, reconnaissance des maladies émergentes et guide par l’exemple (réduction de l’empreinte écologique de l’OMS, élaboration de 10 conseils aux professionnels de santé)

* « Résolution de l’Association Médicale Mondiale », Dr Otmar KLOITER, Secrétaire général de l’Association Médicale Mondiale avec Dr Louis-Jean CALLOC’H, Secrétaire général de l’Association Médicale Française

Le Dr Louis-Jean Calloc’h a rappelé l’importance de la prise de conscience des professionnels de santé: « Le corps médical, en plus de sa compétence reconnue à juger des effets médicaux, tient toute révolution environnementale à venir pour inséparable d’une volonté éthique commune. La prise en charge des patients se fait en prenant aussi en compte leurs environnements. Pour l’AMF la voix des médecins et des professionnels de santé doit être entendue, car leur méthodologie scientifique leur impose une démarche éprouvée et validée sur les faits cliniques et épidémiologiques constatés».

* « Ultimatum climatique », M. Serge ORRU, Directeur Général du WWF

Table ronde: Politiques et santé climat, quelles propositions 

Animateur: M. Gilles PIPIEN, Ancien directeur de cabinet de la ministre de l’Ecologie

Modérateur: Dr Patrice HALIMI,Secrétaire général de l’ASEF

Le Dr Patrice Halimi est intervenu en début de séance : «Il est indispensable que tout le monde prenne conscience que les ours polaires ou les tigres du Bengale ne seront pas les seules victimes du changement climatique. Les hommes ne seront pas épargnés. Les populations les plus vulnérables et les plus pauvres seront d’ailleurs les premières touchées. De nouvelles maladies et épidémies pourraient voir le jour et nous mettraient face à des situations similaires à celle engendrée par l’épidémie de grippe A. Il est donc essentiel de réagir. Si la fin du XXème a été marquée par la conquête spatiale, ce début de 21émé siècle doit être celui de la reconquête de la Terre».
  • François GROSDIDIER, UMP
  • Chantal Brault, MODEM
  • Noël MAMERE, VERTS

Les intervenants présents se sont exprimés sur leur prise de conscience face au changement climatique, les projets qu’ils souhaitaient porter et de quelle façon ils comptaient nous représenter. Ils étaient d’accord sur le fait que nos représentants politiques doivent aujourd’hui se positionner pour le bien collectif sur le long terme.

Le Dr Claudie Haigneré, Présidente de la Cité des Sciences, Ancienne Ministre et Astronaute, a apporté sa conclusion à cette journée exceptionnelle.