Les brèves de l'ASEF-SPECIAL COVID-19- 17 AVRIL 2020

Bonjour à toutes et à tous,

Actualité oblige, ces nouvelles brèves sont à nouveau consacrées à l’épidémie de Covid-19 avec l’analyse du Dr Thomas Bourdrel des dernières études sur la mortalité liée à la pollution de l’air et enfin un article sur le rôle de la biodiversité dans l’émergence des épidémies.

La pollution de l’air augmente significativement le risque de décès liés au Covid-19, par Dr Thomas Bourdrel, radiologue, membre actif de l’ASEF et fondateur du collectif « Strasbourg Respire ».

 

Alors que plusieurs études avaient démontré un lien entre taux de mortalité par infection virale SRAS-1 et taux de particules fines, voilà que deux études démontrent des résultats similaires entre le fait d’avoir été exposé plusieurs années à des taux de pollution élevés et le risque de décéder du Covid-19.

Ainsi, en Italie, le taux de décès par Covid-19 est de 12% dans le Nord, région la plus polluée, alors qu’il n’est que de 4,5% dans d’autres régions moins polluées [1]. Mais le nord de l’Italie concentre également une plus grande proportion de personnes âgées alors le doute persistait… jusqu’à ce que la faculté d’Harvard  vienne mettre tout le monde d’accord :

Cette étude américaine s’est penchée sur plus de 3000 comtés et a démontré que pour une exposition à long terme aux particules fines pendant 15-20 ans, une simple augmentation de 1 µg/m3 en particules fines augmente de 15% le taux de mortalité par Covid-19 [2].

L’exposition chronique à la pollution de l’air en fragilisant notre système immunitaire, respiratoire et cardio-vasculaire nous rend donc bien plus fragiles face au Covid-19.

Une grande partie des décès par Covid-19 s’explique également par une réponse inflammatoire-immunitaire exagérée, disproportionnée, parfois appelé « orage cytokinique », qui conduit à une défaillance multi-viscérale. L’exposition aux polluants de l’air entraîne également une réponse inflammatoire chronique (IL 1,6, TNF..), ce qui fait dire aux scientifiques que la pollution de l’air pourrait également favoriser cet orage cytokinique [1].

Enfin, il a été démontré que de nombreux virus sont transportés par les particules fines mais ça c’est une autre histoire.

Affaire à suivre.

La biodiversité en danger : un lien avec l’émergence de maladies infectieuses ?

Nombreux sont les chercheurs pour qui ce lien est évident.

Dans un article du Monde [3], nous apprenons que début 2018, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait établi une liste de pathologies potentiellement responsables d’un  «danger international » ; une « maladie X » y était inscrite. « La maladie X, disions-nous à l’époque, résulterait probablement d’un virus d’origine animale et émergerait quelque part sur la planète où le développement économique rapproche les humains et la faune », explique Peter Daszak, qui a pris part aux discussions de l’OMS et préside EcoHealth Alliance. Il poursuit : «La maladie X se propagerait rapidement et silencieusement ; exploitant les réseaux de voyage et de commerce humains, elle atteindrait plusieurs pays et serait difficile à contenir».

Les épidémies n’ont eu de cesse d’augmenter depuis 1940, avec un pic au cours des années 1980.

D’après Kate Jones, professeure d’écologie et de biodiversité à l’University College de Londres : «Un certain nombre de facteurs, dont beaucoup sont intimement liés à l’accroissement de l’impact humain sur les écosystèmes ».

Parmi ces facteurs, la déforestation en Asie, au Brésil ou en Afrique par exemple, conversion des terres agricoles et l’intensification. C’est ainsi que les populations se rapprochent de plus en plus de la faune sauvage.

Jean­-François Guégan, spécialiste de la transmission des maladies infectieuses à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) et à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) y explique que l’appauvrissement des écosystèmes empêche les espèces, qui jouent un rôle de barrières naturelles ou d’épurateurs, de détruire un virus ou de ne pas le reproduire.  « Elles jouent un rôle de cul-­de-sac épidémiologique de rempart » ajoute-t-il.

«Les changements agricoles, la destruction des habitats naturels et l’élevage industriel favorisent des ponts épidémiologiques de l’animal sauvage à l’animal d’élevage et à l’homme» argumente Serge Morand, écologue de la santé et chercheur au CNRS-­Cirad basé en Thaïlande.

Si la diversité géné­tique au sein de mêmes espèces joue un rôle protecteur face aux agents pathogènes, l’élevage intensif simplifie le génome, uniformise ces espèces et contribue à une circulation des épidémies. S’ajoute à ce facteur, la mondialisation et la concentration des populations dans les grandes villes.

Serge Morand conclue : «Il faut faire une vraie transition écologique, remettre l’agriculture au centre des terroirs. Agir localement, travailler avec les communautés» Il faut saisir « la main tendue » par le Green Deal proposé par la Commission européenne ajoute-t-il.

Plutôt que d’avoir une «approche très curative » comme le déplore Jean­-François Guégan, une science prédictive davantage centrée sur les origines de ces pandémies serait tout indiquée.

La preuve en est que les associations environnementales comme l’ASEF en sont convaincues : nous avons envoyé début avril à Monsieur Véran, Ministre de la Santé et des Solidarités et Mme Borne, Ministre de la Transition Ecologique et Solidaire, une LETTRE commune avec les associations FNE et Humanité et Biodiversité au sujet des actions santé et biodiversité du 4ème plan National Santé et Environnement.

Il est en effet essentiel de ne pas relâcher la pression quant à ses questions d’autant plus que nous apprenons que le « Green Deal » ou le Pacte Vert pour l’Europe souffre de manœuvres par des lobbies industriels et certains gouvernements des Vingt-Sept, pour l’affaiblir, en raison de la pandémie actuelle.

Petit point agenda :

 

En raison de la crise sanitaire actuelle:

REPORT. Le congrès « Un autre regard sur le cancer », organisé par le Centre Ressource, initialement  prévu le 30 mai a été reporté au Samedi 12 septembre, à Aix-en-Provence.

Pour vous inscrire : https://www.atoutcom.com/portfolio/uarc/

 

Avant de clore ces brèves, nous vous rappelons que l’ASEF soutient l’Appel des Coquelicots qui demande l’interdiction de tous les pesticides de synthèsehttps://nousvoulonsdescoquelicots.org/l-appel/

 

SOURCES

[1]https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0269749120320601?via%3Dihub

[2] https://www.hsph.harvard.edu/news/hsph-in-the-news/air-pollution-linked-with-higher-covid-19-death-rates/

[3] « Les maladies émergentes favorisées par la dégradation de la biodiversité », Perrine Mouterde, Le Monde, 8 avril 2020, p.20

A bientôt pour les prochaines brèves.

Prenez soin de vous et de vos proches et restez chez vous!

Le Club des 10 de l’ASEF