Les brèves de l'ASEF du 20 décembre 2019

Bonjour à toutes et à tous,

Au menu de ces brèves, focus sur les pesticides : les SDHI et le chlordécone . Bonne lecture !

SDHI : l’avertissement des lanceurs d’alertes entendu et validé

Tout commence fin 2017 : une dizaine de chercheurs de plusieurs organismes (INRA, Inserm, CNRS, etc.) alertent les autorités sanitaires françaises sur ces fameux SDHI (inhibiteurs de la succinate déshydrogénase), une famille de fongicides, de plus en plus répandus dans l’agriculture. C’est le 7 novembre que ces lanceurs d’alerte publient dans la revue PLOS One [1], le résultat de leurs recherches et leurs sérieuses inquiétudes.

Le 19 novembre paraît l’avis du CNDaspe (Commission Nationale Déontologie et Alertes en Santé Publique et Environnement) relatif au signalement de ces chercheurs. Selon elle, « les données scientifiques présentées par l’équipe de chercheurs sur les dangers des fongicides SDHI sont de qualité et posent un doute sérieux sur des dangers qui ne sont pas actuellement pris en compte dans les procédures de toxicologie appliquées selon la réglementation européenne concernant la mise sur le marché des produits phytosanitaires.». Par ailleurs, elle appelle à poursuivre les recherches sur les éventuels risques induits chez l’homme lors de l’exposition à ces SDHI. C’est ainsi que l’alerte est lancée.

L’ANSES, de son côté, a «traité le signalement qui lui a été communiqué par l’équipe de chercheurs de manière réactive et approfondie, notamment en informant les autorités compétentes européennes, américaines et les agences correspondantes dans les Etats-membres de l’Union » d’après cette commission.

Alors pourquoi tant de méfiance ? Quel est le mécanisme de ces fongicides ?

Ils bloquent la succinate déshydrogénase, une enzyme très présente dans le monde vivant. L’inquiétude provient du fait qu’elle pourrait également toucher les mammifères, dont l’homme. Les travaux de ces chercheurs montrent aussi qu’une diversité d’organismes comme l’abeille domestique, le lombric serait touché par ces SDHI.

Il a été démontré que ces pesticides étaient capables de bloquer la respiration cellulaire des cellules humaines in vitro et provoqueraient la mort cellulaire en fonction du temps d’exposition.

On rencontre le dysfonctionnement de cette enzyme dans des pathologies humaines notamment les maladies neurodégénératives (Alzheimer, Parkinson…) et certains cancers.

L’ASEF a signé l’appel de Pierre Rustin, un des lanceurs d’alerte, biochimiste, directeur de recherche au CNRS et responsable de l’Unité INSERM « Physiopathologies et Thérapie des Maladies Mitochondriales ». Une tribune en lien avec cet appel devrait être publiée en janvier dans « Le Monde ».

Les études sur le chlordécone jugées insuffisantes

 

Suite à l’audition de la ministre de de la Santé, Mme Buzyn, devant la commission d’enquête parlementaire sur l’utilisation du chlordécone et du paraquat le 14 octobre, Dr Jos-Pelage, présidente de l’AMSES (Association Médicale pour la Sauvegarde de l’Environnement et de la Santé), de l’ASEM (Association Santé Environnement Martinique) et au premier rang de la prise de conscience du scandale de ce pesticide,  nous a fait part de ses réactions.

Elle fait état de l’absence d’action forte de l’Etat dans la mise en évidence du lien entre exposition au chlordécone et le risque de cancer de la prostate et sa mauvaise volonté à libérer pour les agriculteurs des terres domaniales ou les terres en friche (plus de 50% des terres, appartenant à l’état ou sous la «haute protection» de l’ONF) indemnes de chlordécone. Cette véritable réforme agraire permettrait de ne plus être contaminé par ce pesticide dont on rappelle qu’il est interdit depuis les années 1990.

L’INca (Institut national du cancer) a annoncé le 28 novembre, le lancement d’un « nouveau programme de recherche» sur cinq ans, à la demande du ministère de la Santé, sur ce lien entre chlordécone et le cancer de la prostate. Fort bien, mais plutôt que de définir seulement des doses maximales admissibles, qui, pour un produit chimique ayant une activité perturbatrice endocrinienne peuvent ne pas être protectrice, il faut aux Antilles des décisions majeures.

Nous approfondirons ce sujet lors d’une prochaine brève début 2020.

EN BREF

Suite à l’envoi de la lettre au premier ministre et à Mmes Buzyn et Borne et M. Guillaume, demandant la publication des résultats de la consultation publique concernant «le nouveau dispositif de protection des riverains vis-à-vis de l’utilisation des produits phytosanitaires», ces derniers ont certifié que les conclusions seront bien diffusées début 2020.

Avant de clore ces brèves, nous vous rappelons que l’ASEF soutient l’Appel des Coquelicots qui demande l’interdiction de tous les pesticides de synthèse: https://nousvoulonsdescoquelicots.org/l-appel/

Petit point agenda :

 

 Le 10 janvier, l’ASEF sera présente devant 500 lycéens d’un établissement à Gignac pour parler d’alimentation.

Nous vous donnons rendez-vous le 10 janvier pour les prochaines brèves, après une pause de l’ASEF.

D’ici là, passez d’excellentes fêtes de fin d’année!

Le Club des 10 de l’ASEF