Les brèves de l'ASEF- 15 janvier 2021

Bonjour à toutes et à tous,


Nous vous présentons tout d’abord nos meilleurs vœux pour cette nouvelle année. Une bonne santé en priorité !
Au menu de ces premières brèves de 2021, des microplastiques dans des placentas humains et le projet BEMOL. Bonne lecture !

Présence de microplastiques dans des placentas humains

 

Une étude de chercheurs italiens parue dans Environment International [1] montre pour la première fois, la présence de microplastiques dans des placentas humains.

Les microplastiques (MP) sont des particules inférieures à cinq millimètres résultant de la dégradation d’objets en plastique présents dans l’environnement. Ils peuvent passer de l’environnement aux organismes vivants.

Dans cette étude réalisée à l’hôpital Fatebenefratelli de Rome, six placentas humains, collectés auprès de femmes consentantes avec des grossesses physiologiques, ont été analysés par Raman Microspectroscopy pour évaluer la présence de MP. Au total, 12 fragments microplastiques (de 5 à 10 μm de taille), de forme sphérique ou irrégulière ont été retrouvés dans 4 placentas (5 côté fœtal, 4 côté maternel et 3 dans les membranes chorioamniotiques) ; leur taille est compatible avec un éventuel transport par voie sanguine. Les voies d’entrée peuvent être les voies respiratoires et gastrointestinales. Ces MP, une fois à l’intérieur du corps humain, peuvent donc atteindre les tissus placentaires à tous les niveaux.  La présence de pigments dans tous les MP analysés s’explique par la large utilisation de ces composés pour colorer non seulement les produits en plastique, mais aussi les peintures et les revêtements.

Seuls 4% environ de chaque placenta a été analysé, ce qui suggère que la quantité totale de microplastiques pourrait être beaucoup plus élevée. 

Il existe une grande variabilité dans l’expression et la fonction des transporteurs placentaires de médicaments, à la fois au sein des populations humaines (variabilité interindividuelle) et également pendant la gestation (variabilité intra-individuelle) [1]. Les auteurs supposent que cette variabilité existe également en relation avec le mécanisme d’internalisation des particules car il n’a pas été retrouvé de MP dans deux des échantillons de placenta.

Les microplastiques transportent avec eux des substances qui agissent comme des perturbateurs endocriniens et pourraient avoir des effets à long terme sur la santé humaine. Les auteurs précisent en conclusion que les conséquences possibles sur l’issue de la grossesse et le fœtus sont les effets transgénérationnels du plastifiant sur le métabolisme et la reproduction  [1] et que d’autres études doivent être réalisées pour évaluer si la présence de MP dans le placenta humain peut déclencher des réponses immunitaires ou entraîner la libération de contaminants toxiques,  nocif pour la grossesse.

En octobre dernier, une étude menée par le Trinity College de Dublin [2] avait révélé que les bébés avalaient des millions de microparticules de plastique par jour en buvant dans leur biberon en polypropylène, sans en connaître les effets ni si la dose de microplastiques constituait un risque pour la santé des bébés. 

Pascal-Emmanuel BOULANGER, docteur en Pharmacie. 

Dr Pierre Souvet, cardiologue, Président de l’ASEF.

Projet BEMOL

 

Conscient de l’omniprésence dans notre environnement de substances de synthèse plus ou moins toxiques, d’où émergent les perturbateurs endocriniens que l’on rencontre dans toutes les circonstances de notre vie, de très nombreux scientifiques s’attachent à étudier, à mesurer, l’influence de ces produits à la fois sur l’environnement, la biodiversité et la santé humaine.

L’ASEF, en tant qu’association non académique est intéressée au développement de ces recherches et apprécie de soutenir certains de ces projets.

Associant l’INRAE, le CHU de Tours et le BGRM, le projet BEMOL, coordonné par Sébastien Elis, a été présenté en avril 2017. Intitulé BEMOL (Bisphenols: occurrence Environnementale, interaction Métabolique et effet sur la gOnadefemelLe), il a 3 objectifs principaux :

  • Déterminer les niveaux d’exposition aux différents Bisphénols, en particulier BPA et les Bisphénols de substitution S et F dans les eaux de la Région Centre-Val de Loire d’une part et durant les procédures de fécondation in-vitro d’autre part.
  • Apprécier les effets du BPS sur les cellules ovariennes chez la brebis et la femme
  • Apprécier l’impact du statut métabolique sur les effets du BPS.

1/ Les mesures des Bisphénols dans l’eau ont montré l’absence de Bisphénols en quantité significative excepté dans l’eau de abreuvoirs pour les brebis ; ceci en raison des tuyaux en plastique les alimentant, le forage desservant ces abreuvoirs ne montrant pas de taux significatif.

2/ Sur les cellules ovariennes de la brebis et de la femme, l’étude conclut que le BPS entraine une altération de la qualité des ovocytes

  • Chez la brebis, le BPS affecte le clivage des ovocytes et diminue le taux de blastocytes
  • Le BPS diminue aussi la sécrétion de progestérone et ceci chez la femme comme chez la brebis
  • Le BPS diminue aussi la sécrétion d’estradiol avec, chez la femme, un effet différent par rapport à la brebis.

L’équipe de Sébastien Elis a publié ces résultats en 2020 :

Bisphenol A and S impaired ovine granulosa cell steroidogenesis [3]

Bisphenol S Impaired Human Granulosa Cell Steroidogenesis in Vitro [4]

L’évaluation du risque d’exposition aux bisphénols durant les procédures de production d’embryons animale et humaine a montré quant à elle, l’absence de relargage de Bisphénols à partir du matériel consommable en plastique mais par contre la présence de BPS dans tous les milieux de culture testés à des concentrations significatives (>15 x Limite de Quantification), d’autres Bisphénols ne dépassant pas ce seuil.

Compte tenu des effets du BPS sur les cellules ovariennes et sur la stéroïdogénèse, la présence de cet élément dans les milieux de culture soulève la question du rôle éventuel du BPS dans l’échec de certaines FIV, question qui suscitera certainement de nouveaux travaux.

L’équipe de Sébastien Elis vient donc de publier ces travaux (janv 2021) dans la revue Human Reproduction :

Bisphenol S is present in culture media used for ART and cell culture [5]

3/ Sur l’influence que pourrait avoir un statut métabolique déséquilibré sur les effets perturbateurs d’une exposition chronique au BPS sur l’ovocyte, le projet, développé sur 60 brebis et sur des données épidémiologiques chez la femme, ne permet pas encore de conclure. La diminution de la sécrétion de progestérone chez les femmes à IMC élevé ainsi que chez les femmes jeunes est à confirmer.

On peut être sûrs que des travaux sur ce sujet important par cette équipe de recherche vont se développer sur ce sujet dans un proche avenir.

Dr Jean Lefèvre, cardiologue, porte-parole de l’ASEF

Les dernières publications de l’ASEF

 

Actualité oblige, téléchargez notre mini-guide  mini-guide  « COVID – 19 > LES BONS GESTES ÉCO-RESPONSABLES À ADOPTER ».

 

Conseils à retenir : AEREZ +++ en grand et plusieurs fois par jour ! Prendre de la Vitamine D (conseillée par l’Académie de Médecine ) et du Zinc pour stimuler vos défenses immunitaires

Petit point agenda :

 

  • A partir du 6 janvier 2021, Corine Flesia, référente santé-environnement WECF PACA, propose aux professionnels de santé libéraux et aux personnels de PMI, une série d’ateliers pratiques en santé environnementale, en visioconférence qui ont pour objectif d’apporter des connaissances et des conseils pratiques à transmettre auprès des futurs et jeunes parents.

    Pour consulter le programme et vous inscrire, c’est ICI

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A bientôt pour les prochaines brèves

Prenez soin de vous et de vos proches !

Le Club des 10 de l’ASEF

SOURCES

[1] Antonio Ragusa, Alessandro Svelato, Criselda Santacroce et al., Plasticenta: First evidence of microplastics in human placenta, Environment International, Volume 146, 2021,106274,ISSN 0160-4120, https://doi.org/10.1016/j.envint.2020.106274

[2] Li, D., Shi, Y., Yang, L. et al. Microplastic release from the degradation of polypropylene feeding bottles during infant formula preparation. Nat Food 1, 746–754 (2020). https://doi.org/10.1038/s43016-020-00171-y

[3] Ophélie Téteau , Manon Jaubert, Sébastien Elis et al., Bisphenol A and S impaired ovine granulosa cell steroidogenesis, Reproduction, Mai 2020, https://rep.bioscientifica.com/view/journals/rep/159/5/REP-19-0575.xml

[4] Amar S, Binet A, Téteau O, Elis S., Bisphenol S Impaired Human Granulosa Cell Steroidogenesis in Vitro. Int J Mol Sci. 2020 Mar 6;21(5):1821. doi: 10.3390/ijms21051821 https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32155818/

[5] Togola A, Desmarchais A, Téteau O,et al., Bisphenol S is present in culture media used for ART and cell culture, Human Reproduction, Janv 2021,  https://europepmc.org/article/MED/33421069