12 février 2021

Impact de l'exposition alimentaire du glyphosate sur le microbiote

Le glyphosate, dont la ré-autorisation en Europe pour 10 ans en 2017 avait finalement été réduite à 5 ans, est donc en cours de ré-évaluation pour cette échéance en 2022.

Une équipe internationale européenne, menée par Robin Ménasge et Michael Antoniou a publié le 27 janvier dans Environment Health Perspective une étude originale sur l’impact de l’exposition alimentaire à cet herbicide et à sa version commercialisée ROUNDUP MON sur le microbiote intestinal d’un échantillon de rats de laboratoires. L’étude portait sur les modifications de ce microbiote par la caractérisation génomique des bactéries retrouvées (étude multi-omique) et sur la détection de leurs métabolites et leurs modifications à la fois dans le caecum et dans le sang (approche métabolique).

Les rats étaient exposés à différentes doses de Glyphosate et de ROUNDUP MON, les plus faibles étant considérées comme « sans effet » par les autorités règlementaires : 0.5, 50 puis 175mg/Kg de Glyphosate et les doses correspondantes de ROUNDUP pendant 90 jours.

L’étude muli-omique du microbiote a montré des modifications même à la dose la plus faible considérée comme admissible : prolifération de certaines bactéries parfois induite par les deux produits, parfois favorisées uniquement par le ROUNDUP. Certaines pourraient favoriser des pathologies, par exemple Eggerthella associée à la cirrhose hépatique selon certains auteurs (Nayfach et al 2019). Il n’a pas été constaté, par contre, d’action antibiotique.

L’action des deux produits sur le microbiote entraine aussi des modifications des métabolites (métabolome). Le blocage par le glyphosate et le ROUNDUP de la voie de l’acide shikimique, voie de biosynthèse de certains acides aminés aromatiques, présente chez les végétaux est le mode d’action de ces produits ; mais cette voie est aussi présente chez les bactéries et ce blocage entraine une accumulation d’acide shikimique. Celui-ci, non métabolisé, s’accumule alors dans les intestins même à un niveau d’exposition à la dose journalière admissible pour les humains. On peut noter que l’acide shikimique a été suspecté de favoriser certains cancers, gastriques et œsophagiens (Evans 1974 ; Wilson 1998), cancers du sein (Ma et Ning 2019).

D’autre métabolites, induits par l’action des deux produits sur le microbiote, sont retrouvés dans l’intestin mais aussi dans le sang. Ceux-ci sont associés à des marqueurs de stress oxydatif (nicotinamide, cystéine, taurine …), y compris pour le ROUNDUP, chez les animaux exposés aux doses les plus faibles. Le CIRC avait déjà identifié ce mécanisme par lequel le Glyphosate était susceptible d’être cancérigène.

Cet article apporte donc un éclairage supplémentaire sur les effets délétères probables du Glyphosate et de ses dérivés et justifie encore la méfiance avec laquelle on doit considérer la demande européenne de ré-autorisation de ces produits.

Dr Jean Lefèvre, cardioloque et porte-parole de l’ASEF

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