PFAS dans l’eau du robinet : le Dr Pierre Souvet invité du Mag de la Santé
Le Dr Pierre Souvet, président de l’ASEF, était l’invité le 3 décembre du Mag de la Santé, pour réagir à la publication du nouveau rapport de l’ANSES révélant une présence généralisée des PFAS dans l’eau distribuée en France.
Un constat alarmant :
Le TFA, un PFAS à chaîne courte, est détecté dans 92 % des 627 prélèvements analysés — soit une exposition concernant environ 20 % de la population française.
Issu de la dégradation de PFAS « précurseurs », il provient :
• d’objets du quotidien (vêtements, ustensiles de cuisine, cosmétiques…),
• de plus de 10 % des pesticides épandus,
• de sources industrielles.
Jusqu’ici, il n’était pas recherché : seuls 20 PFAS étaient surveillés dans l’eau destinée à la consommation, alors que la famille en compte des milliers. Les données scientifiques disponibles sur sa toxicité restent encore limitées.
D’autres PFAS, dont la toxicité est mieux documentée, sont également retrouvés :PFHxS : 21,7 % ; PFOS : 19,1 % ; PFHxA : 16,1 %.
Un enjeu majeur de santé publique
Les effets avérés ou suspectés des PFAS sur la santé sont nombreux : augmentation du cholestérol, faible poids de naissance, altération de l’immunité, atteintes hépatiques, cancers (rein, testicule, possiblement sein)…
Malgré les alertes de l’ANSES, les ARS ont très rarement utilisé les leviers permettant d’identifier les sources de contamination (industries, zones agricoles utilisant des pesticides contenant des PFAS…).
Ce que recommandent les rapports récents
Le Haut Conseil à la Stratégie & au Plan et le dernier rapport global de l’ANSES :
- reconnaissent les PFAS comme une priorité sanitaire ;
- demandent d’élargir la surveillance à davantage de molécules ;
- préconisent d’en rechercher la présence dans l’air, l’eau, le sol, l’alimentation et l’humain ;
- appellent à une réduction stricte à la source.
À ce jour, l’interdiction ne concernera en 2026 que les vêtements, les cosmétiques et les farts de ski.
Mais d’autres sources majeures doivent être ciblées : PFAS au contact des aliments, mousses anti-incendie, pesticides contenant des PFAS…
PFAS dans l’alimentation : un autre signal d’alerte
Selon la compilation des données officielles (2024) par Générations Futures :
• 34 % des fruits non bio contiennent au moins un résidu de pesticide PFAS ;
• 21 % des légumes également.
Plus que jamais, il est essentiel de privilégier l’alimentation biologique, recommandation nutritionnelle officielle de l’État, et de la rendre accessible à tous.
Le rôle indispensable des Agences Régionales de Santé
Les ARS , dont la mission est d’agir au plus près des besoins des populations, doivent pleinement se saisir de cet enjeu pour identifier les sources de contamination, protéger les territoires exposés et renforcer la surveillance et la prévention.
