11 septembre 2025

Bouger plus au bureau : la clé d’une meilleure santé

En avril 2024, le gouvernement a fait de la lutte contre la sédentarité une grande cause nationale, en lançant les « Journées pour une France en forme »[1]. L’objectif : alerter sur un phénomène discret mais massif, qui touche toutes les générations. Selon l’Anses, 95 % de la population est exposée à un risque de détérioration de la santé par manque d’activité physique et/ou un trop long temps passé assis[2] et un peu plus d’un tiers des adultes dépassent les 8 heures quotidiennes de postures sédentaires[3].

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, le manque d’activité physique est le 4ème plus important facteur de risque de décès dans le monde. C’est dans le monde du travail que ce problème prend toute son ampleur. Le télétravail, la généralisation des écrans et les nouvelles formes d’organisation du travail n’ont fait qu’accentuer cette tendance. Mais si l’environnement professionnel est en partie responsable de cette inactivité prolongée, il peut aussi devenir un levier puissant de changement.

Rester assis tue : comprendre la sédentarité

La sédentarité se définit par une situation d’éveil caractérisée par une dépense énergétique proche de la dépense énergétique de repos en position assise ou allongée. En France, un adulte passe en moyenne 7 heures par jour assis, et ce chiffre grimpe jusqu’à 12 heures les jours travaillés[4].

Les conséquences sont visibles : douleurs musculo-squelettiques, troubles du sommeil, fatigue accrue, mais aussi un impact sur la santé mentale. À long terme, la sédentarité augmente significativement les risques de maladies chroniques et de mortalité prématurée, au point que certains experts la surnomment désormais le « nouveau tabac » (« sitting is the new smoking »)[5]. Cette inactivité prolongée est aujourd’hui considérée comme un véritable enjeu de santé publique : selon les chiffres du CNRS datant de 2024 elle augmente les risques de maladies cardiovasculaires de 84 %, de diabète de type 2 de 112 %, de certains cancers (sein, colon…), mais aussi de dépression (+ 31 %), d’anxiété et de troubles musculo-squelettiques (+ 36 %)[6]. À long terme, la sédentarité accroît même le risque de mortalité prématurée[7].

Pourtant, contrairement à d’autres fléaux de santé publique, ce danger reste largement sous-estimé : près de trois quarts des Européens en ignorent encore les risques[8]. Il faut dire que beaucoup de personnes confondent sédentarité avec inactivité physique. Une activité physique correspond à tout mouvement corporel produit par la contraception des muscles squelettiques entrainant une dépense énergétique supérieure à celle de repos[9]. Il est donc tout à fait possible d’être sédentaire et actif physiquement. Cependant les risques sont majorés lorsque le manque d’activité physique et l’excès de sédentarité sont cumulés[10].

Le travail de bureau, moteur caché de l’inactivité

Le monde professionnel, en particulier dans le secteur tertiaire et avec le développement du télétravail, contribue fortement à ce phénomène. Les employés de bureau passent en moyenne 75 % de leur temps de travail assis, souvent devant un écran[11]. Ces postures prolongées favorisent douleurs cervicales, fatigue visuelle, obésité, hypertension, et diminuent la concentration et les performances cognitives[12].

Les cadres et les professions intellectuelles supérieures sont particulièrement impactés par le phénomène de sédentarité. Hors du temps de sommeil, les personnes ayant ce type de poste passent près de 29% de leur vie devant un écran, ce qui correspond à l’équivalent de 15 années ![13] La profusion des postes en télétravail et sur écran, accentué depuis la pandémie de Covid-19, pose ainsi la question de comment adapter notre mode de travail pour limiter la sédentarité au sein des salariés. Cette problématique est d’autant plus importante qu’elle impacte en particulier les jeunes générations (18/44 ans). Les personnes ayant entre 18 et 44 ans passent pour 42 % d’entre elles plus de 8 heures par jour dans une posture sédentaire[14].

Quelles astuces pour protéger ses équipes de la sédentarité ?

Face à ce constat, les entreprises disposent de leviers efficaces :

  • Changer les habitudes organisationnelles : instaurer des réunions debout, prévoir des pauses actives de 5 minutes toutes les 30 minutes ou 10 minutes toutes les heures, encourager les échanges téléphoniques en marchant.
  • Adapter l’environnement de travail : proposer du mobilier actif (bureaux assis-debout, vélos-bureaux, sièges ballons), mettre à disposition des espaces ou accessoires favorisant le mouvement. Une bonne aération des locaux ainsi qu’une vue dégagée ont également des effets positifs sur la santé tant physique que mentale
  • Favoriser la verdure au sein de l’établissement : d’après l’Observatoire de la prévention de l’Institut de Cardiologie de Montréal des études scientifiques, les plantes d’intérieur permettent de réduire le stress psychologique et physiologique, d’augmenter l’attention et la concentration mais aussi la créativité et la productivité.
  • Sensibiliser et motiver : diffuser des messages d’information, organiser des ateliers de prévention, envoyer des alertes pour rappeler de se lever régulièrement. Les managers peuvent jouer un rôle clé en devenant des ambassadeurs de ces nouvelles pratiques.

Ces initiatives ne sont pas seulement bénéfiques pour la santé : elles améliorent aussi la productivité, la concentration et le bien-être des équipes.

Des gestes simples pour bouger plus chaque jour

Si les entreprises ont un rôle à jouer dans la lutte contre la sédentarité, il est fondamental que chaque personne agisse en faveur de leur santé. Chacun peut ainsi agir à son niveau pour limiter l’impact de la sédentarité :

  • Adapter les postures de travail : se lever pour passer un appel et lire un document debout par exemple sont des possibilités que chaque employé peut mettre en place dans son quotidien pour limiter les postures sédentaires dans le cadre d’un travail de bureau.
  • Rester actif le plus possible : des alternatives sont possibles pour tenter de limiter les postures sédentaires comme effectuer des micro-pauses d’étirement ou comme privilégier les escaliers à l’ascenseur.
  • Programmer une alarme toutes les 30 minutes pour penser à bouger : si les périodes de sédentarité sont interrompues par de courtes périodes (minimum 1min) de position debout ou mieux par une activité physique d’intensité légère toutes les heures les effets délétères de la sédentarité sont réduits[15].
  • Profiter des trajets pour marcher ou pédaler, même partiellement (descendre un arrêt plus tôt, faire ses courses à pied). Il est d’ailleurs fortement conseillé de marcher dans la nature (campagne, parc…) : 20 à 30 minutes de marche dans la nature entraînent une diminution du cortisol (l’hormone du stress) de 18%[16].

Ces petits changements réguliers sont plus efficaces qu’une unique séance de sport quotidienne pour compenser les longues heures assises. L’idéal serait de bouger toutes les 30 minutes ou du moins limiter une posture sédentaire à pas plus de 5 heures[17]. Pour rappel, une activité physique régulière réduit la mortalité prématurée de 30% comme les risques de maladies cardio-vasculaire[18]. On observe également une diminution des facteurs favorisant l’apparition de cancers, du diabète et permet aussi d’améliorer la qualité du sommeil et l’intégration sociale[19].

La sédentarité n’est pas une fatalité, même dans un environnement professionnel où les contraintes semblent lourdes. Les entreprises ont un rôle clé à jouer en repensant l’organisation du travail et l’aménagement des espaces, mais chaque salarié peut aussi, par de petits gestes quotidiens, limiter les effets délétères de l’inactivité. Se lever régulièrement, marcher, s’étirer : autant de réflexes simples qui, cumulés, font la différence. En transformant nos habitudes, il devient possible de protéger notre santé, tout en gagnant en énergie et en efficacité. Après tout, bouger un peu plus au bureau, c’est investir dans notre avenir.

 

[1] SANTI Pascale, « On se lève tous pour… faire baisser sa tension artérielle », Le Monde, 26/04/2024 ; URL : On se lève tous pour… faire baisser sa tension artérielle

[2] « Lutte contre la sédentarité : mieux bouger au travail ! », Pôle Santé Travail Métropole Nord, 18/08/2022 ; URL : Lutte contre la sédentarité : bougez plus au travail ! | PÔLE SANTÉ TRAVAIL

[3] Webinaire du Dr. Pierre Souvet pour Préventica ; « Prévention de la sédentarité et de l’inactivité physique au travail : un partenariat gagnant salariés-entreprises », 28/05/2024 ; URL : Prévention de la sédentarité et de l’inactivité physique au travail : un partenariat gagnant salariés-entreprises | Préventica

[4] Centre d’études pour le développement, l’innovation et la prospective en ressources humaines, « La sédentarité en milieu professionnel : un défi pour la santé et la productivité », Ministères Aménagement du Territoire Transition Écologique, 24/09/2024 mis à jour le 11/08/2025 ; URL : La sédentarité en milieu professionnel : un défi pour la santé et la productivité | Secrétariat Général – DRH – Centre ministériel de valorisation des ressources humaines

[5] LANDAIS Laurraine, JELSMA Judith, DOTINGA Idske, TIMMERMANS Danielle, VERHAGEN Evert & DAMMAN Olga, « Office workers’ perspectives on physical activity and sedentary behaviour: a qualitative study », BMC Public Health, 30/03/2022 ; URL : Office workers’ perspectives on physical activity and sedentary behaviour: a qualitative study | BMC Public Health | Full Text

[6] Webinaire du Dr. Pierre Souvet pour Préventica ; « Prévention de la sédentarité et de l’inactivité physique au travail : un partenariat gagnant salariés-entreprises », 28/05/2024 ; URL : Prévention de la sédentarité et de l’inactivité physique au travail : un partenariat gagnant salariés-entreprises | Préventica

[7] Ibid.

[8] « Sédentarité : chiffres-clés et infographies », Comité Départemental d’Éducation et de Promotion de la Santé (CODEPS) Bouches-du-Rhône, 06/02/2024 ; URL : Sédentarité : chiffres-clés et infographies

[9] Webinaire du Dr. Pierre Souvet pour Préventica ; « Prévention de la sédentarité et de l’inactivité physique au travail : un partenariat gagnant salariés-entreprises », 28/05/2024 ; URL : Prévention de la sédentarité et de l’inactivité physique au travail : un partenariat gagnant salariés-entreprises | Préventica

[10] Ibid.

[11] PARRY Sharon &STRAKER Leon, « The contribution of office work to sedentary behaviour associated risk », BMC Public Health, 04/04/2013 ; URL : The contribution of office work to sedentary behaviour associated risk | BMC Public Health | Full Text

[12] MAGNON Valentin, VALLET Guillaume & AUXIETTE Catherine, « Sedentary Behavior at Work and Cognitive Functioning: A Systematic Review », Frontiers Public Health, 31/08/2018 ; URL : Frontiers | Sedentary Behavior at Work and Cognitive Functioning: A Systematic Review

[13] Webinaire du Dr. Pierre Souvet pour Préventica ; « Prévention de la sédentarité et de l’inactivité physique au travail : un partenariat gagnant salariés-entreprises », 28/05/2024 ; URL : Prévention de la sédentarité et de l’inactivité physique au travail : un partenariat gagnant salariés-entreprises | Préventica

[14] Ibid.

[15] « Petit guide santé de l’activité physique et environnement », ASEF, 28/06/2024 ; URL : Le petit guide santé de l’activité physique et environnement | Association Santé Environnement France

[16] Webinaire du Dr. Pierre Souvet pour Préventica ; « Prévention de la sédentarité et de l’inactivité physique au travail : un partenariat gagnant salariés-entreprises », 28/05/2024 ; URL : Prévention de la sédentarité et de l’inactivité physique au travail : un partenariat gagnant salariés-entreprises | Préventica

[17] Ibid.

[18] Ibid.

[19] Ibid.