11 juillet 2018

Un étude publiée fin juin met en évidence le lien entre les pesticides, l’obésité et le diabète

Publiée fin juin dans la revue « Environmental Health Perspectives » , une étude  de l’INRA (Institut National de la Recherche Agronomique) et de l’INSERM (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale) met en évidence le lien entre pesticides et une forte prise de poids, une augmentation du taux de masse graisseuse et l’apparition de diabète. [1]

Réalisée sur des souris pendant un an, l’étude scientifique démontre que l’exposition à un mélange de six pesticides (dont 2 pesticides et 4 fongicides) courants utilisés en France (boscalid, captan, chlorpyrifos, thiophanate, thiacloprid, et ziram), dans les fruits et légumes, et à la dose journalière admissible (réputée sans aucun risque), favorise chez les mâles une prise de poids importante. Une augmentation de la masse graisseuse et l’apparition du diabète sont aussi observées. Chercheuse au laboratoire de toxicologie alimentaire de l’INRA, Laurence Payrastre affirme : “Au terme de l’expérimentation, le gain de poids des mâles traités est environ le double de celui des mâles témoins.

Chez les souris femelles, seule une légère augmentation de la glycémie à jeun a été observée. En revanche les femelles ne voient pas leur poids augmenter. Une protéine (“récepteur nucléaire”) impliquée dans la détoxification cellulaire a été mise en évidence pour expliquer les différences de réactions entre mâles et femelles. Un effet protecteur de la part des oestrogènes, en cours d’étude, est ainsi suggéré.

Nous avons testé sur des cellules de foie, un par un, les six pesticides que nous avons utilisé, et l’effet cocktail n’est pas du tout la somme des effets de chacun de ses composants” annonce Hervé Guillou, chercheur à Toxalim et coauteur de l’étude. Cela montre que nous ne sommes pas protégés par les normes. Elles ne tiennent en effet pas compte des conséquences de ces mélanges sur la santé.

Cette étude, relayée par Le Monde [2], met en évidence un lien avec les résultats de l’étude NutriNet Santé [3]. Réalisée auprès d’une cohorte de plus de 50 000 personnes en 2013 et en 2017, l’étude visait à regrouper des données sur leurs habitudes alimentaires. Résultats ? Les gros consommateurs de produits biologiques (et donc ingérant moins de pesticides) ont moins de risques de souffrir d’obésité ou de développer du diabète.

C’est une grande première pour le milieu scientifique qui n’avait jusqu’à présent jamais démontré les effets diabétogènes et obésogènes des pesticides.

Sources

[1] Environmental Health Perspective, juin 2018, “Metabolic Effects of a Chronic Dietary Exposure to a Low-Dose Pesticide Cocktail in Mice: Sexual Dimorphism and Role of the Constitutive Androstane Receptor” URL : https://ehp.niehs.nih.gov/ehp2877/#tab1

[2] Article paru dans Le Monde, 29/06/2018, Stéphane Foucart, “Diabète et obésité : les pesticides pourraient augmenter le risque pour la population”.
URL : https://lemde.fr/2MA0tpr

[3] Etude NutriNet Santé : https://www.etude-nutrinet-sante.fr/

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