Les brèves de l'ASEF- 29 MAI 2020

Bonjour à toutes et à tous,

Au menu de ces brèves, le Dr Martine Cotinat nous parlera de l’impact des désinfectants ménagers sur notre microbiote. Et nous terminerons par une étude sur l’aquaculture et le réchauffement climatique. Bonne lecture !

Méfiez-vous des produits désinfectants ménagers…

 

 

…qui modifient le microbiote et peuvent favoriser la prise de poids de nos enfants !

Une équipe canadienne a étudié  pendant 3 ans le microbiote intestinal de 757 nourrissons, en fonction des produits ménagers utilisés par leurs parents. [1]

L’utilisation de produits désinfectants habituels (eau de javel, peroxyde d’hydrogène…) déséquilibre le microbiote de l’environnement mais aussi celui des enfants dès l’âge de 3 mois. Certaines familles bactériennes déjà connues comme  Erysipelotrichaceae et Lachnospiraceae pour favoriser la prise de poids avaient proliférer. Les chercheurs ont pu noter un nombre beaucoup plus important d’enfants en excès de poids comparativement à ceux qui ont pu bénéficier d’un environnement protégé par l’utilisation de produits écologiques respectueux de leur microbiote.  Les désinfectants classiques en perturbant le microbiote semblent bien participer à cette épidémie d’obésité actuelle. Il est bien dommage que l’étude ne se soit pas intéressé parallèlement aux microbiotes des parents.

Les produits écologiques sont-ils efficaces ?

Les tests ont montré qu’ils avaient une efficacité comparable à l’eau de javel et autres désinfectants ménagers contre certains microbes  offensifs mais pas contre d’autres. Ils assainissent sans tout détruire !

En attendant d’autres études de confirmation, restons prudents ! Accueillons cette étude comme un cri d’alarme !  Le microbiote du nouveau-né a besoin de finir de se construire en s’enrichissant de bactéries de son environnement. Préférons les produits écologiques respectueux car beaucoup de microbes sont bénéfiques. Protéger la planète c’est aussi protéger sa famille !

Dr Martine Cotinat.   Mai 2020

Gastro-entérologue, diplômée de nutrition et micronutrition

Pour booster notre immunité et nous défendre des infections, Dr Martine Cotinat a édité une fiche pratique afin d’enrichir notre microbiote intestinal protecteur.

Vous la trouverez également dans son prochain livre « Maigrir de plaisir en charmant ses bactéries », éditions Thierry Souccar, qui paraîtra le 11 juin 2020.

L’aquaculture, résistance aux antimicrobiens et réchauffement climatique

 

L’aquaculture, qui se présente comme une alternative à la surpêche, pourrait être impactée par le réchauffement climatique et la résistance aux antimicrobiens (RAM). Telle est l’analyse de l’étude parue le 20 avril dans la revue scientifique « Nature ». [2]

Les chercheurs ont constaté que « L’indice de résistance multi-antibiotique (MAR) de l’aquaculture est en corrélation avec les indices MAR des bactéries cliniques humaines, de la température et de la vulnérabilité climatique des pays ».

La mortalité des espèces aquatiques infectées est  plus élevée à des températures plus chaudes. En effet, toute hausse de +1°C de la température, entraîne une augmentation de la mortalité des espèces  (coquillages, crustacés, poissons) de 3,87% à 6% en zone tempérée, et de 2,82% à 4,12% en milieu tropical.

La santé humaine est menacée par ce constat, davantage dans les pays les plus vulnérables au changement climatique ; les risques de RAM étant plus élevés dans ces pays.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déjà alerté à plusieurs reprises au sujet de l’antibiorésistance ; cette dernière serait à l’origine de 700.000 décès par an à travers le monde.

Les scientifiques de l’étude craignent que les producteurs puissent, face à ce constat, avoir plus recours aux antibiotiques.

Vers une aquaculture plus durable ? Plusieurs travaux sont en cours d’étude pour trouver des alternatives aux antimicrobiens comme l’emploi de plantes aux propriétés antibiotiques (ail, papaye). Des exploitations de plus petite taille, où les poissons, en densité plus faible, seraient moins fréquemment malades. Enfin, l’élevage de poissons en petite quantité dans les rizières inondées, qu’on appelle la rizipisciculture.

Petit point agenda :

Le congrès « Un autre regard sur le cancer », organisé par le Centre Ressource, aura lieu le Samedi 5 décembre, à Aix-en-Provence.

Pour vous inscrire : https://www.atoutcom.com/portfolio/uarc/

 

L’ASEF soutient l’Appel des Coquelicots qui demande l’interdiction de tous les pesticides de synthèsehttps://nousvoulonsdescoquelicots.org/l-appel/

 

SOURCES

[1] Tun MH et al. CMAJ. 2018 Sep 17;190(37):E1097-E1107. Postnatal exposure to household disinfectants, infant gut microbiota and subsequent risk of overweight in children.

[2] Reverter, M., Sarter, S., Caruso, D. et al. Aquaculture at the crossroads of global warming and antimicrobial resistance. Nat Commun 11, 1870 (2020). https://doi.org/10.1038/s41467-020-15735-6

A bientôt pour les prochaines brèves.

Prenez soin de vous et de vos proches et restez chez vous!

Le Club des 10 de l’ASEF