Le débrief de l'ASEF du 7 décembre 2017

Bonjour à tous,

L’Association Santé Environnement France s’intéresse cette semaine aux bisphénols S et F, les cousins du bisphénol A, qui, eux, ne sont pas interdits dans les contenants alimentaires, contrairement au BPA.

L’ASEF reviendra ensuite sur l’étude du Pr Exley qui montre la présence d’aluminium dans le cerveau de patients atteints de troubles du spectre autistique.

Le bisphénol A et ses cousins

 

Le bisphénol A est un composé qui a été utilisé dans la fabrication industrielle des plastiques, en tant que monomère du polycarbonate et en tant qu’additif dans les résines époxy. On en retrouvait donc par exemple dans les boîtes de conserve ou les cannettes de boisson et même dans les tickets de caisse et pouvait être transféré dans les aliments ou par voie cutané avec le ticket de caisse.

Sa toxicité a été bien étudiée. C’est un perturbateur endocrinien maintenant bien connu avec une  activité oestrogénomimétique, une toxicité sur la reproduction, une  activation de la lipogénèse, des effets sur la thyroïde, le développement suspecté de lésions de type néoplasique du sein après une exposition périnatale, sa fenêtre de tir préférentielle étant la période fœtale.

Le BPA est interdit dans les biberons depuis 2011 et dans tout contenant alimentaire depuis 2015.

L’un de ses cousins, le bisphénol S moins connu sur le plan toxicologique, tout comme le F, peut être utilisé comme substitut au BPA. On sait déjà, depuis l’étude de René Habert et ses collaborateurs de l’Unité mixte de recherche 967 [1] publiée en 2015 dans la revue « Fertility and Sterility », que l’exposition in vitro des testicules fœtaux humains aux bisphénols S ou F réduit la production de testostérone, de façon tout à fait identique à la réduction provoquée par le bisphénol A.

Mais cela ne s’arrête pas là. Des études de 2016 ont montré que le BPS, sur des modèles murins, avait un effet obésogène égal, voire supérieur, au BPA en provoquant une accumulation de lipides et une augmentation de l’expression des gènes adipogéniques. Une étude sur un modèle de préadipocytes humains [2] vient de confirmer cette accentuation de l’adipogénèse.

Ces études montrent que le BPS a des effets aussi voire plus délétères que le BPA et ne devrait, à mon sens, ne plus être autorisé.

A l’heure actuelle, vous ne saurez pas s’il y a du bisphénol S ou d’autres bisphénols de structure proche dans votre boîte de conserve ou dans votre canette car cela n’est pas mentionné. Pour cette raison, nous recommandons de privilégier les contenants en verre et de ne pas faire chauffer tout contenant plastique car le chauffage accentue le transfert du contaminant chimique vers l’aliment.

Rôle de l’aluminium dans les troubles de spectre autistique

 

Parlons maintenant de l’étude du Pr Exley [3] sur la présence d’aluminium dans le cerveau de patients atteints de troubles du spectre autistique.

L’aluminium est le métal le plus présent sur terre, mais n’est pas présent spontanément dans l’organisme dont la contamination se fait par voie alimentaire (thé, épinard, etc) ou par des adjuvants de vaccins. On le sait neurotoxique (anciens dialysés) et toxique pour les os. Jusqu’alors, seules des données montrant des valeurs élevées d’aluminium dans les tissus cérébraux pour un homme de 42 ans atteint de la maladie d’Alzheimer familiale étaient disponibles.

Sur des donneurs autopsiés, atteints de troubles du spectre autistique, l’équipe du Pr Exley a montré des taux élevés d’aluminium intracellulaires dans des cellules microgliales notamment, mais aussi dans des cellules non neuronales. Cela implique que l’aluminium a traversé la barrière hémato-encéphalique. La voie d’entrée pourrait être les cellules immunitaires circulant dans le sang et la lymphe. De façon très surprenante, il y avait d’ailleurs chez un  donneur de 15 ans des taux très élevés d’aluminium dans son cerveau.

Cette étude pose donc la question d’un rôle de l’aluminium dans les troubles du spectre autistique.                           


Pour terminer, n’hésitez pas à visionner la remarquable interview de notre ami, le Dr Thomas Bourdrel, visible sur La Chaîne Parlementaire qui fait comprendre, avec simplicité, la toxicité du diesel.


Sources :

[1] Eladak S, Grisin T, Moison D, Guerquin M, N’Tumba-Byn T, Pozzi-Gaudin S, Benachi A, Livera G, Rouiller-Fabre V, Habert R, A new chapter in the bisphenol A story: bisphenol S and bisphenol F are not safe alternatives to this compound. Fertil Steril. 2015 Jan;103(1):11-21.

[2] Boucher JG. et al. (2016). Bisphenol S Induces Adipogenesis in Primary Human Preadipocytes From Female Donors. Endocrinology, vol.157(4):p1397-1407 adipogéniques.

[3] Aluminium in brain tissue in autism Mold Matthew, Umar Dorcas, King Andrew, Exley Christopher. Aluminium in brain tissue in autism. Journal of Trace Elements in Medicine and Biology https://doi.org/10.1016/j.jtemb.2017.11.012

Pierre Souvet, cardiologue et président de l’ASEF

A jeudi prochain et d’ici là portez-vous bien !

Le Club des 11 de l’ASEF