Le débrief de l'ASEF du 19 octobre 2017

Bonjour à tous,

Cette semaine, l’alimentation est au cœur de notre débrief ! Nous allons tout d’abord évoquer la difficile évaluation des risques chimiques des matériaux et objets qui sont en contact avec nos aliments.

Gros plan ensuite sur le livre du Dr Anthony Fardet qui dénonce les aliments ultra transformés, omniprésents dans les rayons de nos supermarchés.

Évaluation des risques chimiques des matériaux en contact avec les aliments

Les objets en contact avec les aliments (Food Contact Articles ou FCA en anglais) sont très nombreux. Ils sont utilisés dans la production, le traitement, le transport, la manutention et le stockage des aliments. Ils sont composés de divers matériaux, tels que les plastiques, le papier et le carton, le métal, le verre, les adhésifs ou encore les encres d’imprimerie, qui sont donc en contact avec les aliments (Food Contact Materials ou FCM).

Les produits chimiques peuvent migrer des emballages alimentaires et autres FCA vers la nourriture et affecter ainsi la santé humaine (Food Contact Chemicals ou FCC). Ces produits chimiques sont, d’une part, les substances introduites volontairement dans les objets (IAS : Intentionally Added Substances) comme les additifs ou les monomères substances facilitatrices (le bisphénol par exemple), et, d’autre part, les substances introduites non volontairement (NIAS : Non-Intentionally Added Substances), pigments, impuretés, produits de dégradation lors de la fabrication… Dans la mesure où ces substances chimiques sont susceptibles de migrer, la sécurité de ces matériaux doit faire l’objet d’une évaluation. L’évaluation actuelle, telle qu’elle est pratiquée en Europe et aux États-Unis, comporte de nombreuses lacunes !

Règlementation pour les FCM

Au sein de l’Union européenne et aux États-Unis, les produits chimiques en contact avec les aliments soumis à autorisation incluent les substances ajoutées intentionnellement (c’est-à-dire les substances de départ et les additifs utilisés dans la fabrication des plastiques en contact avec les aliments).

Les exigences spécifiques pour les tests toxicologiques des FCC nécessitant une autorisation dépendent de l’estimation des expositions des consommateurs déterminées par les fabricants de la FCM, avant commercialisation.

En Europe, trois essais de mutagénicité et de génotoxicité in vitro sont obligatoires pour toutes les IAS et pour les additifs autorisés dans les plastiques, quel que soit le niveau estimé d’exposition. Mais, il n’y a aucun critère d’essai pour les NIAS formées pendant la fabrication du plastique et pour les substances utilisées dans la plupart des autres FCM (ex. papier et carton). Des tests supplémentaires (études subchroniques, chroniques, sur deux générations) sont nécessaires lorsque la migration chimique des FCM en plastique est supérieure à 50 μg / kg dans l’Union européenne ou 150 μg / personne / jour aux États-Unis. Les tests de toxicité pour le développement et la reproduction ne sont déclenchés que si l’exposition estimée dépasse 3 mg / personne / jour (US) ou 5 mg / personne / jour (Europe).

Manque de données dans l’évaluation des risques des FCC au niveau de l’exposition

Pour estimer l’exposition à un FCC, la condition requise la plus fondamentale est de connaître sa structure chimique, c’est-à-dire son identité chimique. Cependant, les informations sur la structure chimique ne sont pas toujours identifiées car de nombreuses NIAS dans les FCA finis sont des impuretés non caractérisées et des sous-produits de réaction. Il existe donc une exposition continue de la population à des produits chimiques inconnus et non testés à travers la migration des FCA dans les aliments.

En Europe, l’évaluation de l’exposition des FCM en plastique est basée sur des hypothèses par défaut, avec une personne consommant quotidiennement 1 kg de nourriture en contact avec 6 dm2 de FCM. Par ailleurs, les humains sont non seulement exposés aux FCC, mais aussi à des produits chimiques provenant d’autres sources. Par conséquent, l’exposition peut être sous-estimée et les niveaux d’exposition dépassés.

Manque de données dans l’évaluation des risques des FCC au niveau de la toxicité

Des données toxicologiques sont disponibles pour 27 % des FCC autorisés aux États-Unis. 73 % n’ont pas été testés pour la toxicité pour la reproduction ou le développement, ni pour la toxicité subchronique ou chronique. Les FCC ne sont pas évalués régulièrement pour les propriétés de perturbation endocrinienne. C’est problématique, le niveau de sécurité étant dérivé de doses sans effet généralement hautes ! En effet, les substances actives endocriniennes peuvent avoir des relations dose-réponse non monotones.

Par ailleurs, le risque global d’un mélange peut dépasser le risque de chaque substance individuelle (effet cocktail).

Assurer la sécurité des FCC et des FCA

De nombreux FCC intentionnellement utilisés sont évalués par l’industrie, sans supervision publique ! En Europe, aucune obligation légale de notifier l’utilisation d’un FCC (ou sa présence dans un objet de contact alimentaire, par exemple dans le cas de NIAS) n’existe. Les autorités publiques ne savent donc pas quels sont les FCC réellement utilisés, et si, ou comment, leur sécurité a été évaluée.

Sources

« Scientific Challenges in the Risk Assessment of Food Contact Materials », publié en septembre dernier dans la revue Environmental Health Perspectives.

Halte aux aliments ultra transformés !

« Halte aux aliments ultra transformés ! Mangeons vrai ». C’est le cri d’alarme lancé par le Dr Anthony Fardet qui a publié un livre du même nom aux éditions Thierry Souccar.

Outre la qualité nutritionnelle des aliments (richesse en glucides rapides ou lents, lipides, protides) et leur contamination éventuelle par des polluants extérieurs (pesticides, substances ayant migré de l’emballage, etc), leur degré de transformation est un paramètre important de l’influence qu’ils ont sur la santé. Or, les aliments ultra transformés, qui ont envahi nos supermarchés depuis les années 80, représentent jusqu’à 80 % des produits vendus en grandes surfaces !

Ces produits, qui ressemblent et ont le goût d’aliments, n’ont plus rien d’un aliment. L’ultra transformation déstructure l’aliment d’origine et lui fait perdre ses vertus santé. Elle nécessite aussi l’ajout d’une kyrielle d’additifs et d’agents « cosmétiques » suspects. Plus un aliment est transformé (fractionné- recombiné), plus il est susceptible d’avoir un effet néfaste sur la santé. Pour le docteur Anthony Fardet, chargé de recherche en alimentation préventive et holistique, « il est impératif de revenir aux fondamentaux ! »

Dans son livre, il nous aide à identifier un aliment ultra transformé. Pour les reconnaître, trois caractéristiques principales : ces aliments sont des produits tellement transformés qu’on ne discerne plus l’aliment d’origine. Ce sont des produits artificiels fabriqués par l’homme à partir d’une recombinaison d’ingrédients. De plus, ils contiennent une longue liste d’additifs (généralement plus de 5). Exemple avec le poisson : un poisson frais est un produit naturel, une boîte de thon un aliment transformé, et des nuggets de poisson surgelés un aliment ultra-transformé.

Anthony Fardet se réfère à la classification brésilienne NOVA, popularisée par les chercheurs de l’université de Sao Paulo, qui classe les aliments en 4 groupes selon leur degré de transformation. Groupe 1 : les aliments bruts ou peu transformés sont les parties comestibles des végétaux (graines, fruits, feuilles, tiges, racines) ou des animaux (muscles, abats, œufs, lait), les champignons, les algues et l’eau. Groupe 2 : Les ingrédients culinaires sont les substances extraites du groupe 1 par des transformations physiques et chimiques, telles que le pressage, le raffinage, la meunerie, le broyage et le séchage par pulvérisation (pain, soupes, bouillons, conserves, etc), ou provenant directement de la nature comme le sel. Groupe 3 : les aliments transformés. Les produits transformés sont relativement simples et sont fabriqués essentiellement à partir d’un aliment brut ou peu transformé du groupe 1 auquel on ajoute sel, sucre ou une substance culinaire du groupe 2 comme l’huile ou le vinaigre. Enfin, le groupe 4 : les aliments ultra transformés. Ce sont des formulations industrielles réalisées à partir de 5 ingrédients, voire beaucoup plus.

Pour manger vrai, l’auteur nous révèle les 3 règles d’or d’une alimentation saine. « Première règle : 85 % de produits végétaux, 15 % de produits animaux maximum. Deuxième règle : limiter les produits ultra transformés et troisième règle : diversifier son alimentation et manger bio, local, de saison ».

En suivant ses conseils détaillés, Anthony Fardet nous promet « de gagner au moins 10 ans d’espérance de vie de bonne santé ! »

A jeudi prochain et d’ici là portez-vous bien !

Le Club des 11 de l’ASEF