Le débrief de l'ASEF du 13 avril 2017

Bonjour à tous,

Cette semaine, nous accueillons Marion, notre nouvelle salariée. Ancienne sage-femme hospitalière et titulaire d’un doctorat en biologie, elle sera en charge des missions scientifiques de l’ASEF. Nous lui souhaitons la bienvenue parmi nous ! Et sinon, du côté de l’actu santé-environnement, quoi de neuf ?

Les particules fines : un effet sur la thyroïde in utero

 

On entend souvent parler de pollution de l’air aux particules fines, notamment durant les beaux jours sans vent pendant lesquels les grandes villes deviennent le terrain d’une circulation alternée. En effet, ces microparticules de moins de 2,5µm de diamètre présentes dans l’atmosphère proviennent principalement du trafic routier (surtout des moteurs diesel) mais aussi de l’industrie, de l’agriculture et des systèmes de chauffage. Plus ces particules sont petites, plus elles peuvent pénétrer loin dans l’organisme ; chargées de produits toxiques aériens, comme des métaux lourds, elles peuvent provoquer de lourds dégâts.

On parle depuis longtemps des manifestations respiratoires provoquées par l’inhalation de ces particules ; en effet il est connu depuis plusieurs années que ces particules peuvent provoquer des manifestations respiratoires : elles sont susceptibles d’entraîner un asthme et aggravent les allergies, notamment en provoquant une inflammation des bronches. Elles peuvent également provoquer une inflammation du système cardio-vasculaire, entraînant une augmentation du risque d’infarctus.  «C’est un véritable enjeu de santé publique qui représente entre 15 et 30% de maladies cardiovasculaires et respiratoires» précise le Dr Pierre Souvet, président de l’ASEF.

Tout cela serait déjà bien suffisant mais c’est loin d’être tout. Une étude belge parue ce mois-ci (1) est allée plus loin dans l’étude de la toxicité des particules fines en étudiant leurs effets sur la thyroïde des fœtus chez des femmes exposées pendant leur grossesse. Cette étude, effectuée de 2010 à 2014 sur 640 femmes, a montré que l’exposition aux particules fines pendant le troisième trimestre de la grossesse provoque chez le fœtus des variations des taux d’hormones thyroïdiennes. Or ces hormones sont essentielles pour le développement et la croissance in utero, et tout particulièrement pour le développement du cerveau. Dans cette étude, les mères les plus exposées aux particules fines ont eu des bébés avec des taux hormonaux plus bas et de plus petits poids de naissance. Cette exposition in utero pourrait également avoir des effets à plus long terme puisque la thyroïde régule de nombreuses fonctions chez l’adulte.

Des particules fines encore …

 

Toujours dans le même thème de nos particules atmosphériques, parlons maintenant d’une étude américaine parue le 6 avril 2017 (2), qui montre une corrélation entre l’exposition aux particules fines et la densité mammaire. Cette densité mammaire, mesurée lors d’une mammographie, permet d’évaluer la quantité des différents tissus présents dans le sein (tissu graisseux, tissus conjonctifs et glandulaires). Une densité importante est d’une part un facteur de risque bien connu de cancer du sein et d’autre part rend plus difficile l’identification des tumeurs.

L’étude a porté sur plus de 270 000 femmes et a permis de montrer que les femmes les plus exposées aux particules fines présentaient une densité mammaire supérieure. Les femmes vivant dans des zones à forte pollution atmosphérique présenteraient 20% de risque supplémentaire d’avoir des seins denses. A l’inverse, les femmes présentant les seins les moins denses avaient 12% de probabilité en moins d’avoir été exposées à des particules fines.

Des études futures sont nécessaires pour déterminer la relation de cause à effet entre l’exposition aux particules fines et la densité mammaire, et quel est le mécanisme d’action de ces particules fines sur le sein. Certains polluants contenus dans les particules fines, notamment des perturbateurs endocriniens, pourraient avoir un impact sur le sein.

 

Ces études interpellent de nouveau sur la nécessité de limiter au maximum l’exposition des populations aux particules fines atmosphériques. Actuellement la limite européenne admise pour ces particules est de 25µg/m3 d’air ; l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande une limite à 10µg/m3.

 

Ces données sur les liens entre pollution atmosphérique et santé vous interpellent ? Apprenez-en davantage ici en bande dessinée : https://strasbourgrespire.fr/

 

Références bibliographiques

(1) «Fetal Thyroid Function, Birth Zeight, and in utero Exposure to Fine Particle Air Pollution : A Birth Cohort Study»
Janssen et al., avril 2017, Environmental Health Perspectives

(2) «Association between air pollution and mammographic breast density in the Breast Cancer Surveilance Consortium»
Yaghjyan et al., avril 2017, Breast Cancer Research

A jeudi prochain et d’ici là portez-vous bien !

Le Club des 11 de l’ASEF