Dr Thomas Bourdrel dans la lettre du pneumologue

Le Docteur Thomas Bourdrel, radiologue, membre de l’ASEF et fondateur du collectif « Strasbourg Respire », a été interrogé dans la Lettre du Pneumologue n°1 de février 2019, sur les effets de la pollution de l’air sur le système cardiovasculaire et sur les effets in utero et néonataux.

L’article en bref …

Effets de la pollution de l’air sur le système cardiovasculaire

Selon l’OMS, « les trois quarts des pathologies mortelles en lien avec la pollution de l’air dans le monde sont des maladies cardiovasculaires, essentiellement des accidents vasculaires cérébraux (AVC) et des infarctus du myocarde (1) ». Les sociétés européennes et américaines de cardiologie considèrent « l’exposition à la pollution de l’air comme un facteur de risque cardiovasculaire majeur et indépendant (2) ».

D’après les sources du Dr Bourdrel, « les particules les plus nocives pour le système cardiovasculaire sont issues des sources de combustion carbonées, comme le trafic routier et le chauffage au bois, car ces particules contiennent à leur surface de nombreuses molécules toxiques, telles que des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), mais également des métaux » (3).

« Les particules émises par le trafic routier sont majoritairement des particules ultrafines, capables de franchir la barrière alvéolaire et d’atteindre de nombreux organes, y compris la circulation fœtale ».

« Une méta-analyse a récemment démontré qu’en Europe, 60 % de la morbimortalité (“burden of diseases”) en lien avec l’air intérieur provient en réalité de particules fines issues de l’air extérieur et diffusant dans l’air intérieur ».

Des études ont démontré « qu’habiter à moins de 50 m d’un axe routier augmente de 38% la mortalité cardiovasculaire comparativement au fait de vivre à plus de 500 m » et est également « associé à une forte augmentation du risque d’AVC ».

A la fin de cet article, Dr Bourdrel insiste sur le fait que « toutes les études concluent à l’absence de seuil en dessous duquel la pollution de l’air n’aurait pas de conséquences : des effets ont été observés même pour des niveaux de pollution inférieurs aux standards actuels de qualité de l’air définis par la législation européenne».

Pollution de l’air pendant la grossesse : effets in utero et néonataux

Dr Bourdrel résume qu’il est désormais clairement démontré que les particules ultrafines et leurs composés (métaux, hydrocarbures aromatiques polycycliques) gagnent la circulation placentaire et fœtale, où elles entraînent un stress oxydatif inflammatoire.

L’exposition aux polluants pendant la grossesse se traduit dans les études épidémiologiques par une augmentation statistiquement significative du risque de : maladies hypertensives (éclampsie et prééclampsie) et hypertension de l’enfant dans les premières années de vie ; avortement spontané et prématurité ; faible poids de naissance et retard de croissance in utero ; dermatite atopique et asthme infantile ; maladies autistiques, troubles cognitifs (QI) et de l’apprentissage ; malformations congénitales principalement de l’appareil circulatoire ; cancers de l’enfant.

SOURCES

1.Lelieveld J et al. The contribution of outdoor air pollution sources to premature mortality on a global scale. Nature 2015; 525:367-71.
2.Münzel T et al. Effects of gaseous and solid constituents of air pollution on endothelial function. Eur Heart J 2018; 39:3543-50.
3. Miller MR et al. From particles to patients: oxidative stress and the cardiovascular effects of air pollution. Future Cardiol 2012; 8:577-602.

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