Diesel : des millions de particules dans le corps d’enfants strasbourgeois

Image par iStock

Une étude, menée pour la première fois en France, démontre la présence massive de nanoparticules toxiques chez une vingtaine d’enfants à Strasbourg. Plus d’1 million de particules ultrafines par millilitre d’urine, issues de la pollution principalement diesel, ont été retrouvées.



Les nanoparticules (ou particules ultrafines), sont les plus dangereuses pour la santé, augmentant considérablement le risque de cancer et de maladies cardiovasculaires (principalement le risque d’accident vasculaire cérébral et d’infarctus) mais aussi franchissant le placenta avec des répercussions sur le fœtus. Les nanoparticules dosées dans cette étude sont des particules carbonées qui proviennent en ville majoritairement du parc diesel et qui ont été dosées dans les urines grâce à la mesure d’un de leurs composants: le black carbone.

Si ces nanoparticules sont encore peu mesurées dans l’air ambiant, la nouvelle étude conduite par l’équipe du professeur Tim Nawrot dresse un constat édifiant du niveau de pollution liée aux nanoparticules à Strasbourg et révèle surtout un lien significatif entre le taux de particules dans les urines et la distance d’habitation de l’enfant par rapport à un axe routier. Les taux mesurés dans les urines d’enfants strasbourgeois sont superposables à ceux retrouvés sur de précédentes études dans les urines d’enfants résidants à Anvers (Belgique)[1].

Ces millions de particules retrouvées dans les urines d’enfants résidant dans différents quartiers de Strasbourg, sont des particules de combustion (diesel, bois, charbon..) qui sont composées de carbone pur (black carbone) au centre de la particule et d’hydrocarbures aromatiques polycycliques et de métaux à la surface de la particule. Ces particules carbonées sont les plus toxiques de par leur composition, et de par leur taille (particules ultrafines – nanoparticules – de moins de 0,1 µm) qui leur permet de franchir la barrière pulmonaire et d’atteindre tous les organes. Dans les métropoles françaises, la source principale de ce type de particules est le parc diesel – l’essence n’émettant pas ou très peu de black carbone -, ainsi que le chauffage au bois l’hiver et les industries de type incinération et papeterie par exemple.

A noter que des taux encore bien plus importants ont été retrouvés dans les villes les plus polluées de Pologne en raison notamment des centrales à charbon mais, au-delà des taux de particules retrouvées, cette étude souligne surtout l’importante inégalité d’exposition des enfants avec des taux significativement plus élevés pour les enfants qui résident à proximité d’un axe routier à Strasbourg. En effet, les taux de particules mesurés sont directement proportionnels à la distance de l’habitation par rapport à un gros axe routier.

Enfin, rappelons qu’il n’existe pas d’effet de seuil concernant l’effet des particules fines sur la santé, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de niveau en dessous duquel il n’y a pas d’effet, ainsi, une exposition – même à de faibles quantités de particules – sur plusieurs années aura un impact considérable sur la santé.

Nous appelons donc les pouvoirs publics à intensifier les mesures de lutte contre la pollution de l’air en :

-mettant en place des zones à faibles émissions excluant les véhicules diesel

– réduisant les émissions du chauffage collectif ou individuel au bois

– renforçant le contrôle et les sanctions sur les émissions industrielles comme l’ont rappelé plusieurs associations et médecins lors d’une récente tribune[2].

Rappelons enfin que la pollution de l’air est responsable de plus de 15% des décès liés au COVID-19. Dans le contexte sanitaire actuel, la lutte contre la pollution de l’air est urgente et ne peut être encore retardée.

 

 

Collectif Strasbourg Respire

Association Santé Environnement France (ASEF)