Le débrief de l'ASEF du 8 mars 2018

Quand les particules fines s’invitent dans le placenta : une question de santé publique !

Prématurité, faible poids de naissance, risques de malformations congénitales, retards et troubles du développement, séquelles respiratoires, syndrome métabolique… Le fardeau associé à l’exposition à la pollution durant la grossesse est lourd à porter par le fœtus et par l’enfant. Il est reconnu que la présence particules fines de petites tailles (pm=2.5 ou plus petites encore) est corrélée avec des marqueurs de l’inflammation. [1]

Une équipe de l’INRA [2] confirme non seulement les effets néfastes d’une exposition in utero sur la croissance et le métabolisme du fœtus mais démontre ces effets sur 2 générations. L’étude a été menée sur la lapine, choisie pour son placenta très proche du placenta humain, elle objective :

  • Dès mi-parcours de la gestation un retard de croissance fœtale,
  • A terme, une longueur de la tête et un tour de taille réduits des bébés lapins, des signes comparables aux observations faites chez l’Homme.
  • Les échographies montrent une forte diminution de l’apport sanguin au placenta, réduisant l’apport de nutriments au fœtus.

Ces conclusions contribuent à expliquer comment les nanoparticules inhalées traversent le placenta et atteignent le sang fœtal.

Le travail de l’équipe du Dr Emily DeFranco, médecin au Cincinnati Children’s Hospital Medical Center, montre qu’une exposition accrue aux particules fines de faible poids (PM 2.5) dans la période peri-conceptionnelle est associée à un risque de malformation [3]. Le risque augmente lorsque la période d’exposition est dans le mois qui précède et le mois suivant la conception. Les principales malformations rapportées sont des anomalies de la paroi abdominale et l’hypospadias.

Ces anomalies sont plus fréquentes chez les jeunes mères de 18 ans et moins, d’ethnie blanche non hispanique, à faible niveau d’éducation et à statut socioéconomique faible. Le tabagisme et le diabète sont deux facteurs confirmés comme significativement associés à l’incidence d’anomalies congénitales. Le taux d’anomalies congénitales est plus élevé parmi les grossesses avec diabète pré gestationnel, atteignant 7,1 cas pour 1.000 naissances vivantes.

Si l’augmentation du risque est modeste, l’impact possible sur la population générale, compte-tenu d’une exposition quasi-systématique, constitue un enjeu de santé publique.

Est-il si simple d’écrire et de répéter qu’une femme enceinte doit bénéficier de conseils visant à limiter le risque d’exposition aux particules fines ?

L’ASEF prend position pour que celles et ceux qui accompagnent les désirs de grossesse puis la période de grossesse, soient informés de risques environnementaux afin de mieux conseiller et de mieux accompagner.

La justice pourrait-elle être un jour saisie pour dénoncer un risque aggravé si des mesures préventives n’étaient pas mise en place ? Ce sont les citoyens qui auront le dernier mot !

A jeudi prochain et d’ici là portez-vous bien !

Richard Faitg, membre de l’ASEF