Le débrief de l'ASEF du 21 décembre 2017

Bonjour à tous,

Tout d’abord, l’Association Santé Environnement France vous souhaite de très belles fêtes de fin d’année !

Dans notre actu santé cette semaine, l’ASEF passe en revue les conséquences du réchauffement climatique et met en lumière des propositions d’actions pour atténuer ses effets.

Les impacts du réchauffement climatique

Le réchauffement climatique est l’augmentation globale des températures moyennes à la surface du globe. Cette augmentation s’accélère et, selon le GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat), serait actuellement essentiellement d’origine anthropique.

Selon les hypothèses retenues et les modèles employés, les prévisions à l’horizon 2100 vont de 0,3 à 4,8 °C (3,7 à 4,8° selon le dernier rapport du GIEC en 2014).

L’augmentation de température se manifeste par un décalage médian vers le haut des températures moyennes et une augmentation de la variabilité d’amplitude par perte de la régulation.

On retrouve une modification globale touchant de la profondeur des océans jusqu’aux hautes altitudes de l’atmosphère (jet streams). Les modifications touchent toutes les régions, y compris la France.

Outre les effets sur l’écologie, la biodiversité et l’économie, les effets sur la santé humaine sont prévisibles et nécessitent une prise de conscience pour essayer de limiter et de contrôler le plus possible ce réchauffement.

Les différents phénomènes entraînés par le réchauffement climatique peuvent tous, à des degrés variables, impacter la santé humaine :

Les vagues de chaleur ou épisodes de canicule

La canicule est définie en France par une température nocturne supérieure à 21°pendant 3 jours successifs. La canicule de 2003 a entraîné 15 000 décès, celle de 2006, 2 000 décès. Ces vagues de chaleur touchent notamment les personnes à risque (personnes âgées, malades), et en particulier, dans les villes où sont décrits les îlots de chaleur, les murs et l’asphalte restituant la nuit la chaleur emmagasinée le jour.

Les phénomènes localisés

  • Les tempêtes, ouragans, cyclones qui, en raison du réchauffement climatique, semblent augmenter d’intensité plus que de fréquence. Ils sont la cause d’accidents, de traumatismes. Ils entraînent une désorganisation des structures de soins et économiques et peuvent atteindre la santé mentale.
  • Les feux de forêts avec une toxicité des fumées, de l’ozone et des conséquences matérielles.
  • Les sécheresses qui ont des impacts sociaux et économiques, pouvant aller jusqu’à la famine dans les pays sous-développés (en Somalie actuellement), sur la santé mentale dans les pays développés (Australie). Ces épisodes de sécheresse dans des pays pauvres, instables sur le plan politique, favorisent les conflits et les migrations. Par ailleurs, dans d’autres régions, en particulier les îles, la montée des eaux est favorisée par la fonte des glaces polaires.

Atteinte de la qualité de l’air

  • L’augmentation de l’ozone est favorisée par les vagues de chaleur, l’ensoleillement sans vent. Sa synthèse est étroitement liée à l’action des rayons ultraviolets du soleil sur des substances polluantes émises par les véhicules automobiles, le dioxyde d’azote (NO2) notamment. Gaz à effet de serre, l’ozone est allergisant, favorise les crises d’asthme et est irritant pour les voies respiratoires.
  • La dégradation de la qualité de l’air (NO2, PM) est favorisée par des vents faibles ou nuls sur de longues périodes.
  • L’augmentation de l’asthme et des allergies respiratoires est favorisée par l’augmentation de la durée de floraison et donc d’exposition aux pollens d’espèces végétales allergisantes comme le bouleau ou l’ambroisie. De plus, la chaleur augmente le caractère allergisant des pollens.
  • Les Ultra-Violets sont en hausse. On constate ainsi une augmentation de 7 % par an des cancers cutanés, une augmentation de fréquence des mélanomes. Cette exposition dépend de l’intensité du rayonnement et de la durée d’ensoleillement. Les différents modèles prévoient en France une diminution de l’ensoleillement dans le nord, une augmentation dans le sud.

Atteinte de la qualité de l’eau

Le réchauffement climatique entraîne un risque lié aux produits de désinfection et un risque infectieux :

  • Cyanobactéries dans les eaux de retenues : algues microscopiques, organismes procaryotes. Certaines sont bénéfiques (comme les spirulines) mais d’autres sont toxiques, libérant des toxines et en particulier des neurotoxines. Leur pullulation, favorisée par les désordres écologiques (eutrophisation des eaux, dérèglement climatique, chaleur), survient par « bloom » causant parfois des efflorescences. On les trouve dans des cours d’eau à faible débit, voire dans des réservoirs d’eau potable.
  • Contamination fécales par crues turbides ou étiages sévères.
  • Algues tropicales : certaines algues de type phytoplanctonique peuvent être amenées par des transports maritimes (ballasts) et, favorisé par l’augmentation de température de l’eau de mer, leur développement peut entraîner la présence de toxines qui s’accumulent dans les coquillages, les poissons (ciguatera par exemple).

Maladies infectieuses :

  • Infections vectorielles véhiculées par arthropodes (moustiques, tiques…) : dengue, chikungunya, fièvre du Nil, maladie de Lyme. La zone, où le moustique tigre, vecteur de la dengue et du chikungunya, est présent, s’étend maintenant en France vers le nord jusqu’en Sologne. On ne peut éliminer la réapparition du paludisme dans nos régions.
  • Maladies par transmission féco-orale : hépatites A et E, salmonelloses, parasitoses.
  • Maladies fongiques : champignons, moisissures. Ces dernières favorisent des pathologies irritatives et immunologiques, aigües ou chroniques. Les légionelloses se développent dans des systèmes de climatisation et d’aération.

Dans la survenue des événements infectieux, le réchauffement climatique n’est pas forcément le facteur principal mais s’associe à d’autres facteurs, comme les transports, les voyages, la résistance aux antibiotiques, etc.

World Meteorological Organization, Geneva, Switzerland (J Shumake-Guillemot DrPH)

Que faire pour s’adapter

La Commission du Lancet a lancé en 2015 un programme d’adaptation et de résilience pour essayer de minimiser l’impact du réchauffement climatique sur la santé, programme proposé en octobre 2017 dans le Lancet :

Propositions pour atténuer le réchauffement climatique et ses effets

  • Elimination du charbon et augmentation des énergies renouvelables,
  • Accès à une énergie propre,
  • Facilitation de l’accès au système de santé,
  • Diminution de l’exposition à la pollution de l’air,
  • Développement de véhicules à basses émissions et du transport public,
  • Amélioration des infrastructures de transport,
  • Diminution de l’émission de gaz à effets de serre (GES) par l’agriculture et l’élevage,
  • Diminution de l’émission des GES par le système de santé (industries pharmaceutiques, transports …

Action économique et financière pour faciliter les investissements nécessaires à ces actions.

Action politique pour résister aux actions de lobbying des industries productrices de gaz à effets de serre. Il faut aussi développer les actions d’éducation et de sensibilisation des populations aux limitations de gaspillage d’énergie, à une alimentation saine, à une innovation dans l’industrie et l’agriculture pour limiter le plus possible le réchauffement climatique et ses effets.

A jeudi prochain et d’ici là portez-vous bien !

Jean Lefèvre, cardiologue et porte-parole de l’ASEF