Le débrief de l'ASEF du 20 avril 2017

Bonjour à tous !

Cette semaine nous avons reçu nos belles affiches pour la soirée Bio-Maman organisée le jeudi 8 juin au château de la Pioline à Aix-en-Provence. A l’occasion de cette soirée, vous pourrez rencontrer des professionnels de santé et des fabricants pour échanger autour de la problématique des perturbateurs endocriniens pendant la grossesse. Suite à ces échanges, le public sera invité à discuter avec les partenaires de la soirée autour d’un cocktail élaboré par le chef étoilé Pierre Reboul. Vous pouvez encore vous inscrire en ligne pour y participer ; attention le nombre de places est limité.

Et puisqu’on parle de santé chez la femme enceinte…

Le tabac autour de la grossesse : de nouvelles données.

Risque de fausse-couche, de naissance prématurée, retard de croissance, possibilité d’asthme plus tard chez l’enfant… Ça n’a rien d’une découverte, on connaît depuis longtemps l’effet du tabac sur le fœtus. Cependant, près de 20% des femmes enceintes fument pendant leur grossesse. Les conseils en la matière peuvent varier : certains spécialistes prônent l’arrêt complet du tabac pendant cette période, alors que d’autres s’alarment sur les risques de stress et conseillent plutôt la diminution du nombre de cigarettes.

Une nouvelle étude parue cette semaine (1) et conduite sur 371 femmes enceintes et fumeuses apporte de nouvelles données sur les relations dose-effet des cigarettes sur le poids de naissance des bébés. Effectuée sur différents groupes de patientes selon le nombre de cigarettes fumées quotidiennement, cette étude conclut qu’à partir de 10 cigarettes par jour, les bébés pèsent en moyenne 260g de moins à la naissance que ceux nés de mères non-fumeuses. Lorsque la mère fume entre 5 et 9 cigarettes par jour, cette différence est portée à 250g alors qu’à moins de 5 cigarettes par jour, elle est de 230g. Si la corrélation entre tabagisme et réduction du poids de naissance est très nette, les résultats lors d’une faible consommation de tabac montrent que les cigarettes représentent une très grande toxicité pour le nouveau-né en terme de poids de naissance. Les auteurs de l’étude conseillent donc de stopper totalement le tabac plutôt que de simplement diminuer la quantité de cigarettes fumées quotidiennement.

Des nanoparticules dans notre alimentation

Vous avez craqué sur le chocolat à l’occasion du week-end de Pâques ? Nous aussi… et à cette occasion, nous pouvons parler gourmandise, et plus précisément d’un colorant alimentaire appelé E171 en Europe. C’est un colorant blanc que l’on retrouve dans de nombreux produits, y compris… les chocolats. Le E171, c’est en fait à du dioxyde de titane, et il est composé à 39% de nanoparticules (c’est-à-dire de particules mesurant entre 1 et 100 nm). Notons que du fait de cette composition, l’Union Européenne ne considère pas le E171 comme un nanomatériau puisqu’elle définit celui-ci comme contenant 50% ou plus de nanoparticules.

Mais pourquoi parler de ce colorant ? Pour comprendre, revenons un peu en arrière. L’effet des nanoparticules sur la santé est étudié depuis plusieurs années, mais ce n’est qu’en 2006 que le Centre International de Recherche Contre le Cancer (CIRC) a classé le dioxyde de titane dans la liste des substances possiblement cancérigènes chez l’homme. En mai 2015, c’est l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation (ANSES) qui a proposé de le classer comme substance supposément cancérigène par voie pulmonaire. Cette proposition a fait suite à une étude montrant l’apparition de tumeurs pulmonaires chez le rat après inhalation de dioxyde de titane. La décision de l’Agence Européenne des Produits Chimiques (ECHA) sur ce classement n’a pas encore été communiquée et est attendue au cours de l’année.

Ces études concernent surtout les professionnels exposés au dioxyde de titane. Mais en attendant, concernant son utilisation en tant que colorant alimentaire, où en est-on ? En 2016, l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) a conclu à une absence de risque sanitaire pour les consommateurs à cause des faibles niveaux d’exposition. De plus, il semble que le dioxyde de titane ne soit que faiblement absorbé par la muqueuse gastro-intestinale lors de sa prise orale.

Cependant cette année, une nouvelle étude menée à l’INRA (2) a montré que l’absorption orale de E171 chez le rat affectait le fonctionnement de l’intestin ; parmi les effets, on retrouve notamment une inflammation de la paroi intestinale, et des changements dans le système immunitaire. Ces effets semblent notamment susceptibles d’entraîner l’apparition de lésions précancéreuses au niveau du colon.

A la suite de ces résultats, l’ANSES vient juste de publier un communiqué dans lequel elle recommande de limiter l’exposition des consommateurs, des salariés et de l’environnement en favorisant des produits dépourvus de nanomatériaux et de même efficacité. S’il est évident que se pose la question du bénéfice de l’ajout de ce produit dans l’alimentation compte tenu de ses effets potentiels sur la santé, l’ANSES ajoute que ces résultats ne permettent pas de conclure sur les effets du dioxyde de titane.

D’autres études sont en cours pour étudier la toxicité potentielle du E171, notamment concernant son passage à travers la barrière hémato-encéphalique et donc son effet possible sur le cerveau.

En attendant, pour ceux qui souhaiteraient éviter les nanomatériaux dans leur alimentation, un arrêté ministériel devrait prochainement permettre l’étiquetage des nanomatériaux dans les produits alimentaires.

Bibliographie

  • «Cigarette smoking during pregnancy : do complete abstinence and low level cigarette smoking have similar impact on birth weight?»
    Berlin et al., avril 2017, Nicotine and Tobacco Research
  • «Food-grade TiO2 impairs intestinal and systemic immune homeostasis initiates preneoplastic lesions and promotes aberrant crypt development in the rat colon»
    Bettini et al., avril 2017, Scientific reports

A jeudi prochain et d’ici là portez-vous bien !

Le Club des 11 de l’ASEF

Si cet article vous a intéressé, vous aimerez probablement :