Perturbateurs endocriniens : une bombe à retardement pour nos enfants - Isabelle Doumenc

  • Isabelle Doumenc, Naturopathe et membre de l'ASEF

  • Une du livre "Perturbateurs endocriniens. Une bombe à retardement pour nos enfants" par Isabelle Doumenc

Naturopathe et membre de l’ASEF, Isabelle Doumenc a publié en février 2017 un ouvrage qui alerte sur des substances qui font désormais la une des problématiques de santé : les perturbateurs endocriniens (PE). « Perturbateurs endocriniens : une bombe à retardement pour nos enfants. » est un guide qui éclaire sur la particularité des PE à agir sur notre santé, en proposant des conseils pratiques pour les chasser de notre quotidien ! Un indispensable à avoir dans sa bibliothèque.

L’ASEF : Pourquoi avoir décidé de vous lancer dans l’écriture de ce livre sur le sujet très débattu des perturbateurs endocriniens ?

Isabelle Doumenc : « J’ai toujours eu le souhait de concilier mes deux métiers : le journalisme et la naturopathie. Il me paraissait intéressant de réunir ces deux compétences pour écrire un livre sur un sujet particulièrement préoccupant : les perturbateurs endocriniens. Ces substances, on en a tous déjà entendu parler. Elles sont devenues omniprésentes dans notre quotidien : dans l’alimentation, les cosmétiques, l’ameublement… Et pourtant, elles n’ont pas bonne réputation, puisqu’elles seraient susceptibles de nous rendre malade, nous et nos enfants. Le travail de prévention est donc crucial, surtout auprès des populations les plus sensibles, telles que les femmes enceintes et les enfants. Il existe aujourd’hui de nombreux ateliers d’information pour que les futures mamans puissent être en mesure d’adopter les bons gestes santé lors de leur grossesse. Mais il est vrai que la plupart d’entre elles tombent des nues quand elles mesurent l’ampleur des substances à risque dans leur quotidien. Elles n’ont souvent pas conscience que l’air qu’elle respire, que les cosmétiques qu’elles utilisent ou que les aliments qu’elles mangent peuvent renfermer des composés nocifs pour le bon développement de leur bébé. C’est pour ça que je me suis lancée dans l’écriture de ce guide. Pour aider les femmes enceintes à identifier les produits dangereux, et leur donner des solutions concrètes pour vivre sainement et sereinement leur grossesse. Car c’est aussi une période où de nombreuses femmes se disent prêtent à opter pour le changement ! »

En tant que naturopathe, de nombreuses femmes enceintes viennent consulter à votre cabinet. Que faites-vous pour les sensibiliser aux problématiques des perturbateurs endocriniens ?

« Dès que j’ai une patiente qui est en projet de bébé, je lui donne de la documentation, comme les Petits guides santé de la bio-femme enceinte et du bio-bébé rédigés par l’ASEF, ou les livrets réalisés par WECF. C’est vrai que certaines femmes ne prennent rendez-vous que pour ca ! Ça prouve bien que ces préoccupations sont de plus en plus prises en compte par les nouvelles générations et particulièrement les futurs parents. Et ça n’est pas à négliger. Au contraire, en tant que professionnel de santé, c’est à nous de leur donner les informations nécessaires pour qu’ils puissent être en mesure de protéger leur enfant des perturbateurs endocriniens, et plus globalement des polluants présents dans l’environnement. Et il ne s’agit pas uniquement de sensibiliser les femmes enceintes, les futurs papas ont eux aussi leur rôle à jouer dans la prévention. »

Et concrètement, quels sont vos conseils pour vivre une grossesse « sans polluant » ?

« Tout d’abord, j’apprends aux futurs mamans à repérer les dangers potentiels afin qu’elles puissent les éviter au maximum. Dans la salle de bain par exemple, la première des choses à faire est de changer sa crème hydratante. Appliquée quotidiennement, elle représente une grande fenêtre d’exposition aux polluants si elle contient des substances néfastes comme les parabènes. Il est donc important d’opter pour des cosmétiques plus sains, en se référant notamment aux écolabels, tel que Nature et Progrès. Il en va de même pour les crèmes anti-vergetures, il faut privilégier les produits les plus naturels possible comme l’huile d’amande douce bio.

Dans la chambre à coucher, la règle de base est d’aérer tous les jours au moins 15 minutes et d’utiliser des produits ménagers respectueux. Pour le mobilier, comme pour les vêtements pour bébé, je conseille toujours de choisir des pièces d’occasion, qui auront eu le temps de se « dépolluer ». Les économies réalisées vous permettront d’acheter en bio, protecteur vis à vis de ces pollutions, crèmes de soins et couches pour bébé. Et évidemment si on doit repeindre la chambre de bébé, il est préférable que le futur papa s’en occupe, et de bien aérer la pièce pendant et après les travaux.

Dernier point essentiel : l’alimentation. Même si c’est un vrai casse-tête pour certains, j’explique à mes patients qu’on maîtrise ce qu’on mange en achetant des produits bruts. Le tout prêt industriel ne doit plus faire partie des placards ! Ici, c’est surtout une question d’organisation. Mais il est tout à fait possible de concocter de bons plats simples avec des produits frais. On peut aussi congeler des plats maisons, qu’il ne restera plus qu’à réchauffer, dans du verre bien sûr. »

On a bien compris qu’il existe plein de solutions pour limiter notre exposition aux perturbateurs endocriniens. Mais une fois les substances nocives ingérées, notre organisme est-il capable de se « dépolluer » lui-même ?

«  Bien sûr, notre corps est en mesure de se détoxifier ! Mais certaines substances sont malheureusement très persistantes dans l’organisme. C’est le cas des PCB, qui se stockent dans les graisses, et qui sont très nocifs. Pour que le corps puisse les éliminer, il faut que les portes de sortie fonctionnent très bien : urines, selles et transpiration. L’idéal est de se « détoxifier », c’est-à-dire de stimuler ces voies d’élimination du corps, en amont de la grossesse, et surtout pas pendant, sinon c’est le bébé qui devient la porte de sortie. A savoir que le foie est le centre antipoison de notre corps. Il faut donc l’aider à se régénérer pour lui permettre de bien faire son travail de détox. Pour ça, il est essentiel d’améliorer son hygiène de vie par une réorganisation de son alimentation. »