7 février 2020

"L'EAU QUI PIQUE" ou comment la biodiversité peut nous protéger des moustiques- Episode 1

 

Gilles PIPIEN, Administrateur Humanité et Biodiversité

À l’occasion de la Journée mondiale des zones humides (2 février) dont le thème
pour l’année 2020 met à l’honneur la biodiversité, Gilles Pipien vous conte
l’histoire des humains et des moustiques à travers un récit palpitant et riche en
rebondissements. Plongez dans l’univers des zones humides, découvrez leurs
intérêts écologiques et que l’envie d’apprendre soit avec vous !

Episode 1: La « menace » des zones humides

 

Marécages, marais, paluds, mares putrides, ou « mare au diable », et autres territoires de « mala aria », furent longtemps combattus, avant de se voir dotés du joli surnom technocratique de « zones humides », faisant l’objet désormais d’une protection internationale dans le cadre de la convention de Ramsar de 1971 [1], promue notamment par Luc Hoffmann, si engagé pour protéger la Camargue [2]. Ces espaces brumeux, fangeux, avaient la réputation de générer maladies et mauvaises « humeurs », quand ils ne servaient pas de repères aux brigands. Très tôt et, avec une accélération au Moyen Âge, avec l’action vigoureuse de monastères, tout fut tenté pour les faire disparaître, les assainir, les drainer, les mettre en valeur, y compris pour y construire (comme le célèbre quartier du Marais à Paris). Encore, au début du XXème siècle, on peut citer de nombreuses interventions publiques ou privées, comme la compagnie d’aménagement de la Crau (entre Camargue et Alpilles).

Dans les années 1960, à l’heure de l’aménagement du territoire et de la volonté de développer le tourisme, le combat a été particulièrement rude par exemple en Languedoc-Roussillon, en accompagnement de la célèbre mission « Racine ». Et, si des étangs étaient trop importants et trop difficiles à supprimer, alors il fallut s’attaquer à la pire des nuisances : le moustique qui vous pique à la vesprée, quand vous envisagez de siroter l’anisette. Rien de plus agaçant, et de plus repoussant pour le touriste, si recherché. On eut ainsi recours à la loi [3] pour organiser la guerre : la lutte contre les nuisances liées aux proliférations de moustiques a été ainsi confiée aux conseils départementaux, qui se sont vite regroupés en « ententes interdépartementales pour la démoustication » (EID) [4].

Remerciements à Mylène Weil, université de Montpellier, Marion Wittecoq, Tour du Valat et aux spécialistes EID Méditerranée et Jean-Michel Berenger

Zone humide temporaire ©EID Méditerranée - Dominique Gindre

Sources

[1] https://www.ramsar.org/fr/a-propos/la-convention-de-ramsar-et-sa-mission
[2]Notamment via sa fondation de la Tour du Valat : https://tourduvalat.org/
[3] Loi du 16 décembre 1964 relative au régime et à la répartition des eaux et à la lutte contre leur pollution (https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=LEGITEXT000006068236)
[4]Pour le littoral méditerranéen, voir : http://www.eid-med.org/