Le débrief de l'ASEF du 11 mai 2017

Bonjour à tous !

Cette semaine la préparation de notre soirée Bio-maman bat son plein!! Nous espérons que cet évènement saura vous apporter réponses et informations sur les effets des perturbateurs endocriniens pendant la grossesse et comment les éviter au mieux!

Et sinon, quelles sont les nouveautés de la semaine dans notre domaine santé/environnement ?

L’amiante, un nouvel échec

Aujourd’hui, parlons amiante. Mais pourquoi évoquer encore cette substance aujourd’hui alors que la dangerosité de ce minéral, dont la découverte a conduit au «scandale de l’amiante», date des années 1970 ? Pour comprendre revenons un peu en arrière.

L’amiante est un minéral qui peut être classé en deux catégories, la chrysotile (amiante blanc) et la crocidolite (groupe des amphiboles ou amiante bleu). Il est connu et utilisé depuis plus de 2000 ans, mais son usage s’est particulièrement développé lors de la révolution industrielle du XIXe siècle à cause de sa résistance à la chaleur, au feu, à la tension et aux agressions chimiques. Il a ainsi été incorporé dans des ciments, des colles, des peintures, de l’asphalte ou des installations électriques. Mais ce matériau est également très toxique et responsable de pathologies pulmonaires (fibrose pulmonaire ou asbestose, cancers bronchiques…). D’ailleurs cette toxicité était déjà connue pendant l’Antiquité ! Il a néanmoins fallu attendre les années 1980 et 1990 pour que l’utilisation de l’amiante soit interdite dans de nombreux pays (1997 en France). En 2010, l’Institut National de Santé et Sécurité au Travail (INRS) déclare que «l’amiante, encore présent dans de nombreux bâtiments et équipements, représente aujourd’hui la deuxième cause de maladies professionnelles et la première cause de décès liés au travail».

Mais alors pourquoi en reparler encore maintenant ? Tout simplement parce que la semaine dernière a eu lieu la Convention de Rotterdam, un traité des Nations Unies qui exige que les produits dangereux inscrits à la Convention (annexe III) soient uniquement commercés avec l’information et le consentement préalables des importateurs.

L’amiante chrysotile est proposée depuis 2006 pour être inscrite sur la liste de ces substances dangereuses, mais cette proposition qui exige l’unanimité a jusqu’ici toujours été bloquée. La dernière conférence n’a malheureusement pas fait exception à la règle puisque le 3 mai 2017, quelques pays (notamment l’Inde, le Kazakhstan, la Russie, la Syrie, le Zimbabwe et le Kirghizistan) ont à nouveau utilisé leur veto. Ces pays ont des intérêts commerciaux dans la poursuite de l’utilisation de l’amiante. La Russie demande même le retrait de l’amiante chrysotile de la liste des substances proposées, une initiative non autorisée aux termes de la Convention. L’amiante chrysotile répond pourtant à l’ensemble des critères scientifiques requis pour son inscription sur la liste. Certains pays africains ont demandé une modification des textes pour qu’une majorité de 75% suffise pour l’inscription ; l’examen de cette demande est en cours mais exclut pour l’instant les groupes de travailleurs de la décision.

Malgré toute sa dangerosité, l’amiante reste donc pour l’instant un produit importable et exportable sans restriction.

Le mercure et l’Union Européenne

En parallèle de la conférence de Rotterdam, l’Union Européenne a pris de nouvelles dispositions concernant le mercure, un composé utilisé notamment en tant que fongicide et bactéricide, dans les amalgames dentaires, et certaines piles et lampes.

Le 25 avril 2017, le Conseil des ministres de l’Union Européenne a en effet adopté définitivement un nouveau règlement visant à limiter l’impact environnemental et sanitaire engendré par les activités et procédés liés au mercure. Le mercure est en effet une substance neurotoxique, néphrotoxique, immunotoxique, génotoxique et perturbateur endocrinien (1). Ce nouveau règlement vise à aligner le droit européen sur la Convention Internationale de Minamata (octobre 2013) et a pour objectif de protéger la santé humaine et l’environnement contre les rejets anthropiques de mercure et de ses composés.

Le règlement interdisait l’importation du mercure lorsqu’il est destiné à l’extraction minière artisanale et d’or du minerai. A partir de janvier 2018, l’exportation du mercure métallique sera également interdite. Le texte prévoit également l’interdiction progressive de l’exportation, de l’importation et de la fabrication de plusieurs produits contenant du mercure ajouté, par exemple les lampes fluorescentes, les piles, les pesticides, les biocides et les antiseptiques locaux. Le règlement bannit également l’utilisation du mercure ou de ses composés dans les procédés de fabrication comme catalyseur et comme électrode.

Enfin, à partir de juillet 2018, les amalgames dentaires contenant du mercure seront interdits pour le traitement des dents de lait, chez les moins de 15 ans et chez les femmes enceintes ou allaitantes, avec des exceptions possibles si nécessaires (2).

Bibliographie

  • Mercure, fiche INERIS, février 2017
  • Résolution législative du Parlement européen du 14 mars 2017 sur la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil relatif au mercure et abrogeant le règlement (CE) nº 1102/2008

A jeudi prochain et d’ici là portez-vous bien !

Le Club des 11 de l’ASEF

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